Les chiffres publiés sur le site du ministère de la Transition écologique montrent que les prix du gazole et de l’essence ont augmenté de plus de deux centimes, atteignant des sommets historiques. Quel que soit le carburant utilisé, les prix battent des records : le litre de gazole vaut désormais 1,5583 euros contre 1,6567 pour le SP95.
Cette augmentation est liée notamment au contexte sanitaire. Alors que l’activité économique reprend dans un contexte post-confinement, la demande mondiale en pétrole augmente. En revanche, les pays producteurs continuent de limiter la production, ce qui tire inévitablement les prix vers le haut.
La ministre de la Transition Écologique, Barbara Pompili a été interpellée mardi à l’Assemblée nationale par l’opposition sur la hausse des prix du carburant en France. Le Gouvernement affirme faire son possible pour limiter les effets et promet de ne “laisser personne sans solution”.
Si le prix du carburant cristallise autant le débat public, c’est parce que la voiture reste le mode principal de déplacement des français, surtout pour se rendre au travail. Selon une étude réalisée par le SDES, les français passent en moyenne 1h02 de leur journée dans la voiture, soit 6 minutes de plus qu’il y a 10 ans. La hausse des prix du carburant est ainsi très sensible, en cela qu’elle touche la plupart des foyers de France, et qu’elle a des conséquences très inégalitaires. En effet, les ménages habitant en zone rurale et les foyers aux revenus modestes sont les plus pénalisés par la hausse des prix du carburant.
C’est d’ailleurs la flambée des prix du carburant qui a poussé une partie de la population française à protester tous les samedis sur les ronds-points à partir de novembre 2018. Le mouvement des gilets jaunes partait effectivement d’une hausse de 20% des prix du carburant entre 2017 et 2018 et de l’instauration d’une nouvelle taxe.
« Quand est-ce que ça va se terminer la traque au conducteur ? s’exclamait Jacline Mouraud, militante et figure du mouvement des Gilets Jaunes. Yves Castéra, délégué du collectif de synthèse des Gilets Jaunes des Hautes Pyrénées déclarait : « Notre mobilisation va repartir sur la base de ce que nous avons construit depuis trois ans, car le pouvoir d’achat est plus que jamais attaqué, avec la forte augmentation des prix du carburant et des énergies ». À titre d’exemple, un plein de 50L de gazole coûte aujourd’hui environ 72 euros, tandis qu’en décembre 2015, un même plein coûtait 48 euros.
Le gouvernement doit donc rapidement proposer des mesures pour limiter les effets sur le pouvoir d’achat des ménages, s’il veut éviter un nouveau mouvement de protestation.
À 6 mois des présidentielles, l’enjeu est de taille pour la majorité gouvernementale, surtout que les différents candidats n’ont pas tardé à se faire les avocats de telles et telles mesures.
Si la maire de Paris Anne Hidalgo et l’Ex-présidente du Rassemblement National Marine Le Pen prônent une baisse de la TVA sur l’essence à 5,5% contre 20% aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon affirme que ce qui sera économisé par l’abaissement des taxes sera compensé en impôts. Le candidat LFI à l’élection présidentielle de 2022 propose de bloquer les prix du carburant avant-crise et de taxer davantage les groupes pétroliers comme Total. De son côté, la candidate à la primaire de la droite Valérie Pécresse soutient le relèvement du plafond du forfait kilométrique pris en charge par l’employeur.
Le prix du carburant est aussi un enjeu majeur du programme des Verts (EELV). Comment concilier leurs deux exigences qui sont le respect de l’environnement et le maintien du pouvoir d’achat des ménages ? Yannick Jadot, vainqueur de la primaire et désigné candidat aux présidentielles, propose un chèque énergie allant de 100 à 400 euros selon les revenus des foyers.
Le gouvernement doit donc encore réfléchir sur le message qu’il souhaite envoyer aux consommateurs. Une mesure qui s’appliquerait à l’ensemble des consommateurs, comme l’abaissement des taxes, n’enverrait pas le même message qu’une mesure s’appliquant aux foyers les plus modestes. Pour l’instant, le choix de la justice sociale semble être plus probable qu’un abaissement des taxes, même si ces dernières représentent 60% du prix des carburants aujourd’hui.
