À deux ans des présidentielles, l’ancien Premier ministre ne laisse rien au hasard pour que son retour sur la scène politique soit le plus remarquable possible. Il a créé son propre parti, La France Humaniste, publié un roman, Le Pouvoir de dire non, il fait le tour des plateaux télé, et se rend même sur le terrain, à la rencontre du peuple français.
L’ancien Premier ministre chiraquien qui ne jure que par De Gaulle est également reconnu pour sa prise de position ferme en faveur de la Palestine. S’il revendique n’appartenir ni à la gauche, ni à la droite, ce dernier est vu comme un promoteur d’idées de gauche, parfois proches de celles de La France Insoumise.
En souhaitant «défendre la justice sociale et l’ordre républicain», Dominique de Villepin tente de préserver une part de mystère sur son positionnement dans l’échiquier politique, tout en essayant de combattre les clivages qui affaiblissent notre système politique actuel.
Un serviteur de l’État, du diplomate au Premier ministre
Dominique Galouzeau de Villepin est né à Rabat en 1953 de parents déjà ancrés dans le monde de la politique nationale et internationale.
Il a emprunté la voie dite royale pour accéder aux postes politiques les plus prisés, à savoir le parcours Science Po-Ena.
C’est ainsi qu’il débute sa carrière de diplomate en 1980 en tant que secrétaire des Affaires étrangères. Se liant peu à peu à Jacques Chirac, il est nommé Secrétaire général de la Présidence de la République en 1995, puis ministre des Affaires étrangères à sa réélection en 2002.
Le 14 février 2003, Dominique de Villepin déclare au sein des Nations Unies l’opposition de la France à la guerre en Irak. Son discours lui a valu et lui vaut toujours un prestige international et de l’admiration quant à son courage pour s’être opposé à son allié, les États-Unis.
Nommé ministre de l’Intérieur en 2004, il devient Premier ministre en 2005, venant remplacer Jean-Pierre Raffarin après l’échec du référendum sur la ratification du traité constitutionnel européen.
Dans sa Déclaration de Politique Générale du Gouvernement du 8 juin 2005, Dominique de Villepin a tenu un discours qu’il pourrait presque répéter mot pour mot aujourd’hui de part les idées qu’il défend.
«Je veux que les parlementaires de la majorité sachent que le travail considérable qu’ils accomplissent m’est indispensable. Tous ensemble, nous allons répondre à l’attente des Français. Aux parlementaires de l’opposition, je veux assurer que je travaillerai avec eux dans un esprit constructif. Et je veux dire, à travers vous qui les représentez, à chaque Française et à chaque Français, que c’est de tout mon cœur et de toutes mes forces que je me dévouerai à leur service. Je veux leur dire ma confiance dans les atouts, dans les chances et dans le destin de la France.»
Quand l’orateur de l’ONU se heurte au scandale Clearstream
Néanmoins, il est très courant que nos politiques français soient liés à un scandale, et Dominique de Villepin n’en a pas fait exception.
En effet, en 2004, il s’est retrouvé impliqué dans des listes, prétendant révéler l’existence de comptes occultes auprès de la société luxembourgeoise Clearstream. Ces comptes auraient été utilisés pour toucher des rétrocommissions liées à des contrats d’armement. Dans ces listes figurent les noms de Nicolas Sarkozy, ainsi que celui de Dominique de Villepin.
Cependant, ces listings se sont avérés être faux. Alors que Dominique de Villepin connaissait la nature mensongère de ces listes, il en a profité pour les utiliser contre son adversaire Nicolas Sarkozy, afin de le décrédibiliser dans sa course à la présidentielle en 2007.
Faute de preuves, Dominique de Villepin se retrouve relaxé en première instance en 2010, puis en 2011 par la Cour d’appel.
Cette affaire lui a valu sa popularité, alors qu’il a créé en 2010 son propre mouvement, République Solidaire, mais n’est pas parvenu à récolter les 500 signatures nécessaires à sa candidature à la présidentielle de 2012.
Depuis 2012, Dominique de Villepin s’est peu à peu effacé de la scène politique, jusqu’à disparaître, mais c’était pour revenir plus fort afin de nourrir ses ambitions politiques et se faire bien voir auprès d’un nouveau public qui aurait fait abstraction du passé, ou d’un public plus jeune, ignorant les causes de son déclin politique.
