Agé de 44 ans, Alexeï Navalny est l’un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Depuis vingt ans, la politique russe s’est affermie et est devenue de plus en plus musclée et rude : les opposants au régime sont réprimés et souvent soumis à des emprisonnements. Très puissante sur la scène internationale, la Russie se voit tout de même associée à un régime presque dictatorial, dont le chef n’est personne d’autre que Poutine, au pouvoir depuis 20 ans.
La Russie de Vladimir Poutine
La Russie est un pays doté d’une richesse géographique irréfutable. S’étalant sur l’Europe et l’Asie du Nord, cet État couvre une large réserve de ressources minières et énergétiques, notamment avec le pétrole et le gaz. Cela fait du pays l’un des plus puissants et dominants sur la scène internationale. Cette place est renforcée grâce à la qualité et le potentiel de son industrie (acier, aérospatiale…) et bien sûr, par la détention de l’arme nucléaire.
La Russie actuelle, c’est-à-dire en tant qu’État fédéral, se forme suite au démantèlement de l’URSS, en 1991. Cet État, plutôt récent, a connu de nombreuses difficultés économiques. Si Vladimir Poutine avait réussi à guérir ces maux financiers, il a transformé la crise économique en crise sociale et politique.
Vu comme un chef autoritaire et autocratique, Vladimir Poutine est visé par les défenseurs de la démocratie. Ces derniers dénoncent un système bordé de corruption avec les fraudes électorales, la répression des manifestants, et la menace constante. Si cela peut en refroidir quelques-uns, ce n’est pas le cas de Navalny.
Navalny : un personnage clé dans la lutte contre la corruption
Navalny est l’un des opposants russes les plus engagés. Fondateur de la Fondation anti-corruption, il dénonce et se bat contre le système russe. Personnage plutôt gênant pour le pouvoir, il est arrêté à de multiples reprises et écope d’une peine d’emprisonnement. Condamné pour détournement de fonds, Navalny se voit écarté de la scène politique et inéligible jusqu’en 2028. Ainsi, son projet de candidat aux présidentielles de 2018 tombe à l’eau. Il dénonce une nouvelle fois la corruption et la manipulation faite par les élites qui ne cherchent qu’à dominer et s’enrichir. Durant cette même année, il sera condamné plusieurs fois à des peines d’emprisonnement pour avoir orchestré des manifestations contre le chef de l’État.
Mais de plus en plus oppressant et dérangeant pour le parti de Poutine, l’étau se resserre sur Navalny. Alors âgé de 43 ans, en 2019, il frôle la mort suite à un probable empoissonnement. Même scénario en 2020, où il est victime d’un malaise. Inconscient, il est transféré en Allemagne où il y est hospitalisé. Si Moscou réfute ces accusations, les laboratoires allemands penchent pour la thèse de l’empoisonnement au Novitchok. De même pour Navalny qui, à son réveil, accusera Poutine d’être derrière tout cela.
Le retour en Russie de Navalny.
Le 17 janvier 2021, Navalny décide de quitter l’Allemagne pour retourner en Russie. Aussitôt arrivé, il est arrêté par les services de police pour ne pas avoir respecté sa condamnation. Cependant, cette arrestation ne l’a pas empêché de diffuser, sur la plateforme YouTube, un documentaire choc dénonçant une fois de plus le système de corruption. Pour prouver la véracité de ses propos, l’opposant russe a enquêté sur la demeure de Poutine, le palais de Guélendjik, au bord de la Mer Noire. Cette propriété, s’étendant sur près de 18 000 m2, serait majoritairement financée par des hommes – très fortunés – en échange d’accords sur, par exemple, l’exportation de matières premières. Estimée à plus d’1.12 milliards d’euros, cette demeure abriterait, selon Navalny, l’homme le plus riche du monde. Pourtant, en 2019, Poutine n’avait déclaré que 105 000 euros de revenus.
Bien entendu, ces lourdes accusations de corruption sont démenties et niées par le Président de la Fédération de Russie.
Des contestations massives
Visionné des millions de fois, le reportage choc de Navalny a révolté et indigné la population russe. Normalement incarcéré jusqu’au 15 février, Navalny a de nouveau été condamné à trois ans et demi de prison ferme, le mardi 2 février. Il a alors appelé le peuple russe à manifester dans les rues au nom de la démocratie. Ainsi, depuis, d’immenses manifestations sont organisées pour demander la libération de Navalny et pour dénoncer les abus de pouvoir et les injustices liées à une élite qui s’accapare des richesses.
En dehors de la Russie, nombreux sont les pays qui dénoncent cette condamnation. Si la France réprimande cette décision en montrant du doigt l’irrespect des droits humains comme celui de la liberté démocratique, cette affaire semble aussi crisper les relations entre Russie et Union européenne. En effet, lundi, l’Allemagne, la Pologne ou encore la Suède ont expulsé des diplomates russes.
Cependant, les liens économiques qui associent la Russie et l’UE empêcheraient l’Europe d’élaborer une stratégie de pression plus importante sur l’influant et dominant Vladimir Poutine…
Perrine Turgault – 11/02/21
