Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Le dopage dans le cyclisme : de la chimie à la mécanique

Partagez ce post

Le cyclisme fait partie des sports les plus réglementés en matière de dopage, ciblant le plus régulièrement le dopage chimique. Mais en ce moment, une nouvelle technique de dopage est en vogue, le dopage mécanique. De nombreuses stars du Tour de France sont suspectées d’y avoir procédé. Mais en quoi consiste ce dopage mécanique ? Qui se trouve derrière cette invention et quel coureur sont concernés ? Qu’en est-il de l’avis des professionnels sur cet usage ?

Les anciennes techniques de dopages 

Le dopage existe depuis la nuit des temps. C’est à partir du XIXᵉ siècle et jusqu’en 1945 que la science va faire d’énorme progrès. L’industrialisation et la science vont mettre au point tout un tas de substances ayant un effet euphorisant et réduisant la douleur. Lors des JO de 1936, les amphétamines étaient légales. Cela va perdurer lors de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 1990, un grand nombre de cyclistes vont se doper aux amphétamines. Tom Simpson va en mourir sur le Tour de France de 1967 lors de la montée du mont Ventoux. Tout comme Knud Enemark Jensen à Rome lors du contre-la-montre par équipe en 1960. Cependant, cette drogue deviendra interdite en 1968.

Dès les années 1990, le dopage devient difficile à détecter avec l’émergence de l’EPO. C’est une technique très en vogue parmi les cyclistes. Elle consiste à faire une prise de sang un mois à l’avance et se réinjecter son propre sang avant une compétition. Cela permet d’avoir plus de globules rouges, ce qui renforce les capacités de transports du dioxygène vers les tissus et vers les muscles.  Les sportifs ayant recours à cette forme de dopage développaient parfois des troubles hépatiques dont des cancers du foie. Cette pratique sera, par la suite, interdite.

En décembre 1992, un arrêté entre en vigueur interdisant de nombreuses substances comme :

  • Les corticoïdes, les narcotiques et les anesthésiques. Ils sont employés afin de retarder l’apparition de la fatigue et permettre de faire disparaître la douleur ;
  • Les stéroïdes. Ils favorisent la formation des muscles, augmentant donc la force ;
  • Les bêtabloquants. Très utilisés dans le tir, ils diminuent les tremblements au niveau des mains et améliorent la concentration et la précision ;
  • Les diurétiques. Utilisés pour faire passer un athlète à une catégorie inférieure. L’athlète perd l’eau de son organisme, mais conserve sa masse musculaire.

Le dopage mécanique, une nouvelle technique de dopage

Aujourd’hui, la triche dans le cyclisme a lieu d’une façon diamétralement différente. Désormais, ce ne sont plus les substances dopantes qui sont encouragées, mais les moteurs électriques ou les roues électro-magnétiques. Cette forme de triche est nommée, le dopage mécanique ou le dopage technique et s’activer via une télécommande à distance ou par le biais d’un cardiofréquencemètre.

Cependant, la nouvelle technologie du dopage technique chez les cyclistes est à présent un système électro-magnétique capable d’émettre une énergie supplémentaire (entre 20 à 60 watts). Cette fraude reste la plus difficile à repérer. Mais l’Union Cycliste Internationale est vigilante et sanctionne d’une disqualification immédiate, d’une suspension de six mois minimum et d’une amende de 190.000 euros.

Depuis plusieurs années, de nombreux coureurs mondialement connus sont fortement suspectées d’employer ce genre de dopage. Beaucoup suspect Alberto Contador suite à ses performances inhumaines lors du Giro. Mais aussi Chris Froome avec ses quatre victoires du Tour de France.

Sur les forums, un grand nombre de passionnés du cyclisme croient en cette hypothèse. Un utilisateur de Reddit r/tourdefrance justifie cette théorie par les très mauvaises performances de Froome actuelles, comparées à ses anciennes victoires. De plus, lors des différents tours de France, on le voit régulièrement changer de vélo, ce qui contribue à l’hypothèse du moteur caché. En effet, la batterie du moteur s’épuise et il est nécessaire de la recharger. Ça ne serait pas la première fois que la Sky (équipe de Froome) ait recours au dopage.

