Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Les hyperandrogènes, ces femmes trop masculines

CSactu

CSactu

Désormais, les femmes athlètes disposant d’un taux de testostérone trop élevé, devront le maintenir en dessous d’un certain seuil, sous peine d’inéligibilité aux compétitions féminines d’athlétisme. Une décision lourde de sens qui amène à s’interroger sur le phénomène de l’hyperandrogénie.

Partagez ce post

Caster Semenya
Caster Semenya 

L’athlète, sud-africaine, a été couronnée championne du monde du 800 mètres à Berlin, à l’âge de 19 ans. C’est à cet instant que les doutes sur son identité sexuelle ont commencé. Un journaliste lui demande en coulisses si elle était un homme à la naissance. Doute rapidement balayé, tout d’abord par sa famille, qui présente son acte de naissance. Mais aussi par la fédération internationale d’athlétisme, qui la soumet à des tests de féminité.

Pourtant, près de 10 ans plus tard, après avoir gagné un titre olympique et un titre de championne du monde, elle ne va plus pouvoir concourir dans les grandes compétitions. À moins de se soumettre à un traitement hormonal. Le motif : son hyperandrogénie.

L’hyperandrogénie, qu’est-ce que c’est ? 

L’hyperandrogénie est définie par un excès d’androgènes (hormones masculines), circulant dans le sang. Ce qui pourrait provoquer, chez les femmes qui en sont atteintes des aptitudes particulières au sport (meilleure endurance, meilleure explosivité).

Le sujet fait débat depuis déjà plusieurs années dans le monde du sport, et plus particulièrement dans l’athlétisme. La discipline où l’on retrouve le plus grand nombre d’athlètes atteintes de cette pathologie.

La plupart du temps, l’androgénie est un phénomène génétique, indépendant de la volonté de ceux qui en sont atteints. Face aux critiques, l’athlète rétorque : “Dieu m’a créée comme je suis, je m’accepte et j’en suis fière”.

Chose qui n’est pas le cas de tous, en surtout pas de la Fédération Internationale d’Athlétisme contre qui Caster Semenya mène un combat de fer depuis plus de 10 ans !

Pourquoi la différence pose-t-elle problème ?

Les succès de ces sportifs hyperandrogènes, très présentent dans certaines disciplines, sont critiqués par l’IAAF. Selon elle, l’hyperandrogénie serait à l’origine de d’écarts de performances entre les coureuses. C’est ainsi qu’en 2011, la fédération impose des seuils de testostérone aux athlètes femmes. Celles dont les taux les plus élevés sont comparables aux plus faibles de ceux des hommes, se voient interdire les compétitions. Si elles ne suivent pas un traitement hormonal. 

Ce règlement est cassé par le TAS (Tribunal Arbitral du Sport) en 2015, après un procès mené par Duti Chang, une sprinteuse indienne, hyperandrogène. Le tribunal reconnaît que le lien entre hyperandrogénie et performance sportive n’a jamais été prouvé scientifiquement. 

Mais en avril 2018, la IAAF relance la bataille en essayant de faire passer un nouveau règlement pour imposer un seuil de testostérone aux athlètes féminines. La fédération explique vouloir préserver l’équité sur des courses allant de 400 mètres à 1609 mètres. Dans ce nouveau règlement, les sportives hyperandrogènes sont dites affectées d’une différence du développement sexuel. 

En 2018, au vu de ces accusations, Caster Semenya attaque ce règlement devant le TAS pour empêcher son application. Durant cette procédure, elle est soutenue par les autorités de son pays.

Le 1er mai 2019, le TAS maintient ce règlement. Empêchant ainsi toutes les athlètes de concourir si elles n’acceptent pas un traitement hormonal. 

Néanmoins, si Caster Semenya a perdu son procès contre la IAAF, elle a cependant gagné celui de l’opinion. Ses performances et sa personnalité charismatique lui assurent une excellente notoriété dans son pays. Elle en profite ainsi pour promouvoir le sport féminin. 

Cible de critique et de moquerie en 2009, lors de sa première victoire, elle tient aujourd’hui sa revanche. Devenue égérie d’une grande marque de vêtements de sport, classé parmi les personnalités les plus influentes au monde par le magazine Time en 2018 et extrêmement soutenue sur les réseaux sociaux, Caster Semenya a peut-être perdu une bataille. Mais pas la guerre !

Même après cet échec, l’athlète sud-africaine ne s’avoue pas vaincue. 


“Je suis très déçue par cet arrêt. Mais je refuse de laisser World Athletics me droguer, ou m’empêcher d’être qui je suis”

Caster Semenya

Promettant de se battre : “Pour les droits humains des femmes athlètes, sur la piste et en dehors. J’usqu’à ce que nous puissions courir aussi libres que nous sommes nées”.

Une injustice pour beaucoup ? 

Caster Semenya est loin d’être la seule athlète hors normes. L’athlète hyper-androgène ougandais Annet Negesa, également atteinte d’hyperandrogénie, affirme avoir subi, sans en avoir été avertie, une opération d’ablation des organes génitaux internes. Ce qui est une simple différent génétique au départ, a pris au fur et à mesure des années, une ampleur considérable. Elle est aujourd’hui au cœur de nombreuses polémiques.

Une chose est sûre, tout le monde n’est pas du même avis que la FFA. Beaucoup se demandent pourquoi un tel acharnement est appliqué contre ces femmes. 

Dans le même ordre d’idée, Michael Phelps qui, avec ses 28 médailles d’or, détient le record de titres olympiques, produit naturellement moins d’acide lactique qu’une personne lambda. Ceci lui permet de s’entraîner pendant des heures sans se sentir fatigué. Un avantage certain pour un athlète. Jamais la Fédération Internationale de Natation ne lui a demandé de modifier son patrimoine génétique. Faudrait-il également interdire les basketteurs dont la taille dépasserait un seuil limite ? Ou encore faire des catégories de poids pour les rugbymans ?
Michael Phelps est admiré pour sa singularité, pourquoi pas Caster Semenya ?

Dans le monde du sport, et malgré tous les moyens mis en œuvre pour atteindre une égalité et une parité hommes femmes, certains fléaux persistent. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette polémique n’a pas fini de faire des dégâts dans le monde du sport. Les tensions entre athlètes et fédérations ne seront pas apaisées. Tant que les deux camps n’auront pas trouvé un compromis équitable et égalitaire. Il en est même aujourd’hui devenu un réel problème de société qu’il est urgent de résoudre. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share