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Entre hommages et critiques, le décès du Pape divise le Rassemblement National

Après 12 ans de pontificat, le pape François s’est éteint au Vatican le 21 avril. L’ensemble du monde politique français lui a rendu hommage. Quelques exceptions subsistent du côté de l'extrême droite française. 

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La Basilique Saint-Pierre à Rome. Pixabay
La Basilique Saint-Pierre à Rome. Pixabay

« Les torrents d’éloges funèbres des islamo-gauchistes de LFI en disent long sur le véritable bilan du pape François« . Tels sont les mots du porte-parole du Rassemblement National, Julien Odoul, après la mort du pape François. Une déclaration particulièrement virulente qui contraste avec le reste de la sphère politique française. Même son de cloche du côté de Sébastien Chenu. Le vice-président du parti a évoqué un pape qui aurait « cherché à culpabiliser l’Occident sur le fait de ne pas accueillir les migrants« , le tout en ayant « fermé les yeux sur l’islamisme« . 

Des critiques acerbes rappelant celles faites par Marine Le Pen quelques années auparavant. La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale lui avait notamment reproché de faire preuve d’ingérence en incitant les États à « aller à l’encontre de l’intérêt des peuples« .

Des prises de position peu appréciées

Alors, que reproche concrètement le parti de Jordan Bardella au défunt pape ? Au centre des reproches, on retrouve son engagement sur les questions migratoires. Le pape François a été fustigé par l’extrême droite dès son premier déplacement à Lampedusa en 2013. Le Saint Père avait, à cette époque, exhorté l’Europe à secourir les migrants en faisant appel au « devoir d’humanité« . Une position qu’il a gardée tout au long de son pontificat. Forcément, cela ne lui a pas donné les faveurs des partis comme le RN qui n’ont pas hésité à le catégoriser comme « immigrationniste« . Une comparaison que commente Daniel-Louis Seiler, politologue français spécialiste de la politique comparée et des partis politiques 

 » L’ouverture à l’autre est une doctrine traditionnelle de l’Église. Et même avant, on peut citer par exemple, l’Exode. « Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Égypte ». C’est déjà dans le judaïsme ancien. Donc là, le christianisme l’a juste repris. Un pape ne peut pas dire autre chose que ce que le pape François dit. Ce qui singularise le pape François en matière d’immigration, c’est la manière dont il le dit, l’énergie qu’il a mise à défendre l’accueil des migrants. Il était lui même fils d’immigrant, dans son cas, c’est un peu le coeur qui parle« .

C’est oui ou bien c’est non

Malgré cela, le défunt pape a tout de même eu le droit à quelques hommages du côté du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. La candidate lors des deux dernières élections présidentielles, Marine Le Pen a « salué une figure spirituelle qui s’éteint » tandis que le patron du parti, Jordan Bardella a, de son côté, une pensée « pour tous les catholiques dans ce moment de douleur« . Ce dernier s’est même rendu aux obsèques du pape François. Une décision qui n’a pas fait l’unanimité du côté au sein de son propre parti. 

« Je me suis demandé si ce n’était pas un fake ! Je trouve cela plus ridicule qu’autre chose. Il dit à longueur de page qu’il n’est pas croyant.  On ne fait pas un signe aux catholiques en se rendant aux obsèques du pape. C’est se tromper« , s’insurge une source au sein du RN à BFMTV.

Une réelle scission ? 

Ces prises de positions totalement opposées peuvent questionner sur l’unité du RN à ce sujet. Pour Philippe Lottiaux, député de la 4e circonscription du Var du parti de Jordan Bardella, il n’y a rien de préoccupant.

« Il n’y a pas de « division ». Il est normal, comme Jordan Bardella l’a fait, de rendre hommage au pape, chef de l’église catholique, en assistant à ses funérailles. Hommage est ainsi rendu à la fonction, et à l’autorité spirituelle que représente le Pape pour des centaines de millions de catholiques. Cela n’empêche pas de ne pas forcément partager certaines de ses prises de position dans l’exercice de son magistère« .

Un clivage historique

Une explication qui peine à convaincre notamment si l’on prend en compte l’histoire du parti fondé par Jean-Marie Le Pen qui a toujours eu deux visages assez distincts à ce sujet. 

« Même si cette division est assez superficielle, il y a toujours eu dans le Rassemblement National et même dans le Front National auparavant, une tendance, je dirais, catholique-conservatrice et une tendance néo-païenne. Jordan Bardella essaie de son côté d’avoir une respectabilité plus conservatrice tandis que Julien Odoul qui vient d’un milieu laic,est moins sensible à ce genre de sujet« , rappelle Daniel-Louis Seiler. 

A l’extrême de l’extrême droite, on ne mâche pas ses mots

Si le Rassemblement National est entre deux eaux, le parti Reconquête d’Eric Zemmour est droit dans ses bottes. L’ancien chroniqueur de CNEWS est un fervent opposant à l’ancien chef du Vatican. Il l’avait notamment accusé « d’abandonner l’Europe à son destin islamique » et après son décès il a rajouté que son pontificat « a été une épreuve pour certains catholiques« . Son bras droit, Philippe de Villiers est même aller plus loin puisqu’il l’a qualifié de « pape woke« , qui « a persécuté les chrétiens de la tradition de l’Église de notre enfance« . Une sortie que ne partage pas totalement le député de la 4e circonscription du Var estampillé RN. 

« C’est sans doute un peu excessif. Nous n’en sommes pas à l’apologie de la déconstruction ou au renversement des valeurs prôné par les wokistes. Mais le rôle d’un Pape est aussi de défendre le dogme et de l’expliquer, ainsi que la foi catholique à travers le monde entier. ET non, de sombrer dans la repentance ou le relativisme. Cela n’est pas toujours apparu forcément évident à tous les fidèles« , met-il en avant.  

Un idole commun 

Si l’extrême droite française semble légèrement partagée sur l’hommage à rendre ou non au pape François, un sujet les unis de nouveau : l’identité du prochain souverain de l’État de la Cité du Vatican. Il s’agit du cardinal ghanéen Sarah. Son profil ultra-conservateur, hostile à l’immigration est particulièrement apprécié. Ce n’est pas beaucoup mieux pour ce qui est de l’acceptation de l’homosexualité. Il avait notamment comparé il y a quelques années « les crimes de l’homosexualité et de l’avortement » au « nazisme« . Une vision qu’apprécie notamment l’ancien député RN Gilbert Collard qui a mis en avant sa « foi lumineuse« .

Le Rassemblement National ne regrettera sûrement pas le pape François. Pour ce qui est de son successeur, Marine Le Pen peut toujours tenter sa chance, mauvaise nouvelle, c’est une femme, elle est encore une fois inéligible…

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