Des exemples de dopages mécaniques

Bradley Wiggins et la triamcinoline

Wiggins et son équipe, la Sky, avaient déjà, en 2012, utilisé des corticoïdes afin d’améliorer leurs performances. La triamcinolone, un dérivé des corticoïdes, est en effet prescrite pour les asthmatiques. Elle a la particularité de faire perdre du poids. Ce qui est un avantage pour améliorer le rapport poids-puissance des coureurs avant la course. Bradley Wiggins avait eu l’autorisation d’utiliser cette substance à des fins thérapeutiques. Mais cette information n’avait pas été diffusée. C’est en 2016 que l’information fut dévoilé après le piratage l’Agence Mondiale Antidopage par des hackeurs russes. Le quintuple champion olympique a réfuté toutes accusations sur les réseaux et devant la commission. Son entraîneur, a déclaré que les actes de l’ancien coureur « n’était pas éthique, mais pas contre le règlement ».

Les performances de Chris Froome, analysé par Marc Kluszczynski

En 2015, lorsque Froome travaillait à la Sky. Sa VO2 max (sa consommation maximale d’oxygène) était de 84.6 ml/min/kg pour 1,86 m et 69.9 kg, il pouvait supporter un rythme cardiaque de 138 en fin d’étape. Alors qu’à l’âge de 22 ans, il pesait 8 kg de plus, ce qui lui aurait permis de gagner en vitesse dans les cols (35 watts). D’après certains spécialistes, c’est chose impossible.
En 2022, il a fini 114 à la Vuelta. Il annonce un poids de 72.1 kg et une VO2 max de 70. Avant, il était capable de transporter et de diffuser 6 litres d’oxygène par minute au lieu de 5. Or, à 37 ans, on ne peut pas perdre autant de VO2 max même après l’accident qu’il a subi.

« En 2019, pour 70 kg, il avait 84 de VO2 ; aujourd’hui, pour le même poids, il a 10 de moins ! Une seule explication nous vient à l’esprit : le Froome de 2022 ne se dope plus. Devant l’étonnement général, l’anglais se justifiera le 7 décembre en déclarant que la baisse de ses valeurs était due au COVID-19 ! Pour justifier son VO2 max bas, l’anglais déclare qu’il n’a pas été capable de récupérer du COVID alors même qu’il n’avait déjà pas été capable de revenir après son accident du Dauphiné 2019. Quelle excuse cherche-t-il ? »

https://www.cyclisme-dopage.com/portraits/froome.htm

Stéfano Varjas, l’homme derrière la mécanique

À la suite de l’émergence du dopage mécanique, le fait d’utiliser une aide chimique a été considérée comme naturelle, car tous les sportifs en prennent. Cela ne fait que booster leur talent naturel, l’entraînement n’en devient que plus supportable. Cependant, avec l’assistance électrique, ces excuses disparaissent. Pour les anciens coureurs et les directeurs sportifs, l’emploie de cette technologie est plus grave que le dopage. Le manager de l’équipe Cofidis, Yvon Sanquer, explique : « Je ne dirai donc pas que c’est pire. C’est dénaturer le sport tout autant qu’une forme de dopage. » Un avis largement partagé par les fans de cyclisme.

Nous sommes en 1998, 10 mois avant que Lance Armstrong face le Tour de France. Stéfano Varjas, ingénieur, sort son premier prototype de vélo à moteur. Un homme vient lui acheter un prototype puis plus tard, lui donne des sommes astronomique pour acheter silence sur cette invention alors révolutionnaire à l’époque. Gracieusement payé pendant dix ans, il a gardé son innovation secrète. Son premier moteur hydraulique est très puissant et silencieux. Afin de gagner en vitesse, il faut avoir une cadence élevée.

