Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Pourquoi les réunions non-mixtes font elles polémique ?

Louis Brand

Louis Brand

Étudiant à Sciences Po Paris - campus franco allemand de Nancy. Particulièrement intéressé par les relations internationales et les questions relatives à la sécurité/défense à l'échelle européenne notamment.
Interrogée sur les réunions non-mixtes, l’adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar a provoqué un tollé en affirmant qu’il est possible, dans un groupe de parole entres personnes touchées par le racisme, de demander à une personne blanche de « se taire ». Ces propos ont aussitôt embrasé le débat public et la classe politique, divisée sur la question.

Partagez ce post

manifestation

Interrogée sur les réunions non-mixtes, l’adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar a provoqué un tollé en affirmant qu’il est possible, dans un groupe de parole entres personnes touchées par le racisme, de demander à une personne blanche de « se taire ». Ces propos ont aussitôt embrasé le débat public et la classe politique, divisée sur la question.

Survenant une semaine après les déclarations polémiques de la Présidente de l’UNEF, Mélanie Luce, qui avait défendu l’organisation de réunion « non-mixtes » pour « permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent », les propos d’Audrey Pulvar ont souligné les divisions entre la gauche et la droite. 

C’est parmi la droite et l’extrême droite que la plupart des critiques ont fustigé. Le Président des Républicains, Christian Jacob, a affirmé : « En France, il y a une seule communauté : la communauté nationale. On ne peut pas être enjoint de parler ou de se taire en fonction de sa couleur de peau ou de son origine », tandis que Jordan Bardella, vice-Président du Rassemblement national se demandait : « C’est cette gauche qui patauge dans l’islamo-gauchisme et la haine des Blancs qui aspire à présider la première région de France ? ». 

Candidate socialiste aux élections régionales en Île-de-France, Audrey Pulvar s’est aussi attisé les critiques de sa future concurrente Valérie Pécresse : « Dans ma région, aucun habitant ne doit être discriminé pour la couleur de sa peau. Il n’y a pas de racisme acceptable ».

Les réunions non-mixtes ne sont pourtant pas nouvelles. En France, la non-mixité s’est développée avec le Mouvement de libération des femmes au lendemain des évènements de mai 68, permettant de « libérer la parole des femmes du fait qu’il n’y ait pas d’hommes pour nous expliquer la libération, la révolution et ce qu’était notre devenir » selon les dires de la spécialiste de l’histoire des femmes Marie-Jo Bonnet. 

Si ce genre de réunions fait autant parler en ce moment, c’est parce qu’il porterait atteinte aux « valeurs de la République, qui est une et indivisible ».Jean Michel Blanquer a ainsi reproché à l’UNEF un projet ségrégationniste pouvant mener à « des choses qui ressemblent au fascisme ».Ces propos font échos au tabou qui règne en France sur le terme de « race ». Logique inhérente au pacte républicain et universaliste français, les différences raciales sont ignorées par peur d’en valider une dimension naturelle et établie. 

Audrey Pulvar s’est ainsi justifiée dans un tweet : « Les réunions non mixtes ne portent pas que sur des questions de couleur de peau. Oui, dans une réunion non-mixte LGBTQ+, en tant qu’hétéro, je me tairais, j’écouterais ». 

Audrey Pulvar

Si les propos d’Audrey Pulvar ont été vus comme une atteinte à l’unicité de la République, d’autres ont dénoncé ces réactions comme étant des moyens de déformer totalement le militantisme antiracisme en invoquant des non-sujets comme l’islamo-gauchisme et le racisme anti-Blancs. Le député européen Vert David Cormand a ainsi tempéré : « Au nom de la République, certains font passer les militants.es antiracisme pour des racistes et les luttes d’émancipation pour du repli identitaire. Cette grande confusion qui confond universalisme et uniformité pourrit le débat démocratique ».

L’adjointe d’Anne Hidalgo a pu en revanche bénéficier de soutien parmi la gauche : « Audrey Pulvar n’est pas raciste ! Elle a juste compris ce qu’est un groupe de parole. Ceux qui se jettent sur elle, par contre, n’arrivent pas à cacher leur pente sexiste et discriminante. Le débat public s’effondre ». Jean Luc Mélenchon ajoutait : « Le PS va-t-il défendre sa candidate en Île-de-France ? », faisant référence au désordre qui règne parmi les candidats socialistes. 

Anne Hidalgo, quant à elle, sollicitée à réagir aux propos de son adjointe, n’a pas voulu prendre part à un « débat qui n’a pas lieu d’être »,même si elle a souligné la dangerosité de ce genre de réunions, contraires selon elle aux valeurs républicaines. 

Finalement, il semble que ce débat fait bien plus de bruit qu’il ne devrait, relevant plus d’une guérilla menée par les partis dans l’optique de se forger une identité, en vue des élections régionales de juin et des élections présidentielles de 2022. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share