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Égypte : une « nouvelle capitale administrative » sort peu à peu de terre

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Hugo Cazal

À côté de mes études à l'IEP de Lyon, je suis journaliste pour l'équipe sport et l'équipe politique chez CS Actu ! Étant un passionné de l'actualité en général, j'espère que je parviendrai à vous transmettre ma passion à travers mes articles !
La ville du Caire, capitale emblématique du pays des pharaons, pourrait bientôt changer de statut. En effet, à 45 kilomètres à l’Est de celle-ci, une nouvelle métropole est en train d’émerger, sur commande du Président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Prévue pour le 30 juin dernier, la date d’inauguration a été repoussée à cause de la pandémie. Désormais, le projet avance à vive allure, et une nouvelle date pourrait être proposée d’ici-peu.

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Photo du chantier de la nouvelle capitale administrative en mars 2021. Crédit photo : Ahmed Hasan pour l’AFP
Photo du chantier de la nouvelle capitale administrative en mars 2021. Crédit photo : Ahmed Hasan pour l’AFP
Pourquoi une nouvelle capitale ?

Le Président égyptien Al-Sissi n’a pas choisi de monter un tel projet par hasard. Il s’agit en effet du plus cher depuis son arrivée au pouvoir en 2014. 58 milliards de dollars, soit 46% de la dette étrangère égyptienne qui s’élevait à 125 milliards de dollars en 2020. C’est tout simplement colossal pour cette future capitale administrative.

D’après les promesses de la ville, le site fera 730 kilomètres carrés. Cela signifie une ville faisant 7 fois la taille de Paris ! 6 millions d’égyptiens vont pouvoir y résider. De nouveaux modes de transports vont aussi voir le jour, pour relier Le Caire à la nouvelle capitale. Il y aura une ligne pour un train monorail, mais aussi des routes. Le but est de limiter les embouteillages au maximum. Au niveau des institutions, un bâtiment se construit pour accueillir le futur Parlement. Plusieurs ministères vont aussi pouvoir être transférés en dehors du Caire. Enfin, le Président Al-Sissi a aussi fait construire une mosquée à l’entrée de la ville. Il l’a nommée « Al-Fattah Al-Alim », soit son prénom et un des noms de dieu dans l’Islam. On remarque donc à quel point Al-Sissi souhaite marquer de son empreinte la construction de sa nouvelle capitale.

Les objectifs de cet immense chantier sont ainsi multiples à en croire les dires du régime mais aussi ceux des spécialistes. Pour le régime, il s’agit d’urbaniser le pays. C’est pourquoi il a été décidé d’ériger cette ville en plein milieu du désert. Cela va aussi permettre de réguler les bidonvilles du Caire, et enfin de moderniser le pays. Mais derrière ces ambitions officielles, les spécialistes s’accordent à dire que d’autres enjeux plus secrets se jouent.

Le premier avantage officieux pour le Président est que l’aboutissement de cette capitale ancrera son nom dans l’histoire égyptienne à tout jamais. Comme Nasser l’a fait avec le barrage d’Assouan, Al-Sissi souhaite lui aussi graver son nom dans les mémoires. Nul doute que transférer le pouvoir politique du Caire à cette nouvelle ville comblera cet objectif.

Autre souhait caché du gouvernement, s’assurer une certaine stabilité dans un pays ou les soulèvements sociaux ont toujours existé. Le Président sait bien de quoi se méfier. Il a en effet accédé au pouvoir en renversant l’ancien Président Mohammed Morsi grâce à un coup d’État de son armée en 2014. Pour ne pas vivre la même chose, il préfère donc se réfugier dans cette nouvelle ville dont il connaitra tous les recoins, plutôt que la ville du Caire qui est plus difficile à gérer pour les forces égyptiennes. D’autant plus que ce projet étant extrêmement coûteux, tous les égyptiens ne pourront pas y vivre.

