« Vous refusez d’affronter les multinationales », Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT
Lors d’un échange tendu avec la secrétaire générale de la CGT, le Président a pu revenir sur plusieurs points d’actualité. La CGT alerte sur la possibilité de nombreux plans de licenciements en France, la CGT prévoit plus de 400 plans de licenciements. Interrogé sur plusieurs cas précis, Emmanuel Macron garde une position clair: pas de nationalisation. Il explique: « Nationaliser une entreprise qui n’arrive pas à s’installer sur un marché, ce n’est pas une bonne utilisation de l’argent ».
Par ailleurs, Emmanuel Macron a eu l’occasion de revenir sur la réforme des retraites. Sophie Binet lui a demandé si il envisageait un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites. Réponse clair: c’est non. Malgré les nombreuses propositions pour combler un retour à l’âge de départ à la retraite à 62 ans, le Président s’est refusé à imaginer un retour sur cette réforme estimant qu’elle avait été adopté de manière démocratique, l’Assemblée Nationale ayant eu l’opportunité de voter une motion de censure suite au 49.3 déposé par le gouvernement Borne. Sophie Binet évoquait par exemple la taxe Zucman, l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Des propositions rejetées illico par le Président.
De nouvelles conférences pourraient aussi voir le jour: Conférence social sur le mode de financement de notre modèle social, et des concertations sur les nouveaux modes de travail.
Pour Macron, « ce que fait le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable »
Sur le plan international, les 2 conflits majeurs en Palestine et en Ukraine ont aussi été abordés. Pour le conflit russo-ukrainien, certains élu.es européens, comme Raphaël Glucksmann, appelaient de leurs voeux l‘utilisation des avoirs russes sur le sol européen. Sur ce point, Emmanuel Macron préfère finalement le droit international. Malgré le fait que la Russie est enfreint le droit international a maintes reprises, le Président a rappelé sa position et celle de l’Union Européenne: «On doit être sûr que si d’aventure, à un moment donné, il n’y avait plus l’unanimité sur les sanctions, ils ne s’envolent pas. Ensuite, ce capital, il donne des intérêts tous les mois. Ces intérêts, on les a utilisés déjà, on les garde pour pouvoir financer notre aide à l’Ukraine. (…) Je pense qu’il faut les utiliser pour les aider à reconstruire.»
Ce que fait Benyamin Netanyahou: «c’est une honte». Un message de fermeté à l’égard du Premier Ministre Israëlien a été passé par le Président de la République. Il a bien sûr condamné les attaques du 7 octobre, mais a parlé d’un «drame humanitaire inacceptable». La Bande de Gaza est aujourd’hui renfermé, plus aucune aide humanitaire, plus d’eau potable, plus de denrées alimentaires; le Président ne voit comme solution que la voix de Donald Trump pour arrêter les attaques meurtrières sur le territoire palestinien. Il a tout de même envisager pour la première fois des sanctions envers Israël.
Pour sortir de l’impasse, plusieurs référendums possibles
Emmanuel Macron a d’abord refusé coup sur coup un réferendum pour abroger la réforme de retraite, un référendum sur l’immigration, et même un référendum sur les finances publiques, pourtant plébiscité par son Premier Ministre François Bayrou.
Est ensuite venu le temps des grandes annonces. Sur la fin de vie, le débat est actuellement en cours à l’Assemblée Nationale et le texte devrait ensuite se retrouvé au Sénat à l’automne. Emmanuel Macron a posé une sorte d’ultimatum au Parlement, si les débats venaient à «s’enliser », alors un référendum pourrait être envisagé.
Ensuite, il a déclaré : « L’esprit, c’est qu’on puisse, sur des grandes réformes économiques, éducatives ou sociales, saisir nos compatriotes. » Plusieurs référendums pourraient alors être organisés « en même temps » dans les mois à venir.
Macron bousculé sur son bilan sur la jeunesse, la sécurité et les finances publiques
Sur la jeunesse, Emmanuel Macron a été interrogé par Salomé Saqué, journaliste pour le média indépendant Blast et autrice du livre « Sois Jeune et Tais-Toi ». Un constat: depuis 8 ans, les troubles psychiatriques, l’anxiété, les pensées suicidaires ne font qu’augmenter chez les jeunes. Emmanuel Macron a reconnu un phénomène d’« anxiété généralisé », mais à tout de même défendu les actions mises en place sous ses quinquennats, notamment le dispositif Mon Soutien Psy, qui propose des séances remboursées pour les jeunes.
Sur la sécurité, Robert Ménard, Maire DVD de la ville de Béziers, a fait face au Président. Une question cruciale pour de nombreux maires: les pouvoirs de la police municipale. Sur ce sujet, Emmanuel Macron propose : « une loi qui donnera la possibilité à tous les maires qui le souhaitent [de] travailler sous l’autorité du procureur pour pouvoir faire les saisines, les [enquêtes de] flagrance, les amendes forfaitaires délictuelles, les actes du quotidien qui sont parfois nécessaires, que ne peut pas faire une police municipale contre les trafiquants de drogue ou les gens du voyage qui utilis[er}aient illégalement tel ou tel terrain ».
Enfin, sur les finances publiques, malgré le bilan accablant d’Emmanuel Macron: la dette publique a dépassé les 3 300 milliards d’euros en 2024, le déficit public a atteint 5.8% du PIB en 2024, le Président a pointé la faute sur les crises successives: Guerre en Ukraine, crise des Gilets Jaunes, Covid-19. Secoué par Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (Ifrap), porte-parole d’une vision ultralibérale, Emmanuel Macron a tout de même esquissé des idées d’économies pour 2026, comme la suppression du statut à vie de fonctionnaire pour les soignant.es et les collectivités. Il s’est refusé à l’idée de la taxation des superprofits (proposé par la taxe Zucman au Parlement en avril dernier), préférant « aide[r] davantage [les Français] à constituer un patrimoine plus important au cours de leur vie ».