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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Interview Étienne Gaury : “J’admire le travail, l’engagement et le dévouement.”

Picture of Pablo Henriques

Pablo Henriques

Passionné de journalisme et de sport, j'ai pu intégrer l'équipe des journalistes sportifs du journal CS Actu. Travailler au sein de ce journal est un réel plaisir m'aidant fortement à progresser dans le milieu du journalisme sportif que j'affectionne depuis de nombreuses années.
Aujourd'hui, nous sommes partis à la rencontre d'un passionné de football, Étienne Gaury. Un des journalistes sports (Pablo Henriques), de CSactu, a eu la chance de s'entretenir avec lui. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais il fait partie des nombreuses personnes qui ont vu éclore des jeunes footballeurs professionnels. Voici l'échange, avec un homme passionné, et avec l'envie de transmettre son savoir à la jeunesse.

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Étienne Gaury

Peux-tu te présenter en quelques lignes, pour nos lecteurs ?

“Bonjour, à tous, je m’appelle Etienne Gaury. J’ai 31 ans, et je suis titulaire d’une licence STAPS en entraînement sportif. J’ai aussi une double licence en management sportif ainsi qu’un master 1 en préparation mentale. En parallèle de ma formation universitaire, j’ai également suivi le cursus fédéral, avec l’acquisition du brevet d’État premier degré. Ainsi, que du BEF (Brevet d’Entraîneur de Football), et de la licence UEFA d’entraîneur de football. Après une douzaine d’années passée à voyager en Outre-mer, je suis arrivé à Montpellier. C’est là que j’ai effectué l’ensemble de ma formation.

Passé par le Montpellier Hérault Sport Club 4 ans et demi comme éducateur, j’ai, par la suite, eu la possibilité d’enchaîner sur le poste de directeur sportif, au sein de l’Aurore Sportive Saint Gilloise. Parachuté ensuite en Île de France, où j’étais responsable du pôle U16 de l’ACBB (plus gros club de France en terme de licencié). J’avais également à ma charge, l’équipe première, avec laquelle nous avons remporté le championnat cette saison-là !

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’Olympique Lyonnais, et de partir en Chine pendant un an et quelques mois. J’y étais en tant que formateur international de leurs académies. Une fois rentré en France, j’ai pris résidence en Provence, où j’exerce désormais à nouveau le poste de directeur sportif au sein de l’US Venelles depuis cette saison.”

Tu es un grand passionné de football.

Mais, d’où vient cette passion ?

“Mon père jouait au football, je pense que c’est dans les gènes (rires). J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à évoluer proche des terrains que cela soit en tant que joueur ou entraîneur. C’est d’ailleurs là que j’y garde mes meilleurs souvenirs de jeunesse. Mes coéquipiers d’autre fois sont devenus des amis fidèles pour la vie.”

La vocation d’entraîneur est arrivée assez rapidement chez toi.

Comment cela se fait-il ?

“J’ai toujours aimé comprendre, diriger, et être à l’initiative de différents projets. C’est donc fort logiquement, que je me suis tourné vers le métier d’entraîneur. Apprendre, transmettre, échanger autour du football m’a semblé plus passionnant que de courir après la balle (sourires). Analyser, corriger les erreurs, gérer les égos et mettre le sportif dans ses meilleures dispositions pour en tirer le maximum de son potentiel. Quoi de plus gratifiant ? Il faut croire que je tire une satisfaction personnelle à apprendre de l’autre et l’aider dans son projet personnel.”

Ses débuts au Montpellier Hérault Sport Club !

Tout commence donc chez toi, à Montpellier au MHSC.

Que retiens-tu de cette expérience ?

“J’ai eu la chance d’atterrir au sein du Montpellier Hérault Sport Club, en pleine période d’apprentissage. Quoi de mieux que d’atterrir dans un club cadré, structuré et entouré de professionnels pour apprendre ? J’ai pu côtoyer au quotidien des entraîneurs chevronnés, qui ont, pour la plupart, eu l’envie de me transmettre leur passion. On ne va pas se le cacher, quand on est au MHSC, en jeune, on dispose des meilleurs jeunes de la région. C’était très intéressant de pouvoir travailler dans cet environnement, avec des joueurs et des infrastructures de qualité.”

Quand on parle du MHSC, on pense forcément au président emblématique regretté, Louis Nicollin, celui que l’on surnommait “Loulou”.

Qu’a-t-il apporté ?

