Depuis plusieurs mois, Pékin enchaîne les sanctions économiques contre l’Australie. L’Australie qui bien que forte dépendante de son lien commercial avec Pékin a osé hausser la voix contre Pékin et en subit les conséquences.
Quand les relations sino-australiennes ont pris un tournant décisif
Dès 2018, Canberra décide d’écarter Huawei – entreprise chérie du Parti chinois, de son réseau 5G. Ensuite, Canberra a aussi reproché le comportement de Pékin vis-à-vis de la zone spécialement administrée, Hong Kong, pendant les révoltes pro-démocrate et pro-indépendantes. Et puis, le Premier ministre australien Scott Morrison a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’origine de la Covid-19 dès mai 2020.
Toutes ces mesures accumulées ont fini par mettre à mal les relations sino-australiennes : fin 2020, l’ambassade de Chine a remis un dossier aux médias australiens qui listaient 14 sujets de plaintes, celles allant d’accusation d’ingérences étrangères à des abus dans l’opposition à des projets d’investissements. Ce à quoi le Premier Ministre australien a répondu que Canberra décidait de “ses propres règles en fonction de son intérêt national” et qu’aucun compromis sur la manière dont ils élaborent leurs lois en matière d’investissements étrangers ou sur la manière dont ils construisent nos réseaux de télécommunications 5G ne sera fait.
Pékin de nouveau à l’attaque, sa nouvelle cible : Canberra
Loin de se dégonfler, Pékin a alors lancé son embargo économique sur l’Australie. Au cœur de ces sanctions, les produits agricoles et le secteur minier : le charbon, le bois, l’orge, le blé, le homard, le bœuf, l’agneau, le cuivre, le coton, la laine, le sucre, le vin et la bière. Deux mesures sont notables :
L’Australie est accusée de dumping sur son vin
Dès novembre, le gouvernement chinois a lancé une enquête d’antidumping. En matière commerciale, le dumping est le fait de vendre un produit dans un pays étranger à un prix moins élevé que dans son marché intérieur. Cela permet d’ouvrir des débouchés internationaux en éliminant la concurrence. Pendant l’enquête, Pékin a mis en place un blocage des vins australiens dans les ports chinois. Le 27 novembre, le Ministère du commerce de la République populaire de Chine a publié sa conclusion : les vins australiens ont été mis au dumping sur le marché chinois. La sanction ? Une surtaxe des vins australiens allant jusqu’à 212%.
Le blocage des importations de charbon australien
Alors que la Chine est le deuxième importateur de charbon australien et représente plus de 40 milliards de dollars annuels, Pékin a décrété que ce dernier était lié à des « problèmes environnementaux » et a interdit les bateaux australiens d’entrée aux ports chinois. BHP Group, géant producteur australien, a même reconnu que son activité liée au charbon avait été touchée par le conflit commercial.
Loin de se laisser abattre, Canberra a saisi l’Organisation Mondiale du Commerce en décembre 2020 concernant la taxe de 80% sur l’orge. Cependant nous n’attendons pas de suites immédiates et cette bataille commerciale risque de mettre à mal l’économie australienne : la Chine étant son principal client, 40% de ses exportations vont à l’Empire du milieu.
Ecrit par Florah Vicxamar
