Le 3 juillet 2025, le Premier ministre François Bayrou s’était engagé à présenter dans un plan sur « quatre ans », les moyens « pour revenir (…) à un certain équilibre des finances publiques » afin que l’on « touche le point où la dette n’augmente plus ». En effet, il souhaite ramener le déficit à 4,6% du PIB en 2026, où celui-ci s’étendait à 5,8 en 2024. À terme, il souhaiterait atteindre en 2029 un déficit public de 2,8 %. C’est-à-dire « le seuil à partir duquel, dans un pays comme le nôtre, la dette n’augmente plus ». Pour y parvenir, François Bayrou a présenté deux plans d’action. Un « plan pour dire stop à la dette » et un plan « pour dire en avant la production ».
Une année blanche pour réduire la dette : un impact sur les services de l’État
L’objectif du premier ministre est clair : arrêter l’augmentation de la dette en 4 ans. Pour cela, il a déclaré la mise en place d’une « année blanche » en matière de dépenses publiques en 2026. L’État va donc diminuer ses charges en gelant le budget de tous les ministères sauf celui des armées. Ils ne devront donc pas dépenser plus qu’en 2025. L’État va aussi maintenir les prestations sociales telles que les pensions de retraite et les allocations au chômage au même niveau que celles de 2025. Cela veut dire que ces revenus n’augmenteront pas en cas d’inflation.
L’année blanche est un effort collectif qui concerne toutes les catégories de Français. La règle est de ne pas dépenser plus en 2026 qu'en 2025. Pas moins, pas plus. pic.twitter.com/heNea8f3V2
— François Bayrou (@bayrou) July 15, 2025
Pour réduire les charges de l’État, François Bayrou a annoncé qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé, ce qui équivaut à environ 3000 postes « hors postes d’élèves professeurs créés dans le cadre de la réforme des enseignants » a-t-il précisé. Cependant, il n’a pas spécifié quel secteur sera impacté. Il a aussi indiqué vouloir supprimer les agences « improductives qui dispersent l’action de l’État », ce qui concernerait entre 1500 et 3000 emplois.
Il a révélé ensuite vouloir faire un effort de cinq milliards d’euros sur les dépenses de santé, initialement prévues à 10 milliards d’euros pour l’année 2026. Il souhaite donc les réduire de moitié en luttant contre la « dérive » des arrêts maladie ou encore en ne remboursant pas à 100% les médicaments qui ne sont pas directement liés à la maladie du patient.
Enfin, le Premier ministre a annoncé vouloir lutter activement contre la fraude, sans donner plus de détails. Il ambitionne également de créer une « contribution de solidarité », où les ménages les plus aisés et les entreprises participeraient à l’effort national, sans plus de détails. Il assure vouloir « demander peu à ceux qui ont peu et plus à ceux qui ont davantage ».
Le travail : une valeur au cœur du projet de François Bayrou
François Bayrou aspire à ce que toute la nation travaille plus. Pour ce faire, il souhaite supprimer deux jours fériés : « le lundi de Pâques sans aucune signification religieuse » et « le 8-Mai dans un mois de mai devenu un véritable gruyère. » Il s’agit d’une piste en réflexion, ces jours pourraient être amenés à changer.
« Nous devons améliorer la capacité, l’efficacité et l’attractivité de notre économie », a-t-il annoncé. Le Premier ministre a ainsi annoncé consacrer « 900 millions d’euros de financements en fonds propres supplémentaires à l’investissement dans les entreprises ». Il sollicite également des « changements dans nos modes de consommation » en proposant une taxe « sur les petits colis pour protéger nos commerces et nos producteurs de la marée de concurrence déloyale qui les assaillent ».
François Bayrou a terminé son discours en déclarant : « Nous savons que le chemin est difficile, que la voie est étroite mais que le chemin existe, d’indépendance de prospérité et de progrès humain et qu’ensemble nous pouvons le choisir. »
Des réactions qui présagent un vote compliqué cet automne
Les réactions ont été nombreuses, après l’allocution du premier ministre. Le budget demeure chaque année, un texte difficile à approuver. Il devra être voté au parlement en automne après avoir été déposé au plus tard le premier mardi d’octobre. Lors du vote du budget en 2025, l’ancien Premier Ministre Michel Barnier avait été contraint de démissionner en décembre 2024 après une motion de censure.
Du Rassemblement National à La France Insoumise, le débat est fortement présent.
Du côté du Rassemblement National, c’est la menace d’une censure qui se dessine. Concernant la suppression des jours fériés, Jordan Bardella a déclaré sur X qu’il s’agit d’une « attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail ». De son côté, Marine Le Pen menace François Bayrou de censure en écrivant sur X que « si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurons ».
À gauche, Fabien Roussel a dénoncé « un braquage en bande organisée » et il affirme qu’il y a « de nouvelles Bastilles à prendre ». Quant au député socialiste de l’Eure, Phillipe Brun, il déclare que « le compte n’y est pas » et juge « inacceptables » les pistes avancées par François Bayrou pour pallier la dette de la France.
Pour La France Insoumise, Jean-Luc Mélanchon se montre également critique. Il écrit sur X qu’il est « urgent de mettre un terme à la macronie. Il faut faire partir Bayrou », ajoute-t-il.
Enfin, selon Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, supprimer le jour férié du 8-Mai, qui commémore la fin de la Seconde guerre mondiale, serait « très grave ».
François Bayrou a donc énoncé ses souhaits pour le budget 2026, reste à savoir si le texte sera accepté, ou non, lors de son vote à partir d’octobre prochain.