Une stratégie repensée
Le cabinet de conseil Green Évènements est chargé de repenser la stratégie du festival pour lui donner une vraie « green touch ». Si depuis quelques années déjà, le festival a essayé de réduire son empreinte environnementale, pour cette nouvelle édition, une nouvelle étape a été franchie. En effet, une réelle stratégie s’est développée autour de trois axes majeurs. Il s’agit de réduire les déchets et les émissions carbone, de valoriser les matières résiduelles et de compenser l’empreinte carbone. Pour aider à cette compensation, chaque festivalier devra payer une contribution environnementale de 20 euros. Cela participera à aider six projets environnementaux aux niveaux international, national et local. Cette décision n’est pas à prendre à la légère car les sommes récoltées dépassent les 500 000 euros !
Si la stratégie va s’affiner au fur et à mesure des années, l’équipe des organisateurs souhaite véritablement s’inscrire dans une démarche durable. Dès cette année, 12 mesures phares pour 12 jours de festival ont été mises en place. La flotte de voitures officielles était composée à 60% de véhicules électriques ou hybrides. Ensuite autre exemple, la consommation de papier a été diminuée de 50%. Cela grâce à un recours plus important à la dématérialisation. Enfin, les bouteilles plastiques qui étaient au nombre de 22 000 en 2019, ont été totalement supprimées. Même le fameux tapis rouge est devenu entièrement recyclable et recyclé et sera changé moins souvent.
Pour Pierre Lescure, le président du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, le délégué général « le pari est immense mais nous voulons et devons le réussir, chaque année un peu plus, chaque année un peu mieux. Aujourd’hui, nous franchissons une étape importante avec une grande ambition. Nous en rendrons compte régulièrement, de façon concrète. La 74e édition sera celle du monde d’après pour un Festival de toujours. »
La suite logique de 2019
Rappelons, en effet, que cette année-là, plus de 250 personnalités appelaient le cinéma à agir face à l’urgence climatique. A l’époque, la tribune, parue dans le journal « Le Monde », avait été lue par l’actrice Lucie Lucas. Écrite par Cyril Dion et initiée par le mouvement de YouTubeurs écolos « On est prêt », cet appel s’adressait aux artistes, aux producteurs, aux techniciens du 7ème art. « Ici, dans le plus prestigieux festival de cinéma du monde, nous sommes venus lancer un appel aux artistes, aux producteurs, aux techniciens du 7ème art. […] Nous, auteurs, scénaristes, réalisateurs, acteurs, avons le pouvoir, grâce au cinéma, d’éclairer le passé, le présent autant que d’inventer le futur. C’est le moment. Nous ne pouvons pas rester sur le bord du chemin à regarder le monde partir en lambeaux. »
Une sélection dite « éphémère »
Deux ans plus tard, « Le cinéma pour le climat » est né. C’est le nom de la sélection éphémère dédiée à l’écologie lors de cette 74ème édition. Au total, 7 films dédiés à la planète ont été proposés sur la croisette : une fiction et six documentaires. Pour les organisateurs, cette sélection souhaite « incarner cinématographiquement » l’engagement du festival pour l’environnement. Thierry Frémaux affirme à ce sujet que « la prise de conscience et la défense de la planète se jouent aussi au cinéma ».
Les films sélectionnés :
La croisade de Louis Garrel (France), Marcher sur l’eau d’Aïssa Maïga (Niger-France), Invisible Demons de Rahul Jain (Inde), Animal de Cyril Dion (France), I Am So Sorry de Zhao liang (France-Chine), Bigger Than Us de Flore Vasseur (France), La Panthère des neiges de Marie Amiguet (France).
Le « cinéma durable »
Si, à première vue, le Festival de Cannes n’est pas le lieu le plus écolo de la planète, les strass et les paillettes de la croisette vont devoir s’adapter à ce changement tout comme l’ensemble de l’industrie du cinéma. Cette dernière est-elle vraiment polluante ? On est en droit de se poser la question. Quelle est l’empreinte carbone d’un film ? Peut-on réellement la calculer ? La réponse est oui. Depuis plus de 10 ans, le collectif français Ecoprod a élaboré un calculateur d’empreinte carbone nommé « Carbon’Clap ».
Pour Baptiste Heynemann, membre de ce collectif, c’est « un outil d’aide à la décision » qui permet « d’identifier les postes (déplacements des comédiens, des techniciens, créations de décors…) qui sont les plus émetteurs ». « Il permet à chaque production audiovisuelle ou cinématographique d’estimer de façon assez précise son empreinte carbone ». S’il n’existe pas de prix récompensant les films durables, la piste ne demande qu’à être explorée. Les films, à l’avenir, devront-ils afficher leur empreinte carbone ? Là encore, l’avenir nous le dira. Pour cette année, en tous cas, et toujours selon Baptiste Heynemann, le film de Cyril Dion « a fait un bilan carbone assez précis » ce qui n’est pas étonnant de la part de ce réalisateur, grand militant écologiste.
Le festival de Cannes est-il devenu, grâce à cette 74ème édition, la nouvelle tribune artistique de l’environnement, la croisette rimera-t-elle pour toujours avec planète ? L’avenir nous le dira mais les premiers engagements sont déjà bien là.
Pour en savoir plus : Festival de Cannes 2021
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