Boeing traverse de loin sa pire période depuis sa création en 1916 à Washington, et cette dernière ne semble pas vouloir s’arrêter. En 2019, un problème de logiciel de vol avait cloué toute la flotte de 739 max au sol. En effet, deux crashs survenus à quelques mois d’intervalle avaient entraîné la mort de 346 personnes. Ce dernier ayant été modifié, l’avion pouvant accueillir jusqu’à 500 passagers avait finalement obtenu son autorisation à déployer à nouveaux ses ailes, près de deux ans après son arrêt. (Fin janvier 2021 pour l’Europe.).
Mais moins d’un mois après cette bonne nouvelle et la remise en service des avions long-courriers, ce sont cette fois 128 avion Boeing 777 qui sont immobilisés. Un de ces appareils a subi un grave problème moteur faisant tomber une pluie de débris sur la ville américaine de Denver ; ce qui a amené l’avionneur à prendre des dispositions sur tous les avions munis du même moteur potentiellement défectueux. Personne n’a été blessé et l’appareil a pu se poser sans encombre.
Boeing reste fort et optimiste…
Boeing peut-il se sortir de cette période inédite ? Pour Hubert Arnould, directeur de ‘’Iaco’’, société de conseil spécialisée en conformité réglementaire de la sécurité de l’aviation, il ne faut pas enterrer trop vite le géant : ‘’Boeing est beaucoup trop important dans le monde de l’aviation pour disparaître. Les compagnies aériennes ont besoin de ce duel entre Airbus et Boeing pour faire jouer la concurrence et baisser les prix’’, note l’expert. Pensez que Boeing ne s’en sortira pas, ce serait laisser Airbus en position de monopole, ce qu’aucune compagnie aérienne ne souhaite. De fait, ces dernières vont faire attention à continuer de passer des commandes à Boeing, car c’est le seul en mesure d’offrir un duel à Airbus.
Le coût médiatique est important, mais pas le coût financier.
L’affaire des ‘’triple 7’’ ne représente finalement pas grand-chose. Il s’agit d’un problème de moteur, pas d’appareil, ce qui est de la responsabilité du constructeur moteur et des compagnies aériennes et non de Boeing. Le modèle n’est pas en cause, et c’est en plus un vieil avion. surtout comparé à l’affaire 737 MAX. Au final, Boeing paierait plus dans cette affaire la similitude avec le 737 MAX, notamment une flotte d’avions immobilisés, que de réels torts. Néanmoins, certaines compagnies pourraient en profiter. À cause de cette crise médiatique de Boeing, certaines compagnies vont profiter pour annuler ou repousser certaines commandes. Non pas pour se tourner vers Airbus, mais pour s’adapter à la chute du trafic aérien. En conséquence, cette période délicate pour le géant américain serait synonyme de pertes de Boeing et non de réel profit pour Airbus.
De plus, Boeing a la chance d’être soutenu par le gouvernement américain, pour lequel il est hors de question de perdre ce fleuron de l’industrie. Les États-Unis, notamment par leur armée, ont passé de nombreuses commandes de Boeing après la crise du 737 max en 2019, pour soutenir le géant. Comparé à Airbus, Boeing a en effet une part bien plus importante dans le militaire.
Tout de même une ‘’bonne nouvelle’’ pour Airbus…
En s’occupant de remettre sur pied le 737 Max et en l’inspectant sous toutes ses formes pour vérifier qu’il n’y ait plus aucun problème, les ingénieurs de Boeing ont consacré un temps énorme, « temps qui aurait dû être dévolu à la création de nouveaux appareils », appuie Xavier Tytelman. De fait, si pour l’instant, Airbus ne profite pas pleinement des déconvenues de son adversaire, il est peut-être en train de prendre dans l’ombre un avantage décisif. Xavier Tytelman toujours : « les nouvelles générations d’avions pourraient voir un écart conséquent entre Airbus et Boeing à cause du 737 Max. » Un problème que Boeing risque donc de se traîner comme un fardeau encore longtemps.