Au Maroc, à côté de Casablanca, il y a Sidi Moumen, une banlieue extrêmement pauvre qui a vu naitre des jeunes kamikazes à l’origine des attentats de 2003. Le réalisateur Nabil AYOUCH, nous montre au contraire des jeunes désireux de sortir de cette réalité qui les enferment et d’un système étatique qui les oppriment.
Au centre culturel Les Étoiles, Anas, un jeune professeur, vient transmettre sa passion pour le HIP HOP à des jeunes du quartier. Ces jeunes vont apprendre à s’exprimer à travers le rap et la danse.
Une comédie musicale 2.0
Nous assistons à un cri. Un cri de la jeunesse marocaine, qui ne demande qu’à s’exprimer et à s’émanciper. Ces garçons et ces filles, ont tous des vies compliquées dans ce quartier. Quand vient l’heure du HIP HOP, les problèmes ne s’oublient pas, au contraire, ils les utilisent comme sujet d’écriture. Le rap, devient un moyen d’évasion et d’émancipation. Avec la musique, ils disent ce qu’ils ont sur le cœur.
Par moment, “Haut et fort” se transforme en comédie musicale 2.0. par des scènes brillantes, tant sur la réalisation, la photographie, la mise en scène et la musique ! Je pense à cette scène lorsqu’un des personnages sort de chez lui en pleine nuit et s’évade sur le rythme de la musique, de sa musique.
Nous retrouvons aussi quelques hommages de comédie musicale, avec un clin d’œil à West Side Story, avec toujours cette battle entre les femmes et les hommes.
Un reflet de la jeunesse marocaine
Le film est à la frontière du documentaire et de la fiction, c’est parfois dérangeant, car cela nous questionne sur la sincérité des propos. Est-ce que ce dialogue est écrit ou non, est-ce que cette scène est une vraie histoire de leur vie ou un effet de dramatisation ? Toutefois, il y a des scènes où nous ne doutons pas. Les personnages parlent avec leurs convictions et ça se voit, notamment lors des scènes de débats sur la place de la religion, ou sur la liberté d’expression.
Ces jeunes placent haut et fort leurs convictions. C’est un véritable reflet de toute la jeunesse marocaine et des débats qu’elle traverse.
Cela permet à nous, jeunes occidentaux, de nous questionner également. Un questionnement nécessaire qu’il serait bon d’expérimenter plus souvent. Car dans notre pays aussi, il y a des territoires, des quartiers sans culture. Nabil AYOUCH place la culture haut et fort. Le réalisateur de “Much Loved” nous montre la nécessité de partager la culture sur tout le territoire, la culture émancipatrice, la culture au plus proche des jeunes.
Malgré quelques imperfections, et un scénario par moment bancal – du fait d’une frontière floue entre fiction et documentaire (voulue par le réalisateur) – le film est dans son ensemble réussi. Rien que pour la musique, pour ces deux ou trois scènes de comédies musicales 2.0, pour cette bulle de liberté, pour ce chant de la jeunesse marocaine, il faut aller voir “Haut et Fort“.