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Prochaines élections de la chancellerie allemande : quels enjeux ?

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Léna Durcik

Après 16 ans de "merkélisme" et dans le cadre d’une crise sanitaire, et potentiellement économique et sociale, l’enjeu des prochaines élections de la chancellerie, qui doivent se tenir en septembre, est décisif.

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L’important héritage d’Angela Merkel

Angela Merkel est chancelière depuis bientôt 16 ans. Bien que populaire dans le pays, elle a annoncé ne pas vouloir se présenter pour un cinquième mandat. Née dans l’ancienne République démocratique allemande, elle représente la première chancelière née post-seconde guerre mondiale et détient le second record de longévité en tant que chancelière dans la Bundesrepublik Deutschland, c’est-à-dire l’Allemagne fédérale telle que recomposée après 1945 et rejointe par l’ancienne RDA en 1990. Lors des élections de 2015, elle avait obtenu une faible majorité, ce qui l’avait contrainte à s’allier dans une « Grosse Koalition » (Grande coalition) après des mois de négociations avec le SPD, le Sozialdemokratische Partei Deutschlands. Or, avec sa gestion de la crise sanitaire, elle est particulièrement appréciée au niveau national et international.

Angela Merkel appartient à l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne, le CDU (Christliche Demokratische Union Deutschlands), un des grands partis politiques de centre-droite. Fondé en 1945, il a en effet une orientation libérale-conservatrice. L’actuelle chancelière se situe à l’aile gauche de son parti, ce qui lui vaut d’ailleurs un certain nombre de critiques de ses pairs. Elle a en effet instauré en 2015 un salaire minimum, mesure proposée traditionnellement par les grands partis de gauche allemand. De plus, toujours en 2015, elle a décidé d’accueillir 1 million de migrants, symbole particulièrement fort à ce moment où l’Europe connaissait une crise migratoire. Sur le plan politique, elle est considérée comme un politicienne rigoureuse, persévérante et très rationnelle.

Angela Merkel en 2021

Au cours de la dernière décennie, elle a joué un rôle important pour la construction européenne. C’est par exemple au cours de son mandat qu’a été traité le Brexit. En outre, l’actuelle Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été ministre sous Angela Merkel. Récemment, la décision du plan de relance européenne qu’elle a prise en grande partie avec Emmanuel Macron correspond un tournant sans précédent pour l’histoire de l’Union : pour la première fois les 27 pays s’endettent en commun. Il convient cependant de rappeler qu’Angela Merkel n’a jamais manifesté un enthousiasme idéologique pour l’Europe mais est favorable à l’unité et la stabilité permise par la construction européenne dans un monde de plus en plus multipolaire.

Un paysage politique en recomposition

Les deux partis traditionnels allemands sont le CDU, déjà évoqué, et le SPD, le Sozialdemokratische Partei Deutschlands. Depuis la fondation de la République fédérale d’Allemagne en 1949, les 8 chanceliers appartenaient tous à un de ces deux partis. Au Bundestag allemand, l’équivalent du Parlement, ces deux partis sont les plus représentés, avec 246 parlementaires pour le CDU et 153 parlementaires pour le SPD. Or, on peut observer depuis quelques années non seulement l’émergence de nouveaux partis mais aussi la montée des extrêmes.

Tout d’abord, le SPD et le CDU ne détiennent le monopole de la gauche et de la droite traditionnelle. En effet, pour le cas du SPD, le parti « Die Linke » (La gauche) a été créé en 2007 par l’aile la plus à gauche du SPD, en désaccord avec des mesures économiques libérales prises au début des années 2000 sous le chancelier Gerhard Schröder, représentant du SPD.

Ensuite, l’extrême droite obtient de plus en plus de voix, représentée depuis 2013 par l’Afd, Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allamagne). Ce parti eurosceptique, conservateur, anti-islam, anti-immigration et ultra-nationaliste essaye de capitaliser des voix parmi les contestataires des mesures sanitaires.

Enfin, die Grünen, les verts, voient leur popularité croître. Fondé en 1980, ce parti obtient de plus en plus de voix parmi les européistes. Depuis 2011, un membre du parti, Winfried Kretschmann, occupe pour la première fois un poste de Ministre-Président, c’est-à-dire le plus haut poste de gestion d’un Land, l’équivalent des divisions régionales allemandes.

Dans la perspective des nouvelles élections, les sondages prévoient 27 à 28 % des intentions de vote pour le CDU-CSU – le CSU était le parti bavarois du CDU – et 20 à 23 % pour les Grünen. Les autres partis sont situés sous 20 %, le SPD arrive en troisième place dans les sondages, avec 15 à 17 % d’intention de vote.


La composition des sièges au Bundestag  – Noir : CDU/CSU ; Rouge : SPD ; Jaune: FDP ; Vert : Grüne ; Violet : Linke ; Bleu : Afd
Source : Bundeszentrale für politische Bildung
Entre continuité et rupture, des enjeux multiples pour les candidats à la prochaine chancellerie

Armin Lashet a été élu Président du CDU et sera donc le représentant du parti pour la chancellerie. Actuellement Président de la région la plus peuplée d’Allemagne, la Rhénanie du Nord-Westfalie, il s’inscrit dans la continuité de la politique d’Angela Merkel. C’est un homme politique conciliant mais qui n’est pas très populaire parmi la population allemande. C’est un véritable défi que de réussir à représenter le CDU après 16 ans d’incarnation par Angela Merkel. De surcroît, le parti est divisé – ce n’est en effet qu’après de longs mois de campagne qu’a finalement été élu à une faible majorité Armin Lashet, Président en janvier 2021.

Les Verts présentent Annalena Baerbock, une jeune quarantenaire dynamique. C’est la première fois que ce parti est le principal adversaire des conservateurs, et ils présentent à leur différence une image unie et un programme précis, très européiste et pro-écologie. Bien que relativement inexpérimentée en politique, l’actuelle prétendante au poste de chancellerie fait valoir qu’elle pourrait réellement marquer un tournant dans le contexte à venir du monde post-covid. Partisane du réalisme en politique, un programme clair a été annoncé : impôt sur les grandes fortunes, investissement de 50 milliards d’Euro pour l’éducation, le soin à la personne, le numérique, les énergies vertes.

Enfin, le SPD est représenté par Olaf Scholz, l’actuel ministre des Finances. Lors de la pandémie, il a joué un rôle important en débloquant des fonds pour un plan de relance alors que la rigueur budgétaire était une règle d’or pour le pays. Le programme du parti est intitulé « Zukunft. Respekt. Europa » (Futur – Respect – Europe) propose des mesures fortes telles que l’augmentation du salaire minimum à 12 euros, la réforme des aides sociales, protection du climat comme moteur de l’emploi, renforcement de la construction européenne. Le SPD cherche à se démarquer des Grünen et de die Linke, à la fois en s’appuyant sur son caractère historique – c’est le plus vieux parti allemand – tout en se renouvelant pour s’adapter aux nouveaux défis.

En conclusion, rappelons l’importance de l’héritage de Merkel et le challenge de son successeur face aux défis d’une Europe troublée par la pandémie de la Covid. En Allemagne, les conséquences sociales et économiques de la crise sanitaire sont susceptibles de renverser rapidement la popularité d’un candidat…

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