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Zohran Mamdani à New York : un programme social ambitieux… mais réalisable ?

Marie Brégère et Lola Terrien-Garcia, étudiantes de 19 ans en sciences politiques à Lyon s’interrogent sur les mesures politiques que Zohran Mamdani souhaite mettre en place à New York ? Et si celles-ci sont-elles réalisables ? 

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Photo by Johnny Nunez/WireImage/GettyImage
Photo by Johnny Nunez/WireImage/GettyImage

Zohran Mamdani est un homme politique américain né en 1991 en Ouganda à Kampala. Il est membre du Parti démocrate et des socialistes démocrates d’Amérique, il est élu en 2020 membre de l’assemblée de l’État de New York après s’être engagé dans la campagne de plusieurs candidats socialistes démocrates. Lors des primaires municipales démocrates le 24 juin 2025, Zohran Mamdani est élu candidat du parti puis remporte avec 50,4% des voix les élections municipales le 4 novembre 2025. Lors de son investiture le 1er Janvier 2026, il deviendra alors le 111e maire de New York, le plus jeune maire depuis 1892, le premier se revendiquant socialiste et le premier de confession musulmane. 

Réduction du coût de la vie pour les New-Yorkais

Zohran Mamdani a choisi de lutter contre le coût de la vie à New York, la ville la plus chère du monde. Il a affirmé vouloir geler les loyers de 2 Millions de locataires, de rendre la garde d’enfant gratuite pour les New Yorkais, de rendre les bus gratuits et plus rapides puis de créer un réseau d’épiceries municipales à prix bas. Selon le New York Times, la mesure politique sur la garde des enfants coûterait 6 milliards à la ville, les bus gratuits 800 millions et les épiceries 60 millions. Ce programme coûterait 7 milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Le gel des loyers n’aurait lui aucun impact sur le budget de la ville selon le New York times. 

Cependant, Donald Trump a menacé de réduire voir couper les fonds à la ville si Zohran Mamdani était élu : “Il me sera difficile, en tant que président, de donner beaucoup d’argent à New York, car si un communiste dirige New York, vous ne faites que gaspiller l’argent que vous y envoyez.”, a-t-il déclaré avant les élections. 

En effet, Donald Trump avait qualifié Zohran Mamdani de “communiste fou à 100 %” et le nouvel élu à la mairie de New York avait lui qualifié le président américain de “despote” et de “fasciste”. 

Ce vendredi 21 novembre, ces derniers se sont rencontrés dans le bureau oval et ce qui devait être “un affrontement s’est au contraire déroulé dans la bonne humeur, avec des sourires”, affirme The New York Times. De nombreuses critiques ont souligné “l’hypocrisie” de Donald Trump et ont qualifié cette rencontre de “théâtre politique”. Steve Bannon a lui été l’une des rares personnes à offrir un récit différent de la rencontre. Dans son podcast War Room, il a émis la possibilité que cette attitude amicale de la part du président Donald Trump envers le futur maire de New York était en fait un piège stratégique : “Il va donner un coup de pouce à Mamdani, dont les politiques vont ruiner la ville, puis Trump le laissera s’effondrer parce que c’est un djihadiste marxiste.”

Photo by Andrew Harnik/Getty Images

Comment souhaite-t-il financer ces mesures coûteuses ? 

Afin de financer ces projets de réduction du coût de la vie New Yorkaise, il compte augmenter les impôts des entreprises jusqu’à 11,5% contre un taux marginal de 7,25% aujourd’hui. Selon lui, cette mesure pourrait rapporter 5 Milliards de dollars en se basant sur l’exemple du New Jersey qui pratique le même taux. Cependant, d’autres sources sont plus prudentes : un article de Cato avance que, même en supposant que le taux marginal monte à 11,5 %, l’augmentation de recettes pourrait être de 2,6 à 3,8 milliards seulement. En effet, cette hausse d’impôts toucherait surtout les plus gros profits, et toutes les entreprises ne paieront pas ce taux “marginal” sur tous leurs bénéfices. 