Lors du Tour de France, Armstrong augmentait sa fréquence de pédalage dans les côtes. Et on le voit mettre sa main régulièrement derrière sa selle, là où se trouve le bouton pour activer le moteur. Plusieurs spécialistes de biomécanique et de physiologistes attestaient que ses performances étaient humainement, même en ayant recours à un dopage chimique. Cependant, Armonstrong n’avouera jamais avoir eu recours au moteur électrique, mais il révèlera s’être dopé avec de nombreuses substances (corticoïdes, EPO, hormone de croissance, cortisone et testostérone).

Néanmoins Armstrong n’est pas un cas isolé, de nombreux coureurs actuellement en activité sont suspectés d’en faire ou d’en avoir fait usage, dont le quadruple champion du Tour de France de la Sky, Chris Froome. C’est en 2015 que l’affaire va éclater. Stefano Varjas était sur le Tour de France entre le 10 et le 12 juillet. Cette année-là, Chris Froome remporte son deuxième Tour de France et on le voit souvent changer de vélo et augmenter rapidement sa cadence comme pour activer un moteur.


Stefano est pris en filature par la gendarmerie française car il s’apprête à vendre un vélo à moteur. Chose interdite. Il était en compagnie de Greg LeMond, un ancien coureur du Tour de France, lorsqu’il a reçu un mail le prévenant de quitter le Tour. Il était en train de lui expliquer le fonctionnement des vélos à moteur.
Mark Barfield, Manager technique de l’UCI, va apprendre par la police française, qu’un ingénieur constructeur de moteur électrique, présent sur le Tour, est recherché. Le 11 juillet à 12 h 37, Mark Barfield prévient Harry Gibbings, directeur des vélos électriques Typhoon et ancien employeur de Varjas, qu’un ingénieur est recherché. Il va lui demander si Stefano Varjas est présent sur le Tour. Ce dernier va l’appeler en urgence afin de le prévenir.

Harry Gibbings ayant employé Varjas avant le Tour de France, craint les représailles et transfère le 12/07/2015 à 8h26 les mails à Varjas en lui avouant ne jamais avoir dévoilé le nom des ingénieurs de Typhoon ni des clients.

Suite à cette affaire, l’UCI a déclaré faire son possible pour lutter contre le dopage mécanique. En mettant sur pied une caméra thermique développée par la société britannique Endoscope-I et le constructeur de vélos électriques Typhoon.

Finalement, est-ce que la nouvelle forme de dopage ne serait pas une affaire de corruption ?

Le vélo reste le sport le plus contrôlé au monde avec l’athlétisme. Dans d’autres sport, comme le tennis, les contrôles anti-dopage sont réalisés par des sociétés tierces, ce qui allège certaine traitement. Raphaël Nadal a été autorisé à prendre des anti-douleurs pour sa cheville, ce qui aurait été considérés comme dopant dans le cyclisme. Nous voyons donc que les règles du jeu ne sont pas les mêmes en fonction des sports. Les disciplines ayant de grands enjeux financiers tel que le football, le tennis, le basketball ou le rugby ont des règles moins strictes en matière de dopage.  

Quoi qu’il en soit, le dopage dans le sport reste formellement interdit d’après l’article 9 de la charte d’éthique et de déontologie du sport français : « Le fair-play signifie bien plus que le simple respect des règles et le rejet de toute forme de tricherie. » Quand-bien même le dopage mécanique dénature le sport est reste moins nocif pour les cyclistes, il reste passible d’une amende. Et comme le rappelle le célèbre adage : « L’important n’est pas de gagner mais de participer. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share

CSMAG, votre point actu’ mensuel !

Nous souhaitons faire de ce magazine le reflet de l’esprit de CSactu, en y intégrant toute nos nouveautés : articles de fond, podcasts, émissions sur Twitch, conférences et bien plus encore. 

Chaque mois, nous nous engageons à vous offrir un magazine qui, tout en valorisant le travail de notre rédaction, mettra en lumière l’ensemble des initiatives portées par CSactu.