“J’ai eu l’occasion de passer des repas avec Loulou, un personnage emblématique du monde du football. Dans son mas St-Gabriel, ainsi que de visiter son immense collection de maillots. Je me souviens d’une phrase qu’il avait prononcée lors d’un repas d’éducateurs : “N’oubliez jamais qu’ici, vous êtes dans un grand club.” Des mots fort qui ont forcément fait écho, pour le jeune homme de 18 ans que j’étais. Quand tu es au MHSC, tu te sens intégré à une famille, tu ne veux surtout pas décevoir, et rendre la confiance qui t’a été donnée en amont. C’est un sentiment que je n’ai jamais ressenti ailleurs dans ma modeste carrière.”

As-tu encore des relations avec des personnes que tu as rencontrées durant ces années ?

“Bien sûr ! Je prends beaucoup de plaisir à revenir au club, et retrouver d’anciens coachs encore en activité là-bas. Je t’avoue que j’éprouve une très grande fierté, quand je vois des jeunes pousses que j’ai eu la chance d’encadrer, et qui arrivent au niveau professionnel, aujourd’hui. J’entretiens donc encore des contacts privilégiés avec certains d’entre eux, que je prends plaisir à revoir régulièrement, comme Nicolas Cozza, Maxime Esteve, Sacha Delaye, Yanis Ammour, Khalil Fayad et bien d’autres encore.”

Étienne en compagnie des jeunes joueurs qu’il a entraîné au MHSC
Sa période amateur à Boulogne-Billancourt (ACBB)

Que t’as apporté ton expérience, dans ce club amateur ?

“L’ACBB, c’est plus gros club amateur de France, en terme de licenciés. Avec un vivier de joueur de la région parisienne, que l’on voit éclore chaque année au plus haut niveau. J’avais à ma charge, la gestion de la catégorie U16 (3 équipes). C’était formateur, pour moi, de devoir gérer ma propre équipe, mais également de toujours avoir un oeil sur le travail des deux autres équipes. Un pôle U16 global, ça représente plus de 70 joueurs, avec forcément, des niveaux et des projets différents. Il faut arriver à gérer cela en fonction de l’équipe dans laquelle chaque joueur évolue.

Cette saison fut plus qu’aboutie, car nous avons remporté le championnat U16 Île de France. Mais cela n’a pas été si simple, quand on se retrouve avec de grosses écuries dans notre poule (Redstar, Paris FC, PSG…). Mais aussi de nombreux joueurs étaient partis à l’essai en club professionnel, à ce moment-là.”

Voir des jeunes joueurs que tu as entraîné, percer au plus au niveau.

Quel effet cela te donne ?

“C’est le projet, quand vous êtes à l’ACCB. L’objectif est de tailler ces diamants bruts et les polir, pour qu’ils intègrent par la suite, les rangs de clubs professionnels. Cette saison-là, j’ai eu la chance de voir s’envoler, en fin de saison, Yohan Zohoré pour Birmingham. Junior Ongadia et Raphael Lipinski, pour l’AJA Auxerre, ou encore Tarek BaIch à la Berrichonne de Châteauroux. Je suis toujours en contact avec eux et je suis de très près leur évolution !

Tarek fait les beaux jours de la CFA de Châteauroux, où il joue au poste de milieu de terrain et capitaine de l’équipe. Je ne serais pas surpris de bientôt le voir intégrer le groupe pro. Raphaël anime toujours, avec autant de panache, le couloir gauche de la CFA de l’AJA. C’est un joueur pour lequel j’ai une profonde affection. Il est d’ailleurs venu me voir dernièrement, à Venelles. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu évoluer avec eux. Nous nous sommes construits ensemble. Parler d’eux me rappelle de nombreux souvenirs que nous garderons pour nous (rires).”

Avec les jeunes de l’ACBB, Étienne a vécu des moments particuliers.
Le court-passage à l’Olympique Lyonnais

Tu es passé, pendant un court moment, à l’OL, en Chine.

Que peux-tu nous dire de ces moments ?

“Court, court… Un an en Chine, crois moi ce n’est pas si court que ça (rires). J’arrivais à un tournant de ma vie, où j’avais besoin d’un défi et de me confronter à autre chose. Mais quel défi ! Partir dans un pays, sans connaître la culture, ni parler le moindre mot. Forcément, ça chamboule ! J’ai eu la chance de côtoyer des personnes qui m’ont permis de m’adapter assez rapidement, avec une pensée pour Tiger, mon acolyte de toujours, mais aussi un traducteur tout au long de mes périples.

