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Espagne. Six mois après les inondations, la région de Valence reprend son souffle sans que la colère ne faiblisse 

Six mois après les inondations du mardi 29 octobre 2024 qui avaient fait 239 morts, la région de Valence en Espagne se reconstruit peu à peu. Les habitants se réorganisent au quotidien, ce qui ne chasse pas pour autant la colère quant à la gestion des événements par les autorités.

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6 mois après les inondations meurtrières à Valence, quel est le bilan ? @Mathieu Militis, Pixabay
6 mois après les inondations meurtrières à Valence, quel est le bilan ? @Mathieu Militis, Pixabay

Voilà déjà six mois que la vie des habitants de Valence, en Espagne, a basculé suite aux violentes inondations survenues le mardi 29 octobre 2024 en fin de journée. Une soirée d’horreur qui avait causé la mort de 239 personnes et plusieurs milliards d’euros de dégâts. Depuis, le quotidien a repris peu à peu et la reconstruction se poursuit. Lou Clément et Alonso Alcázar Pérez, deux étudiants résidant dans la région de Valence qui avaient témoigné une première fois au lendemain du sinistre, ont accepté d’évoquer l’évolution de la situation.

Six mois plus tard, la région de Valence reprend doucement son souffle

La situation est stabilisée et les habitants commencent à retrouver un équilibre dans la vie quotidienne mais la situation reste compliquée sur les sites touchés. “L’accès à certains endroits reste difficile”, assure Alonso Alcázar Pérez. Les réparations dans les maisons ont avancé mais l’accès aux villages concernés est toujours délicat. “Il y a des personnes qui ne peuvent plus accéder aux transports en commun aussi facilement qu’avant. Il leur faut donc plus de temps pour se rendre à l’université ou au travail”, reprend l’étudiant de 20 ans en ingénierie mécanique. 

Les fonds des rivières, eux, n’ont pas encore été tous dragués. Il y reste encore de nombreux branchages amenés par la tempête. 

Des universités ont quant à elles organisé des collectes pour permettre aux étudiants sinistrés de récupérer le matériel nécessaire à leurs études. 

Par contre, concernant les commerces, nombre d’entre eux ont été contraints de fermer leurs portes “Il y avait trop de dégâts pour que les réparations soient rentables”, rapporte ensuite  Alonso Alcázar Pérez. Parfois, la fragilisation des murs porteurs ou des fondations a aussi rendu leur réouverture trop dangereuse. 

Le fonctionnement aléatoire des transports

Le trafic des transports en commun reste très affecté. “Avant les inondations, les métros et les bus étaient toujours à l’heure. Maintenant, ils ont souvent du retard, et leur passage est parfois annulé sans prévenir”, déplore Lou Clément, l’étudiante en dentaire de 20 ans. 

Les personnes habitant les zones sinistrées ayant perdu leur véhicule sont souvent contraintes d’utiliser les transports en commun pour se rendre au travail. L’arrêt de bus ou de métro, en service, le plus proche se trouve parfois à plusieurs dizaines de kilomètres. Beaucoup utilisent donc un vélo ou une trottinette pour s’y rendre. 

Seulement, une nouvelle règle actée peu de temps après les inondations interdit les vélos ainsi que les trottinettes, notamment électriques, dans les transports. “Je pense que les autorités ont fait ce choix pour permettre à un maximum de personnes de rentrer dans une même rame ou un même bus. Après les inondations, il y avait beaucoup plus de monde dans les transports. Mais ce n’est pas très juste car cela pénalise ceux qui ont potentiellement déjà été le plus touchés”, reprend Lou Clément. Laisser son vélo garé à la station peut être compliqué, et pour une trottinette ça l’est encore plus car le risque de vol est élevé.

Des aménagements routiers de substitution

De son côté, Lou Clément peut utiliser sa voiture pour se rendre en cours, ce qui lui permet d’être moins impactée par ces problèmes liés aux transports en commun. La circulation sur les routes est rétablie, mais avec beaucoup de déviations car il reste encore de nombreux travaux. 

Un pont de substitution a également été mis en place dans les deux mois qui ont suivi les inondations en attendant la reconstruction de celui de Riba Roja qui s’était effondré. “Sauf que ce pont n’est constitué que d’une seule voie, les voitures peuvent donc l’emprunter mais en circulation alternée, ce qui engendre de nombreux retards”, rapporte Lou Clément.

Cette contrainte se répercute jusque sur les livraisons. “Il y a quelques semaines, ma maman a été contrainte d’aller retirer un colis sur un point de livraison alors qu’il aurait dû arriver chez nous. La société a justifié ce changement en expliquant que la circulation au niveau de ce pont était trop complexe”, complète-elle.

La colère demeure

Le temps passé n’a rien effacé à la colère des Valenciennes et Valenciens. Dans les mois qui ont suivi la catastrophe, plusieurs manifestations ont été organisées pour dénoncer la gestion du sinistre par les autorités. En décembre 2024, l’une d’entre elles avait réuni près de 80 000 personnes (source : Le Monde). La démission de Carlos Mazon, président de la Région depuis 2023, figurait sur la liste des revendications. Une demande réitérée en février 2025, lors d’une autre manifestation qui comptait, cette fois-ci, pas moins de 25 000 participants (source: La Tribune de Genève). Si ce dernier est toujours en poste, il semble depuis limiter ses apparitions. “Je pense qu’il ne veut pas se confronter au public”, estime Alonso Alcázar Pérez.

Un traumatisme collectif

Même si la reconstruction se poursuit, les événements du mardi 29 octobre 2024 restent dans toutes les mémoires. Les épisodes de fortes pluies sont redoutés de tous les habitants. Dès qu’ils sont annoncés, ils sont immédiatement pris au sérieux. “Maintenant, les gens restent chez eux dès qu’ils surviennent”, explique Alonso Alcázar Pérez. 

Les activités extérieures sont également annulées plus rapidement. “Des événements comme des matchs de football amateur peuvent être interrompus ou reportés pour cause de mauvais temps. Tout cela n’était pas forcément le cas avant”, avance-t-il ensuite. Des réflexes durement acquis sur le lit de ce qui constitue un véritable traumatisme collectif. 

Des habitants se sont aussi équipés en conséquence. “Mes parents ont acheté un outil qui permet de casser une vitre ou de couper une ceinture de sécurité”, témoigne l’étudiant en ingénierie mécanique. Un outil dont l’acquisition est directement liée aux événements d’octobre 2024. “Beaucoup de personnes sont mortes après s’être retrouvées coincées dans leur voiture”, complète-t-il. 

A ce stade, la question d’une éventuelle commémoration pour l’anniversaire du drame n’a pas encore été évoquée. “Je pense qu’il devrait y en avoir une, ou du moins je l’espère”, conclut Alonso Alcázar Pérez.

Pour retrouver le premier article de CSactu sur les inondations du 29 octobre 2024 c’est par ici :

https://www.csactu.fr/inondations-en-espagne-la-region-de-valence-plongee-dans-le-chaos/

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