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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

La chronologie des médias : entre bouleversements et négociations

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Ambra Haxhaj

Directrice du pôle international chez CSactu.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous devons attendre si longtemps après la sortie en salles afin d’avoir un film en VOD ou encore plus longtemps avant de pouvoir le retrouver sur les plateformes ? C’est tout simplement à cause (ou grâce ?) à la chronologie des médias ! Mais qu’est-ce que la chronologie des médias et comment tend-elle à évoluer dans un contexte difficile de crise sanitaire et surtout avec un nouveau mode de consommation du cinéma qui ne cesse d’évoluer ?

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Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous devons attendre si longtemps après la sortie en salles afin d’avoir un film en VOD, ou encore plus longtemps avant de pouvoir le retrouver sur les plateformes ? C’est tout simplement à cause (ou grâce ?) à la chronologie des médias ! Mais qu’est-ce que la chronologie des médias et comment tend-elle à évoluer dans un contexte difficile de crise sanitaire et surtout avec un nouveau mode de consommation du cinéma qui ne cesse d’évoluer ?

La naissance de la chronologie des médias 
https://images.google.fr

Pour mieux comprendre la chronologie des médias il faut revenir des années en arrière en 1982 quand cette loi a été créée. La chronologie des médias est une loi européenne qui vise à protéger le cinéma national de la concurrence et qui incite les gens à aller au cinéma afin que l’argent gagné grâce à l’achat des tickets puisse fiancer la production des films. Cependant, cette loi est beaucoup plus flexible dans les autres pays. En France, elle reste assez stricte et le gouvernement essaye de la faire appliquer au mieux ! 


C’est cette loi qui fixe alors l’ordre d’exploitation d’un film de sa sortie en salles jusqu’à sa mise en disposition sur les plateformes SVOD (Netflix, Amazon Prime, ect). Par exemple, un film sorti ce mois-ci au cinéma devra attendre 4 mois pour sortir en VOD ou Blu-Ray. Cela étant, le tour est aux grandes chaines payantes comme Canal+ qui pourront l’exploiter seulement 12 mois après la sortie en salles. Puis, on a les chaines productrices qui devront attendre 22 mois et ensuite les autres chaines pour lesquelles l’attente s’élève à 30 mois. Finalement, seulement après 36 mois les plateformes peuvent espérer exploiter le film. Ils sont donc les grands perdants de cette chaine chronologique qui s’étend sur des années…

On peut estimer que la chronologie des médias en France est un concept contraignant pour les personnes qui s’impatientent de regarder les films autre part qu’au cinéma. D’autant plus que dans d’autres pays comme les USA les plateformes bénéficient des droits d’exploitation après 45 jours. 
Mais l’ordre semble désormais poser un problème pour plusieurs parties. En conséquence, il tend à être de plus en plus bouleversé et au cœur des discussions. 

Un contexte peu propice au maintien de l’ordre chronologique 

La crise sanitaire a eu beaucoup d’effets négatifs dans notre vie quotidienne et encore une fois le cinéma n’y échappe pas. La fermeture des cinémas chamboule notre manière de consommer le cinéma et par conséquent la chronologie des médias ne correspond plus aux usages. Désormais, les gens se tournent de plus en plus vers les plateformes privilégiant ainsi le confort de leurs maisons. 


C’est pourquoi le 30 octobre 2020 le gouvernement a mis en place un décret qui prévoit la possibilité de demander une dérogation afin de réduire le délai entre les différentes étapes d’exploitation (mais seulement jusqu’à 4 semaines maximum). Il y a toutefois une condition : la demande doit être faite au président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) par le titulaire des droits d’édition vidéographiques.


Cela aide bien évidemment le cinéma car après la fermeture prolongée il y avait un grand risque d’embouteillage (Lire aussi : https://www.csactu.fr/reouverture-des-cinemas-vers-un-colossal-embouteillage/) mais en parallèle on n’a pas d’achats de tickets et donc une grande chute de budget pour financer les productions françaises ! 


Quoi qu’il en soit, le gouvernement est en pleines négociations depuis un bon moment afin de proposer une réforme pour modifier la chronologie. Cette dernière a pour ambition de permettre aux plateformes de diffuser les films 12 mois après la sortie en salles contre 36 mois actuellement. « Il est dans l’intérêt de toute la filière que vous aboutissiez rapidement à cet accord », affirme Roselyne Bachelot devant les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel au Festival de Cannes.  Mais bien sûr, afin d’équilibrer la faille qui se retrouvera dans le budget du financement des films français, les plateformes auront l’obligation d’investir dans la production française en contrepartie. 


Mais bien entendu, tout le monde n’est pas d’accord et surtout, chacun y trouve des intérêts divergents ce qui entraine des négociations pas très paisibles. 

Des menaces troublant les négociations  

Avec la chronologie des médias, telle qu’elle est, on voit clairement que les privilégiés sont les chaines payantes. Cela implique une inégalité par rapport aux autres formes de diffusion. Ainsi, si la réforme se met en place les chaines payantes comme Canal+ ou OSC seraient celles qui auraient plus à perdre. C’est pourquoi la position de Canal+ inquiète à la suite des menaces qu’elle a émises. Si le délai d’exploitation diminue pour les plateformes de streaming Canal abandonnerait son statut de chaine pour se concentrer sur sa plateforme de streaming myCanal. 


Mais les négociations donnent lieu à d’autres problématiques. Notamment, Netflix qui écrit une lettre à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. La célèbre plateforme dépose un recours gracieux contre le décret qui imposerait un investissement de 25% de leur chiffre d’affaires pour le financement de la création française.  

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De l’autre côté, Disney également menace de ne plus sortir ses films en salles. Néanmoins, la firme aux grandes oreilles semble ne plus avoir la même approche après avoir connu des polémiques récemment. En effet, après la sortie conjointe en salles et sur Disney+ de Black Widow, la talentueuse Scarlett Johansson porte plainte contre la plateforme. Elle a estimé subir un préjudice dès lors qu’elle n’a pas pu bénéficier d’un pourcentage des recettes à la suite de la sortie en salles. D’autres stars hollywoodiennes ont envisagé de prendre la même initiative, notamment Emma Stone à la suite de la diffusion de Cruella sur Disney+ . On remarque donc que cette nouvelle ère du streaming reflète une fragilité des célébrités et une perte de pouvoir vis-à-vis de l’exploitation du cinéma. En ce qui concerne les menaces de Disney, toutes ces polémiques ont changé sa position et la firme a annoncé dernièrement que les films prévus pour fin 2021 sortiront exclusivement au cinéma. 

À quoi s’attendre pour la suite ? 

Vous l’aurez compris, la chronologie des médias divise. Entre ceux qui pensent que la loi bénéficie au financement et à la protection de la production française et ceux qui pensent plutôt que c’est un frein au visionnage des films et qu’elle surligne les inégalités entre les acteurs de cette longue chaine, le débat n’est pas près de toucher à sa fin. 


Quoi qu’il en soit, on peut s’estimer heureux d’avoir tant de possibilités de visionnages qui s’offrent à nous ! Alors que vous soyez #teamcinéma ou bien #teamplateformes, à vos films ! 


 

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