J’ai donc rempli de nombreuses missions, en Chine, avec pour but de développer le football dans le pays. Intervenir auprès de l’éducation nationale, des académies partenaires de l’Olympique Lyonnais, des clubs amateurs et professionnels, c’était mon quotidien. Il y avait aussi la mise en place de contenus d’entraînements, formation d’éducateur, diagnostiquer les besoins et mettre en place, des projets de structuration. Voilà, dans les grandes lignes, en quoi consistaient mes missions.

Après une trentaine de vols entre Pékin, Chongqing, Liangping, Shenzen, et près de 90 nuits à l’hôtel. J’ai décidé, au bout d’un an, de rentrer pour des raisons personnelles. J’en garde de très bons souvenirs, mais également des moments difficiles, qui m’ont permis de me rendre compte que le football, ça ne fait pas tout dans la vie. Cette expérience me sert encore à relativiser, quand je suis face aux petits tracas du quotidien, dans les clubs où j’évolue.”

En Chine, une expérience inédite pour l’entraîneur de 31 ans, M. Gaury
Un nouveau challenge à l’US Venelles

Tu es aujourd’hui, de retour dans le monde amateur.

Alors, quelles sont les différences notables par rapport au monde professionnel ?

“Que ce soit dans le monde professionnel ou dans le monde amateur, j’aime être à l’initiative de projets. C’est donc, forcément plus facile d’avoir les mains libres dans le monde amateur où les responsabilités vous sont plus facilement confiées, quand vous disposez d’un peu d’expérience. Le monde amateur dispose de son lot de surprises. Il faut sans cesse s’adapter et se renouveler. Les projets se font et se transforment en fonction des résultats, des moyens mis à disposition chaque trimestre et saison. 

Forcément à l’inverse d’un club pro, où tout est structuré, géré par les dirigeants, et où il est forcément plus facile d’évoluer. Le club amateur vit, lui, grâce à des bénévoles avec lesquels il faut savoir composer. Là, où les clubs pro imposent leurs idées, il faut davantage arriver à défendre son projet dans les clubs amateurs. J’ai la chance d’atterrir dans un club, où on me fait confiance, et pour lequel j’ai signé un CDI (chose assez rare dans le football amateur de nos jours). À moi de leur rendre cette confiance !”

Tu es désormais le directeur sportif du club.

Quelles sont les différents avec le poste d’entraîneur ?

“Être directeur sportif, c’est penser à tout, avant tout le monde. Anticiper les possibles défaillances et avoir une vision sur le long terme. Là où l’entraîneur a souvent une vision individualiste de son équipe à l’instant T, le directeur sportif doit, lui, tout anticiper. Que ce soit, les effectifs, les possibles recrutements, la mise en place des projets de labellisation, les stages, les tournois, superviser les matchs, effectuer des réunions de pôles, etc. L’objectif premier du directeur sportif doit toujours être la pérennité du club, et ses choix doivent être faits en conséquence.

Pour ce faire, j’ai proposé un projet de restructuration et de développement, sur 3 ans. Faire un constat et un diagnostic des forces et faiblesses du club, a été la principale mission dans les premiers mois, afin de concevoir ce projet. Le rôle du DS est de mettre les entraîneurs dans les meilleures dispositions, pour qu’ils puissent exploiter au mieux tout le potentiel de leurs joueurs. 

Par moments, c’est assez frustrant, car on est dans l’ombre, et forcément quand les équipes gagnent, c’est forcément le joueur et les coachs qui sont mis en avant. Je pense que pour être à ce poste, il faut être blindé et ne pas attendre de la reconnaissance. Et au contraire, arriver à se satisfaire de voir ses projets aboutis, et en tirer sa satisfaction personnelle. Mais j’avoue que, par moment, le rectangle vert me manque. Mais je suis bien content de rendre service quand il faut dépanner dans une catégorie sur une séance.”

Pourquoi avoir choisi un challenge comme celui-ci ?

“Pour ne rien te cacher, après être rentré de Chine, j’ai ressenti le besoin de couper un peu avec le football. Lorsque j’ai eu envie de retourner dans le milieu, la COVID-19 est venue me couper les pattes. On ne va pas se cacher, les opportunités de trouver un CDI dans le football, pendant cette période compliquée, faisaient office d’El Dorado. J’ai, de ce fait, postulé avec l’envie de relever un nouveau challenge, avec toujours l’idée que je pouvais apporter quelque chose.

Le fait que Venelles soit à 1h30 de Montpellier a également été un aspect déterminant dans mon choix de postuler. Ainsi, je peux rentrer voir mes amis et ma famille quand l’opportunité se présente.”