De plus, il faut prendre en compte les “effets comportementaux” de cette mesure car augmenter les taux d’impôts ne garantit pas que les recettes augmentent dans la même proportion. En effet, certaines entreprises pourraient réagir en réduisant leurs investissements, en accentuant leurs stratégies d’optimisation fiscale, ou même en quittant la ville, ce qui diminuerait la base imposable. De plus cette hausse peut réduire l’attractivité de New York pour certaines entreprises, ce qui pourrait amoindrir les recettes à long terme.

Zohran Mamdani souhaite également créer une taxe de 2 % supplémentaire sur les revenus des New-Yorkais qui gagnent plus de 1 million de dollars par an. Cette mesure toucherait environ 34 000 foyers et rapporterait environ 4 milliards de dollars par an.

Cependant, ces pouvoirs sont limités, afin d’augmenter la surtaxe sur les revenus il doit obtenir l’approbation de l’assemblée et du sénat de l’assemblée de New York, ce n’est pas juste une décision de la mairie. De plus, d’après certaines critiques affirment que les plus riches, tout comme les grosses entreprises, pourraient quitter la ville ou l’Etat pour éviter les surtaxes. 

Ces mesures de réduction du coût de la vie à New York sont-elles réalisables ? 

Afin d’analyser les conséquences économiques de ces propositions, Étienne Cognard, professeur d’économie, apporte son éclairage et décrypte les effets attendus de ces mesures.

Quels effets économiques peut-on attendre d’une hausse importante de la fiscalité ?

Une augmentation significative de la fiscalité peut effectivement engendrer plusieurs risques économiques, tels que la délocalisation d’entreprises, l’exode des contribuables les plus aisés ou encore une baisse des investissements. Ces effets dépendent toutefois de l’ampleur de la hausse et de son périmètre géographique. Il est notamment essentiel de savoir si ces nouvelles taxes s’appliqueront uniquement à la ville de New York ou également aux territoires voisins comme Jersey City ou Long Island.

Par ailleurs, il existe une forte concurrence fiscale entre les États américains pour attirer les entreprises, en particulier dans le secteur financier. Le Texas, et notamment Austin, cherche par exemple à développer son propre pôle financier. Néanmoins, dans de nombreux secteurs : finance, audiovisuel, médias, les effets d’agglomération restent très puissants : ils favorisent les écosystèmes déjà installés, ce qui constitue un avantage structurel majeur pour New York.

Les mesures comme le gel des loyers, la gratuité des bus ou la création d’épiceries municipales peuvent-elles fonctionner efficacement à long terme ?

Ces mesures doivent être analysées séparément, car leurs effets économiques diffèrent. Le gel des loyers, par exemple, ne nécessite pas de nouvelles recettes fiscales, mais il peut décourager les investisseurs privés de construire de nouveaux logements à loyers modérés, ce qui risque d’aggraver la pénurie de logements à long terme.

La création d’épiceries municipales semble plus viable : la vente des produits pourrait suffire à couvrir les coûts de fonctionnement, tandis que la municipalité serait en mesure de mettre à disposition les locaux nécessaires.

En revanche, la gratuité des bus représenterait un coût budgétaire important. Toutefois, les transports publics sont déjà largement subventionnés selon Etienne Cognard. 

D’après nos recherches, rendre les bus gratuits impliquerait donc une hausse des dépenses publiques de l’ordre de 15 à 30 % des coûts d’exploitation.

Ce n’est donc pas un doublement des coûts, mais une charge budgétaire supplémentaire, qui devrait être compensée par de nouvelles recettes ou des choix budgétaires.

Quelles mesures paraissent les plus faisables ?

Parmi les propositions évoquées, le gel des loyers et la création d’épiceries municipales semblent les plus réalistes à mettre en œuvre. Elles reposent sur des mécanismes déjà existants et apparaissent plus simples à appliquer que des politiques nécessitant des financements publics massifs et durables, comme la gratuité totale des transports.

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