Le mardi 10 juin, lors du deuxième jour de la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC-3) à Nice, 96 pays ont signé un appel en faveur de la création concrète d’un traité mondial contre la pollution plastique. Selon l’ONU, « 37 millions de tonnes de plastique pourraient se déverser chaque année dans l’océan d’ici 2040 ».
En quoi consiste-t-il ?
Cette déclaration, faisant suite à pas moins de 5 sessions de négociations est un réel signal aux autres pays qui n’en font toujours pas partie, tels que les Etats-Unis ou la Chine. Le traité « permettrait pour la première fois d’encadrer l’ensemble du cycle de vie des plastiques. » (ONU)
D’après le Ministère de la Transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche, cet objectif se diviserait en 5 parties :
- « S’engager en faveur d’un traité efficace et ambitieux qui peut évoluer dans le temps et réagir aux changements des preuves et connaissances émergentes. »
- Appeler à l’adoption d’un objectif mondial de réduction de la production et de la consommation de polymères plastiques primaires ;
- Mettre en place une obligation juridiquement contraignante pour éliminer progressivement les produits plastiques les plus problématiques et les substances chimiques préoccupantes, en soutenant l’élaboration d’une liste mondiale de ces produits et substances ;
- Améliorer, par une obligation contraignante, la conception des produits plastiques et s’assurer d’un impact environnemental minimal et qui protège la santé humaine;
- Se doter d’un mécanisme financier à la hauteur de l’ambition du traité et soutenant sa mise en œuvre efficace. »
Sa progression
Les précédentes réunions initiées à partir de décembre 2022 n’avaient pas abouties (Uruguay, France, Kenya, Canada, et Corée du Sud). Celle de Busan en décembre dernier avait néanmoins fait avancer les choses mais échouée à produire un traité concret. Cependant, les délégués avaient pu écrire une version préalable de 22 pages.
Mme Mathur-Filipp, travaillant au secrétariat exécutif du comité, partage : « Ce texte comprend 32 ou 33 articles nommés, ce qui permet aux pays de commencer à visualiser ce que sera le traité […] Ils ont commencé à négocier en se référant aux numéros des articles… C’est pourquoi j’ai bon espoir que nous puissions conclure ».
Aujourd’hui, c’est le rendez-vous à Genève qui est grandement attendu. Du 5 au 14 août, la reprise des négociations aura pour but de décider d’un accord contraignant sur le plastique.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, déclare : « Sans ambiguïté, et comme plus d’une centaine de pays l’avaient déjà martelé à Busan en décembre dernier, nous réitérons l’urgence d’agir, en agissant à la source du problème, pour réduire notre production et notre consommation de plastiques, et en proposant des solutions concrètes pour le faire. »
Une urgence pour l’environnement et pour la santé humaine
D’après les données du Ministère, approximativement 460 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année, et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2060 si aucune mesure n’est prise. Concernant l’océan, c’est 80% des déchets aquatiques qui proviendraient du plastique, d’après le baromètre de l’océan Starfish. Ceux-ci se retrouvent sous forme de microplastique dans des nappes d’eau, des aliments mais aussi le corps humain.
Face à cette situation alarmante, les presque 100 pays ayant lancé l’appel à Nice espèrent enfin pouvoir combattre cette montée exponentielle de l’utilisation du plastique depuis plusieurs années grâce à des mesures concrètes, actées par un traité mondial.