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Chocs, commotions, décès : le rugby moderne est-il devenu trop dangereux ?

Le rugby est un sport de contact intense, où les collisions font partie intégrante du jeu. Mais jusqu’où peut-on repousser les limites du physique sans mettre en danger la santé des joueurs ? Ce samedi 15 mars, lors d’un match de cadets en Régional 2 opposant le RAS Provence Verte au RAS Cismonte, Nicolas Haddad, 15 ans, a perdu la vie après un plaquage. Ce drame relance le débat sur la sécurité dans le rugby, un sujet de plus en plus préoccupant face à la multiplication des accidents graves.

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Oyonnax vs. Grenoble, 19th September 2014 (source : Fanny Schertzer, CC BY 3.0 , via Wikimedia Commons)

Des accidents de plus en plus grave touchant les adultes mais aussi les plus jeunes

Depuis toujours, le rugby est surveillé pour sa gestion des blessures, en particulier des traumatismes crâniens. Mais malgré les efforts des instances, des drames continuent de frapper, touchant aussi bien les jeunes joueurs que les professionnels.

En France, la protection des joueurs est un enjeu majeur dès les premières catégories. Pourtant, chaque week-end, des chocs violents, des commotions et parfois des décès viennent rappeler les dangers de ce sport. Les espoirs, antichambre du Top 14, sont souvent décrits comme un niveau extrêmement exigeant physiquement. En décembre 2018, Nicolas Chauvin, espoir du Stade Français, est décédé d’un arrêt cardiaque après un plaquage. Il avait 19 ans.

Au plus haut niveau, les décès sont rares, mais les commotions répétées laissent des séquelles irréversibles. Bernard Le Roux, ancien international français et deuxième ligne du Racing 92, a été contraint d’arrêter sa carrière après une commotion cérébrale sévère contre le LOU en Top 14. Alexandre Lapandry, troisième ligne de Clermont, a lui aussi été contraint à la retraite prématurée après avoir subi de multiples traumatismes crâniens.

Un phénomène qui dépasse les frontières françaises

Ces accidents ne s’arrêtent pas seulement à la frontière française, en effet ils sont présents dans l’ensemble des pays qui pratiquent le rugby. C’est en Australie que l’on a découvert une complication rare mais particulièrement grave de la commotion cérébrale : le syndrome du second impact. Ce phénomène survient principalement chez les jeunes âgés de 14 à 18 ans lorsqu’un athlète subit une nouvelle commotion avant d’avoir totalement récupéré de la précédente. Les conséquences sont souvent dramatiques, puisque plus de la moitié des sportifs touchés par ce syndrome en décèdent.

Au niveau international, le rugby professionnel a vu émerger de nombreux cas de joueurs souffrant de séquelles à long terme. L’exemple le plus marquant est celui de Steve Thompson, ancien talonneur champion du monde avec l’Angleterre en 2003. Aujourd’hui atteint de démence précoce et d’encéphalopathie traumatique chronique à cause des chocs répétés, il ne se souvient même plus de sa finale de Coupe du Monde. Il a intenté une action en justice contre les instances du rugby, les accusant de ne pas avoir suffisamment protégé les joueurs contre les commotions répétées.

Ces cas tragiques illustrent l’urgence de renforcer les protocoles médicaux et de mieux protéger les joueurs, à tous les niveaux de compétition.

Face aux risques, comment les instances régulent elles le rugby ?

Si le risque zéro n’existe pas, les instances nationales et internationales multiplient les initiatives pour renforcer la sécurité des joueurs et minimiser les accidents graves. Au niveau national, la formation des éducateurs en écoles de rugby (de 4 à 14 ans) a été renforcée et encadrée de manière plus stricte. L’apprentissage des bonnes pratiques est devenu un enjeu majeur pour inculquer dès le plus jeune âge des gestes techniques sûrs et prévenir les comportements dangereux sur le terrain.

Dans le rugby amateur senior, plusieurs évolutions ont été mises en place pour limiter les impacts les plus dangereux. La hauteur maximale du plaquage a été abaissée du sternum aux hanches afin de réduire les contacts à la tête, et les plaquages à deux sont désormais interdits. Tout choc à la tête est systématiquement sanctionné d’un carton jaune au minimum, synonyme de 10 minutes d’exclusion temporaire, voire d’un carton rouge en cas de geste jugé dangereux. Les commotions cérébrales font l’objet d’un suivi médical renforcé. Grâce à des outils d’évaluation comme des questionnaires spécialisés et des protège-dents connectés capables de mesurer l’intensité des chocs subis, les staffs médicaux peuvent détecter plus rapidement les signes avant-coureurs d’une lésion cérébrale et prévenir les risques à long terme.

Le rugby reste un sport d’impact où l’engagement physique est une composante essentielle. Cependant, les efforts déployés pour améliorer la sécurité des joueurs témoignent d’une volonté claire des instances de faire évoluer ce sport sans le dénaturer. L’objectif est de préserver son intensité tout en réduisant les risques, afin qu’il ne soit plus perçu comme un sport dangereux, mais comme un sport maîtrisé et encadré.

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