Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Soul : L’ode à la vie de Pixar

Picture of Alexandre Manevy

Alexandre Manevy

Directeur du pôle culture chez CSactu.
En ces temps confinés, il peut être difficile de se divertir entre deux heures de travail à distance. Étant bloqués à la maison, il faut trouver des moyens de nous évader tout en restant entre quatre murs. Le cinéma est tout désigné pour cela : quoi de mieux qu’un film pour rassembler toute la famille, le temps d’un visionnage qui apportera bonne humeur et chaleur au foyer ? En la matière, parvenant à réunir et séduire petits et grands, les studios Pixar ont toujours fait fort ; ce qui s’est vérifié avec leur dernier métrage : le brillant Soul. Ainsi, afin d’oublier le temps d’un instant l’actualité morose du cinéma, nous vous conseillons un film à regarder en famille, entre amis, ou bien seul devant la lueur réconfortante de vos écrans. Un film qui saura vous ravir et vous faire du bien durant cette période où nous en avons tous tant besoin.

Partagez ce post

La polémique Disney+

Sorti tel un cadeau de Noël de la hotte de Disney le 25 décembre 2020, Soul présente la particularité de n’avoir pas connu de projection sur grand écran, contrairement à ce à quoi il était initialement destiné. Le film réalisé par Pete Docter aurait dû en effet paraître dans nos cinémas en juin dernier, avant d’être repoussé à octobre en raison de la pandémie de Covid-19. Mais les jeux de la distribution feront que Disney, à qui appartient Pixar depuis son rachat en 2006, lui préfèrera finalement une sortie exclusivement sur sa propre plateforme de streaming : Disney+. 

Cette décision sera mal accueillie, et Soul fera avant même sa sortie l’objet d’une levée de boucliers de la part des cinéphiles du monde entier. À l’instar de films tels que Mulan, ayant également été évincé des salles de cinéma, ou de Raya et le Dernier Dragon, présenté simultanément en streaming et en projection aux États-Unis, Disney fait le choix de prioriser ses sorties sur internet. Cela sera aussi le cas de Luca, la prochaine production Pixar attendue pour cet été, prévue pour apparaître uniquement sur Disney+.

Une telle politique empêche alors aux spectateurs de découvrir les longs-métrages dans les conditions pour lesquels ils ont été pensés, ôtant la magie et le grandiose des salles obscures. 

D’un point de vue économique également cet avènement du streaming dans les films de la firme aux grandes oreilles fait débat. Nombreuses sont les productions Disney à précipiter les foules dans les cinémas du temps de leurs sorties, accroissant de manière significative leurs recettes et taux de fréquentation. 

En écartant ainsi des salles de potentiels « blockbusters », le géant de l’animation se voit critiqué pour son manque d’apport et de soutien à un milieu déjà mis à mal par l’explosion des plateformes numériques. 

C’est donc dans ce contexte de véritable boycott envers Disney que sort Soul, le nouveau-né des adorés studios Pixar. Et malgré la polémique et la controverse, le film ne manquera pas d’être immensément apprécié et reconnu comme étant l’un des meilleurs films de l’année. 

Un film remarqué par les plus grands 

Aujourd’hui, la simple évocation du nom de Pixar inspire la confiance en un matériau de qualité, le studio ayant depuis son premier film Toy Story en 1995 plus que fait ses preuves en enchaînant succès publics et critiques. Autrice d’une vingtaine de métrages désormais cultes comme Les IndestructiblesLe Monde de Nemo ou encore Là-Haut, la firme nous revient en 2020 avec cette fois-ci deux films : En Avant de Dan Scanlon, sorti en mars dernier sur nos grands écrans pour sa part, et donc Soul, en fin d’année.

Si tous deux ont été acclamés par les spectateurs, amateurs comme expérimentés, et nommés dans la catégorie Meilleur film d’animation à la cérémonie des Golden Globes comme à celle des Oscars pour les éditions de 2021, c’est bien Soul qui s’en tire avec le plus d’honneurs. 

De fait, le film est resté pendant plus d’un mois celui ayant été le plus « streamé » sur la plateforme de Disney, pour toujours figurer dans les tops aujourd’hui encore. 

Mais surtout, Soul n’est pas passé sous les radars des professionnels du milieu cinématographique : après avoir remporté le Golden Globe du Meilleur film d’animation, le long-métrage de Pete Docter est en lice pour la même récompense aux Oscars, se tenant le 25 avril prochain à Los Angeles. Il cumule également deux autres nominations, dans les catégories du Meilleur son et de la Meilleure musique de film. Il semblerait que, là aussi, Pixar ne repartira pas les mains vides de la soirée. 

Soul s’apparente donc à un « must-see », un film que tout le monde devrait regarder, mais quels sont les éléments qui en ont fait une telle œuvre majeure ? 

La critique de Soul

Dans l’inconscient collectif revient souvent l’idée que « les dessins animés c’est pour les enfants ». Il est de fait que nous avons tous des souvenirs d’enfance que nous assimilons à un ou plusieurs films d’animation, ou même une pellicule sortant du lot qui nous aura bercés. Bien souvent nous revenons avec un sentiment doux-amer de nostalgie, tel une madeleine de Proust, nous blottir au sein de ces images et couleurs qui nous ont accompagnés plus jeunes. Ces métrages qui ravivent le souvenir fugace d’une scène de convivialité familiale où, agglutinés sur le canapé, nous découvrions dans un instant de sécurité absolue le dessin animé tant attendu. 

Cela peut être un Disney, ou pour certains un Pixar, ou encore pour d’autres un Ghibli. Ce qui est sûr, c’est que nous avons tous un dessin animé de notre enfance. 