Aujourd’hui, tu assures l’intérim au poste d’entraîneur.

Comment gères-tu les 2 postes ?

“Actuellement, je rends service sur l’équipe première. Ce n’était pas prévu. Nous avons dû faire face à un début de saison mitigé de l’équipe première. Ce qui a entraîné la démission de l’entraîneur, lui qui était à ce poste depuis 2 ans. Toujours avec l’idée de prendre le temps pour ne pas se tromper dans le choix du remplaçant. J’ai été mis à contribution, pour faire l’intérim. C’est toujours plaisant de retrouver les terrains, surtout quand ça se passe bien (2 victoires en 2 matchs, dont la dernière à l’extérieur chez le leader du championnat, pourtant invaincu jusque-là). Cela demande une organisation encore plus précise, et forcément un temps de travail plus important.

J’ai conscience que, pour voir nos projets aboutir, il faut parfois mettre la main à la pâte, et je n’ai pas pour habitude de compter mes heures. Je crois d’ailleurs, que dans ce métier, peu d’entraîneurs compte (rires). Nous avons trouvé le remplaçant, Thierry Izurieta, qui sera fraîchement nommé, un entraîneur doté d’une belle expérience en R1 et N3 notamment. J’espère que nous avons fait le bon choix. Seul l’avenir nous le dira.”

Tu nous as parlé de la COVID-19.

Comment un club amateur, comment le tien, fait-il pour “survivre”, en ce temps de pandémie mondiale ?

“Ce n’est pas facile car tout est fragile. Il faut constamment anticiper, modifier la prestation, si cela est nécessaire. Nous étions inquiets, quant au nombre de licenciés, qui allaient rempiler cette saison, après un an et demi sans jouer. Nous avons été agréablement surpris, car nos effectifs demeurent intacts. Il a fallu s’organiser également par rapport au pass sanitaire et aux contrôles à effectuer. Ce n’est pas toujours très simple, mais tout s’est relativement bien passé pour le moment. En espérant pouvoir enfin terminer une saison correctement.”

Un nouveau challenge à l’US Venelles, pour le jeune entraîneur
Pour conclure…

Si tu devais donner le nom d’une seule personne qui t’as marqué dans ta carrière, quel nom donnerais-tu ?

(Réflexion) “Une seule, c’est difficile… Mais si je devais en choisir une, je pense que je dirais Jean-Marc Furlan. J’ai eu la chance d’effectuer un stage, à ses côtés, lors de la montée en L1 de Troyes. J’en garde un excellent souvenir. Il m’a accueilli comme si j’avais toujours fait partie de son staff, et a pris beaucoup de temps pour échanger avec moi, sur sa manière de voir le football. Quand un grand nom du football français, comme Jean-Marc Furlan vous parle, vous ne pouvez que vous taire et boire ses paroles. J’ai été profondément marqué par son management et sa proximité avec ses joueurs.”

Aurais-tu un modèle, ou un exemple, dont tu t’inspires tous les jours ?

“Je n’ai pas vraiment de modèle. J’admire le travail, l’engagement et le dévouement. J’ai un profond respect pour les entraîneurs, qui ne partent de rien. Ceux qui passent par les équipes jeunes, pour atteindre le haut niveau. J’ai tout autant de respect pour le père de famille qui sacrifie ses samedis après-midi pour accompagner une équipe de U10 sur les terrains de la région. Comme on dit, à chacun sa Ligue des Champions !”

Y’a t-il une phrase, ou un dicton, que tu cites souvent dans un vestiaire ?

“Je dirais : “Ce que l’on fait dans sa vie résonne dans l’éternité.” Par nos choix, nos façons d’être de se comporter, on marque les gens à vie, selon moi.”

as-tu des projets dans un futur proche ou lointain ?

“Mes projets sont actuellement forcément liés à l’US Venelles, avec le label à renouveler. L’organisation d’un tournoi national de renom (ASSE, OGC Nice, OM, Bastia, RedStar, comme participants). La signature prochainement d’un partenariat avec l’Olympique de Marseille avec Pablo Longoria, et bien d’autres objectifs encore à remplir.

Je n’exclus cependant pas de retrouver prochainement un projet sur les terrains, en tant qu’entraîneur à l’international, ou au sein d’une structure professionnelle. Mais ça, seul l’avenir nous le dira (sourire).”

Un grand merci, pour le bel entretien qu’Étienne nous a fourni. On lui souhaite tous le meilleur, dans ses projets !

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