Avec sa victoire sur Daniil Medvedev en finale de l’US Open (6-3, 7-6, 6-3), Djokovic a obtenu son quatrième Petit Chelem en carrière (victoire sur trois des quatre Majeurs de la saison). Capable de se réinventer à 36 ans, le Serbe affiche une condition physique impeccable et une grande intelligence de jeu. Il n’a jamais semblé aussi mature et en contrôle sur un court que cette saison. Après l’imbroglio lié à sa vaccination contre le Covid-19, il n’avait pas pris part à l’Open d’Australie et à l’US Open en 2021. Son retour, revanchard, a été payant, avec une efficacité stupéfiante.
Domination outrageuse
Habitué à être mis en danger dans tout type de rencontre, Djokovic n’a pas traîné cette saison. Sur les 28 rencontres de Grand Chelem qu’il a disputées, il n’a laissé que 10 sets à ses adversaires. À titre de comparaison, sur ses autres années de Petit Chelem, il en concède 22 en 2021, 14 en 2015 et 13 en 2011. Orphelin de Roger Federer et Rafael Nadal (qui devrait faire son retour en 2024), le public n’a pas eu beaucoup d’occasions de s’enthousiasmer avant une rencontre cruciale de Djoko. Et c’est bien la principale frustration qui ressort de cette saison. On aurait souhaité voir ce Novak face à une plus grande concurrence.
Les joueurs de la « Next Gen », principaux adversaires de Djokovic en 2021, se sont presque éloignés de son niveau : Stéfanos Tsitsipas n’a rien pu faire en finale de l’Open d’Australie face au Joker et à son efficacité au tie-break (6-3, 7-6, 7-6) ; Alexander Zverev peine à retrouver la première partie du Top 10 ; Medvedev maintient un niveau plus régulier, mais reste encore un cran en dessous du Serbe, à l’image de la finale de l’US Open. Casper Ruud a atteint 3 finales de Grand Chelem en deux ans, mais n’est pas une menace pour le moment.
Chez des joueurs plus jeunes, Jannik Sinner et Holger Rune progressent et pourraient dépasser leurs ainés. Mais ils ne boxent pas encore dans la catégorie du Serbe. Rune est toutefois le seul qui domine Djokovic dans son bilan, avec ses deux victoires en Masters 1000, à Bercy en 2022 et à Rome cette année. Un seul joueur sur le circuit peut se présenter face à Djokovic pour lutter à armes égales : Carlos Alcaraz.

Les joutes avec Alcaraz comme éclaircies de la saison
Les rencontres opposant Carlos Alcaraz, prodige espagnol de 20 ans, à Nole, ont été sans conteste les instants les plus excitants de la saison. Jamais opposé à Djoko après avoir acquis le statut de n°1 mondial et l’obtention de son premier Grand Chelem, « Carlito » s’est fait attendre. Absent en Australie, c’est en demi-finale de Roland-Garros qu’il croise enfin la route du Serbe. Après deux premiers sets de haut vol, le sort de la rencontre a été sèchement coupée par les crampes de Carlos Alcaraz. Incapable de reprendre le rythme, l’Espagnol n’a rien pu faire (6-3, 5-7, 6-1, 6-1). Frustration immense pour ceux qui attendaient enfin une rencontre anthologique après une première partie de saison peu emballante.

Cette rencontre aura quand même lieu, à Wimbledon. Dans une finale aux airs de Federer-Nadal 2008, un jeune espagnol fait tomber le maître incontesté du gazon sur le Court Central, après un combat acharné de près de 5 heures. Battu dans le premier set 6-1, Alcaraz fait l’exploit de mettre fin à la série de 15 jeux décisifs remportés par le Serbe en Grand Chelem. Héroïque au 5e, Carlito prendra l’avantage et ne le lâchera plus (1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4). Ce sommet « sauve » presque cette saison. Autant pour le niveau de jeu affiché que pour l’exploit colossal d’Alcaraz. Il lance également une nouvelle rivalité, puisque les deux s’affronteront en finale du Masters 1000 Cincinnati dans un nouveau combat grandiose, qui a tourné cette fois à l’avantage du Serbe (5-7, 7-6, 7-6). Le plaisir que prend Nole face à son nouveau rival se ressent. Les deux se témoignent un grand respect, ce qui donne lieu à des échanges amusants, comme après cette finale.
Un changement de situation pas évident
Cependant, ces oppositions ont été trop rares en 2023. À l’US Open, face à un Daniil Medvedev à son tout meilleur niveau, Alcaraz n’a pas pu rallier la finale. Impossible d’attendre de lui à 20 ans une régularité qui l’emmènerait à ce stade à chaque fois. Mais force est de constater que les rencontres prennent une tout autre dimension lorsque c’est lui qui est opposé à Djokovic.
Cette situation rend les affrontements entre les deux premiers du classement ATP attendus et excitants. Mais il est déplorable que le reste du circuit peine autant à trouver la recette contre le Serbe. Et pour que la saison suivante ne soit pas dans cette lignée, compliqué d’attendre une baisse de niveau significative de Novak, tant il paraît sûr de ses forces. L’équation est simple : ses adversaires devront hausser le ton pour le faire tomber, ou seul Alcaraz pourra à nouveau venir jouer le trouble-fête.