Cependant non. Les dessins animés, ce n’est pas que pour les enfants. Les studios suscités et bien d’autres encore se sont évertués au fil des années à créer des histoires, des images, des thématiques, qui parleront bien évidemment aux enfants, mais également aux adultes. Un difficile équilibre pour parvenir à une balance parfaite entre rires et larmes, entre parler aux petits comme aux grands. 

Nombreux sont les dessins animés qui auront su toucher et passionner toutes les tranches d’âge. Et Soul, plus que n’importe lequel auparavant, y sera parvenu. 

Soul est né de l’imaginaire de son réalisateur, Pete Docter, véritable ponte chez Pixar, ayant scénarisé nombre de films et réalisé trois autres classiques du studio que sont Monstres et Cie en 2001, Là-Haut en 2009 et Vice-Versa en 2015. Trois autres films faisant preuve d’une maturité certaine cachée derrière une apparence enfantine, dissimulant une profondeur de lecture et d’analyse beaucoup plus importante qu’il n’y paraîtrait. 

Le metteur en scène nous revient donc en 2020 avec Soul, aboutissement virtuose de sa filmographie, condensé de ce qui faisait ses œuvres précédentes des pièces d’art à part entière. 
Mais tout d’abord, de quoi ça parle ? 

Joe Gardner est professeur de musique dans une école du Manhattan de nos jours. Son domaine de prédilection, c’est le jazz. Aussi n’hésite-t-il pas, afin d’arrondir les fins de mois, à se présenter dans des petits clubs de la ville pour performer avec d’autres passionnés comme lui. Cependant, il lui est difficile de laisser libre court à sa passion, se sentant limité par les aléas et les impératifs de la vie. 

Un jour se présente à lui l’occasion de jouer avec une grande musicienne de jazz qu’il admire, celle avec qui il avait toujours espéré improviser le temps d’un bœuf. Mais alors qu’il est en route pour sa nouvelle vie, Joe meurt. 

Il se retrouve entre la vie et l’autre monde, se battant de toute son âme pour retourner dans le monde des vivants. Sa route croisera celle de 22, une âme fraîchement « née », qui n’est encore jamais allée sur Terre et qui, elle, se bat pour ne pas avoir à commencer une vie. 

Vous l’aurez donc compris, Soul, dans les thématiques qu’il aborde, n’a rien d’un film pour enfants. La passion, la dépression, la découverte de soi, mais encore et surtout le rapport à la vie et à la mort, le film questionne nos propres peurs et interrogations afin de les sonder et de les analyser en profondeur. Bien que l’animation et le traitement, le film étant bien souvent réellement drôle, parleront sans souci aux plus jeunes, les messages invoqués et transmis seront compris pour la plupart par les adultes. Si bien qu’ils pourront parvenir à nous toucher et à nous faire réfléchir sur notre propre condition plus que l’on aurait pu l’imaginer. 

Outre ses messages, Soul est également une prouesse visuelle, expérimentant à chaque instant. Le détail accordé à l’animation relève du sublime, tentant de mélanger différents styles en un seul et même film. C’est ainsi qu’au milieu de personnages réalistes seront animés d’autres beaucoup plus fantasmés, à l’image de ces petites âmes pelucheuses. Soul travaille également sur un design plus original, faisant le pari réussi et très décalé d’ajouter des personnages en deux dimensions, représentés par de simples traits plats, au milieu de toute cette animation beaucoup plus lisse et à priori perfectionnée. 

La patte graphique de Soul se retrouve être alors extrêmement ludique, jouant constamment entre différentes dimensions, différents angles, différentes couleurs qui se croisent et se mélangent, tout en parvenant à conserver un ensemble cohérent et magnifique. 

Le film traitant du jazz, la musique de Soul se devait de disposer d’une bande originale marquante. Et tel a été le cas grâce aux compositeurs Jon Batiste, Trent Reznor et Atticus Ross. Ces deux derniers sont les fidèles collaborateurs de l’immense réalisateur David Fincher depuis quelques années sur des films comme Gone Girl ou The Social Network. Pour ce dernier, les deux musiciens avaient été récompensés par l’Oscar de la Meilleure musique de film, récompense à laquelle ils prétendent encore doublement cette année en étant nommés pour le très bon Mank de Fincher (encore lui !) mais également, donc, pour Soul.

Évidemment très influencée par des vibes jazz parfaitement retranscrites, la bande originale du film de Pete Docter brille surtout pour ses envolées beaucoup plus expérimentales. Afin de coller à l’esthétique complètement imaginaire d’un au-delà fantasmé et de rythmer des scènes de pure folie visuelle, le trio de compositeurs invoque synthétiseurs et partitions parfois beaucoup plus modernes et moins conventionnelles. 

Ainsi, à l’image du jazz, genre qui s’est historiquement développé en revendication d’un style nouveau, différent et sans convention, la musique de Soul expérimente et innove à chaque instant, livrant une composition magnifique, marquante et onirique. Préparez-vous à l’ajouter à votre playlist… 

Soul est donc un film empreint d’une vitalité et d’une maturité sans précédents. Véritablement drôle mais aussi immensément juste et touchant, le long-métrage risque de venir creuser dans vos questionnements les plus profonds, vous laissant une marque indélébile mais indispensable. 

Soul est une œuvre majeure, une œuvre qui fait beaucoup de bien, probablement le meilleur film de l’année 2020, qui risque certainement de vous faire beaucoup pleurer, rire, réfléchir et pleurer encore. Un film qui donne envie de vivre, plus que jamais. Et n’est-ce justement pas là la marque des grands films ?

Source de l’image mise en avant : https://images.app.goo.gl/JR9dA5bLM7TwGLr98

1 comment
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share