D’après des premières estimations, un deux-pièces sera vendu 62 000 dollars, alors que le PIB par habitant tourne autour des 3 000 dollars. Là-encore, cela semble être un souhait du pouvoir, puisque les élites seront les seules à pouvoir résider dans cette capitale. Cela serait un avantage certain pour le régime, puisque ces élites le soutiennent tandis que ceux moins aisés sont mécontents. Le Caire abritant beaucoup plus de citoyens modestes, la stabilité n’est donc pas assurée tandis qu’elle le sera beaucoup plus dans cette nouvelle capitale.

Ainsi, au-delà de ce que veut bien avouer le pouvoir en place, les objectifs de cette futur métropole sont beaucoup plus nombreux et calculés. La stabilité certaine du pouvoir pourrait en dépendre, et Al-Sissi rentrerait encore plus dans l’histoire de son pays.

Les risques de ce transfert de pouvoir selon des spécialistes :

Ce projet fait couler beaucoup d’encre depuis sa création, notamment celles de nombreux spécialistes. Plus qu’un simple changement de capitale, ce transfert de pouvoir risque donc d’avoir d’importantes conséquences sur le pays. Si l’on ne peut affirmer de manière sûre que cela permettra au pouvoir de se maintenir, on peut affirmer que cela aura des conséquences néfastes sur les inégalités sociales. Le pays étant déjà grandement enclin à d’importantes disparités au sein de la population, celles-ci risquent de s’aggraver.

Alors que l’analphabétisme touche presque une personne sur 3 en Égypte, si le pouvoir n’est en contact qu’avec les élites, il ne risque pas de s’occuper de cette cause. L’éducation, qui est un sujet prioritaire à améliorer en Égypte, ne semble donc pas prêt d’évoluer…

Tout d’abord, certains d’entre eux dénoncent le problème écologique de la construction de cette ville. Au-delà de sa construction qui est polluante, sa localisation au sein du désert va forcément entrainer des problèmes écologiques. Rien ne pousse dans le désert, pour la nourriture, il faudra donc l’acheminer avec des modes de transports polluants. Idem pour l’eau. À cela s’ajoute le fait que la ville ne sera pas industrielle, pour le textile et les différentes productions faites à l’usine, là-aussi il faudra les importer. L’écologie risque donc de poser problème avec la mise en service de cette nouvelle capitale.

D’autres spécialistes dénoncent que la construction de cette ville ne soit qu’à 45 kilomètres seulement du Caire. Cela posera problème dans le futur pour eux, de par l’expansion de l’urbanisation. Pour Galila El-Kadi, urbaniste de l’Institut de recherche pour le développement basé en France, cette nouvelle capitale se greffera dans le futur à la ville du Caire. Elle déduit donc que cette nouvelle capitale ne concurrencera pas le Caire comme l’a fait Brasilia pour Rio de Janeiro ou Sao Paulo, mais va juste démesurer la capitale égyptienne à terme. Le pouvoir essayant d’éviter une trop grande concentration de population verra donc cet objectif être anéanti pour madame El-Kadi. À cela risque de s’ajouter des problèmes sociaux entre des élites et des citoyens plus pauvres mais aussi un problème de circulation déjà existant au Caire aujourd’hui, ou encore des problèmes de logement dans une mégalopole déjà surpeuplée.

Ainsi, cette capitale interroge grandement quant à sa future efficacité à régler les problèmes nationaux. Le régime et Al-Sissi de leur côté se félicitent de l’arrivée de cette ville, qui symbolisera pour eux l’apogée de leur régime. Les spécialistes sont eux beaucoup plus dubitatifs sur le sujet. Ils s’interrogent et s’inquiètent grandement sur l’évolution que va subir les deux cités dans le futur. Il sera donc intéressant de suivre l’évolution de cet immense projet, en espérant que l’Égypte parvienne à se sortir des nombreux problèmes auxquels elle est confrontée.   

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