Dominique de Villepin et la tentation présidentielle
Dominique de Villepin reste volontairement flou sur ses ambitions présidentielles, mais tout porte à croire que son retour est là pour préparer les élections de 2027.
Ce dernier aurait tout d’abord exprimé sa confiance quant à l’obtention des 500 parrainages nécessaires à la candidature à la présidentielle, confirmant qu’il a déjà reçu un très grand nombre de soutiens et d’encouragements.
Qui plus est, de Villepin a en quelque sorte confirmé ses ambitions présidentielles en annonçant durant le mois de juin: «Si je dois être candidat, ce à quoi je me prépare, c’est bien évidemment à l’enjeu présidentiel.».
Son objectif étant également de «restaurer la fonction présidentielle» et de cesser la «surenchère», au profit d’«une politique d’équilibre et de mesure», il ne peut rien espérer des autres, et n’a qu’à compter que sur lui-même pour atteindre son idéal en candidatant à la présidentielle.
En outre, de Villepin se voit déjà à la place de Président de la République. En effet, au sujet de la première nomination du Premier ministre mardi 9 septembre après la démission du Gouvernement de François Bayrou, de Villepin n’a pas hésité à communiquer la manière dont lui aurait fait les choses lors d’une interview dans le JT de France 2, le 7 septembre:
«J’ai une idée surtout de la démarche que doit choisir le Président de la République. […] Je pense que je reviendrais à ce qui me paraît être l’origine immédiate de la crise, c’est le désaveu du Président de la République dans les urnes. […] Formellement, il n’est pas obligé de cohabiter puisqu’il n’y a pas de majorité contraire à la sienne. Mais, l’intérêt du pays, c’est d’avoir une cohabitation, c’est-à-dire un Premier ministre qui ne pense pas comme le Président et qui répare les dégâts de la politique macroniste depuis huit ans, […] c’est-à-dire l’impensé sur la justice sociale.»
Néanmoins, avec la crise politique qui s’est intensifiée depuis le 9 septembre, Dominique de Villepin a qualifié L’Élysée de «tour de craie qui s’effrite chaque minute un peu plus.» évoquant un «dévoiement de la fonction présidentielle». Ainsi, après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu 14 heures après la nomination de son Gouvernement, De Villepin a fait ses propres propositions en déconseillant une démission, et encourageant un changement.
À travers ces grands mots, l’ancien Premier ministre souhaite un changement dans la politique d’Emmanuel Macron, tout en donnant des grandes lignes très abstraites, mais le réel changement ne serait-il pas selon lui d’accéder à la fonction présidentielle et de remettre sur pieds une France à son image ?
Ainsi, tout porte à croire que Dominique de Villepin sera candidat à la présidentielle de 2027, sous les couleurs de la France Humaniste, son propre parti créé en juin 2025, alors qu’il nie encore et toujours cette évidence.
La France Humaniste, les fondements d’une nouvelle formation politique
Lundi 23 juin 2025, Dominique de Villepin a annoncé la création de son propre mouvement, La France Humaniste, dont il est le président d’honneur.
De Villepin voit la France Humaniste comme «un mouvement d’idées, de citoyens» et «ouvert à tous». Son objectif est clair, rassembler le plus de monde autour de ses convictions, peu importe leur appartenance politique d’origine
Ainsi, il est plus juste de parler de mouvement que de parti, parce que selon lui, la France Humaniste est un parti, non partisan.
En effet, depuis son retour, de Villepin ne fait que d’insister sur son opposition aux clivages qui divisent notre pays, et plus particulièrement celui qui oppose les extrêmes. Il rejette la gauche et la droite, et revendique n’appartenir à aucune de ces deux familles politiques. C’est pourquoi il rejette tout programme et prône une vision la plus large possible.
On retrouve chez lui la rhétorique d’Emmanuel Macron, lorsqu’il insistait sur le fait d’être ni de droite, ni de gauche. Ce discours vise ainsi à rassembler le plus de monde possible autour de lui afin de mettre toutes les chances de son côté pour la présidentielle.
