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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Baselitz : rétrospective d’un artiste prolifique

Picture of Mona Poulain

Mona Poulain

Retour sur l'exposition temporaire consacrée à l'œuvre de Georg Baselitz proposée jusqu’en mars 2022 au Centre Pompidou.

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Die Mädchen von Olmo II (Les filles d'Olmo II), 1981, huile sur toile

“Je suis né dans un ordre détruit, un paysage détruit, un peuple détruit, une société détruite. Et je n’ai pas voulu réinstaurer un ordre ; j’avais vu assez de soi-disant ordre. J’ai été contraint de tout remettre en question, d’être “naïf”, de repartir de zéro. (…)”. Ainsi est accueilli le visiteur au début de l’exposition. Le ton est donné, la suite annoncée : nous avons affaire à un artiste qui questionne, bouscule et réinvente sans cesse son art et sa vision du monde. Cette rétrospective exhaustive réalisée en collaboration avec l’artiste se découpe en plusieurs salles qui permettent d’admirer l’étendue mais surtout l’évolution de son œuvre. En éternel insatisfait, Baselitz a toute sa vie créé, produit, cherché. La variété des méthodes picturales et des styles employés a de quoi impressionner. Des peintures, des dessins, des gravures ou encore des sculptures ; il veut tout voir, tout tenter, pour tout remettre en question. 

Un artiste qui a un éclot dans un contexte sombre

Né en 1938 sous le IIIe Reich, Hans-Georg Kern prend le pseudonyme de Georg Baselitz (en hommage au village de son enfance) en 1961, dans une Allemagne déchirée par la construction du mur de Berlin. Ce contexte politique tendu sera le ferment de ses premières créations : il tente de traduire en peinture le puissant mal-être d’une Allemagne souillée par son passé, épuisée par son présent. Sa première exposition personnelle en 1963 fait d’ailleurs un véritable scandale, largement médiatisée pour “outrage public aux bonnes mœurs” : il y présente des hommes déformés, décharnés avec des sexes démesurés. Son image d’artiste insolent et provocateur est alors formée et ne se défera jamais totalement. 

Une vision périphérique des différentes “périodes” de l’artiste

La grande richesse de cette rétrospective vient surtout de la possibilité d’admirer l’ensemble des styles que Baselitz a adopté. Soucieux de retranscrire ses idées en faisant référence à ses modèles, l’artiste valse à travers les années entre abstraction et figuration, noirceur et allégresse, représentations enfantines simplifiées ou à l’inverse fidèles et détaillées. De salle en salle et de manière chronologique, on suit le cheminement stylistique et chromatique de Baselitz dans une exposition immersive de ses héros déchus à ses images fracturées, puis renversées. Sa volonté de casser les codes de la représentation figurative, mais également de l’intérêt porté au sujet émergent de plus en plus avec les années : “je me suis mis à peindre des choses dénuées de signification. (…) Mais je ne les ai jamais peintes d’après nature, je les ai réinventées, disposées de façon inhabituelle dans le tableau.” L’artiste questionne donc toujours son temps, mais jamais de la même façon.

…Et maintenant ?

A l’âge de 83 ans, Baselitz produit toujours, peignant environ 3 à 4 heures par jour. A partir de 2015, il se consacre au thème du temps qui passe et de ce qu’il provoque chez nous, tant dans nos souvenirs que dans nos altérations physiques. Ainsi, il peint en de grandes toiles des personnages aux corps âgés, frêles, à la peau fragile et aux contours incertains. Il replace ensuite ces motifs dans des autoportraits gigantesques qui, tels de somptueux memento mori, apaisent les plus fatalistes d’entre nous : “L’âge ne nous tombe pas dessus, on a beaucoup de temps pour s’y préparer. Vieillissant moi-même, je m’efforce de considérer cela non comme une décroissance, mais comme une croissance”. 

A l’image d’une vie, son œuvre riche et complexe nous transporte le temps d’une exposition dans une scénographie muséale juste et équilibrée. En un mot : allez-y !

1 comment
  1. Evolution “chromatique” oui, c’est la couleur qui m’a le plus impressionné, l’impact, la joie à produire dans la couleur. D’accord aussi sur l’importance des dernières toiles, je n’avais jamais vu la vieillesse représenté de façon si claire et si mystérieuse à la fois.
    Merci pour l’article où je retrouve bien l’exposition que j’ai vue.

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