Son opposition au clivage gauche/droite est ferme, Dominique de Villepin se veut «humaniste», modéré, et veut satisfaire tout le monde. Ainsi, son discours est clair: «Je ne suis pas pour la surenchère, ni sécuritaire ni budgétaire, mais pour une politique d’équilibre et de mesure.». L’ancien Premier ministre souhaite ainsi mettre fin à toutes les oppositions entre partis qui fragmentent l’Assemblée nationale et qui fragilisent de ce fait l’État français. Il désire mettre en place une coopération, ou du moins une entente entre les partis pour pouvoir faire changer les choses, à son image, à base de justice sociale et d’ordre républicain.
Malgré ses ambitions pour faire bouger la France, Dominique de Villepin n’est pas des plus sereins. Lors d’une interview avec Serge Raffy pour Vanity Fair, l’ancien Premier ministre a expliqué que son objectif est de «sortir des logiques de division qui pourraient plonger la France dans le chaos. Mais il faut dire la vérité aux Français, ne pas leur faire miroiter un chemin de roses. Nous entrons dans un champ de mines, et ce sera difficile, quelle que soit l’issue de l’élection de 2027.». Selon De Villepin, la porte de sortie est encore bien loin, peu importe quel parti sera à la tête du Gouvernement en 2027. Mais il laisse penser, à travers ses discours à la télévision, ses interviews et ses sorties sur le terrain qu’il est celui qui sera le plus motivé à faire tout ce qui pourrait être en son pouvoir pour sortir de cette crise politique et institutionnelle le plus rapidement possible. Mais ce discours lui permet également, dans l’éventualité où il serait élu, de d’ores et déjà se justifier auprès des français au cas où il ne parviendrait pas à résoudre cette crise.
Des prises de positions contrastées entre flou, ambiguïté et fermeté
Dominique de Villepin est perçu comme étant un diplomate et un expert hors normes sur les questions internationales. Néanmoins ce dernier est tout de même critiqué pour critiquer sans proposer la moindre proposition en retour. Il serait plutôt dans le commentaire et la contemplation.
L’ancien Premier ministre propose tout de même sur les plateaux télé, les réseaux sociaux ou dans ses chroniques des positions parfois marquées et parfois ambigües sur différents sujets tels que le conflit israélo-palestinien, la réforme des retraites, la justice sociale, l’immigration ou même la justice française.
Conflit israélo-palestinien: condamner sans choisir, diplomatie ou électoralisme ?
Le retour de Dominique de Villepin sur la scène politique française a été et reste aujourd’hui marqué par sa prise de position à propos du conflit israélo-palestinien perçu comme étant en faveur de la Palestine.
En effet, ce positionnement a largement plu à l’électorat de gauche au sein duquel certains voient en lui une alternative aux partis de gauche déjà existants. Néanmoins, même si beaucoup pensent que sa position est pro-palestinienne, l’ancien Premier ministre reste plus réservé.
Dominique de Villepin s’oppose en réalité à Benjamin Netanyahu, ainsi qu’au Hamas, mais défend par ailleurs la population palestinienne persécutée par Israël.
Ainsi, lors d’une interview avec France Info, il a expliqué que selon lui, «L’objectif politique de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, c’est la déportation de la population de Gaza, ce qui est la marque d’une épuration ethnique, d’un nettoyage territorial.». Condamnant la politique expansionniste et ethnocentrée du Premier ministre israélien.
De l’autre côté, le 23 septembre 2025, lors d’une interview avec France 2 à propos de la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France, Dominique de Villepin a alerté sur le fait que «le Hamas veut la destruction de l’Etat d’Israël» et qu’il «n’a jamais voulu la reconnaissance d’un Etat palestinien», alors qu’Israël est «emporté par un hubris après la barbarie du 7 octobre». Selon lui, ni le Gouvernement israélien, ni l’autorité du Hamas ne sont à défendre, ils sont tous deux condamnables, mais Israël est davantage répréhensible de part les attaques sanglantes et destructrices qu’il mène sur la bande de Gaza.
Néanmoins, dans cette interview, l’ancien Premier ministre a affirmé qu’Israël détient une responsabilité et qu’il doit «ouvrir les yeux sur ce qui se joue aujourd’hui et à ne pas céder à la tentation, jour après jour, du Grand Israël.», alors que ce premier pas vers la prise de responsabilité s’est effectué ce 11 octobre avec la mise en place d’un cessez-le-feu.
De Villepin condamne également Emmanuel Macron et ses homologues qui n’ont pas pris cette décision plus tôt, parlant d’«inaction devant les désastres de Gaza», alors que ces derniers n’emploient selon lui aucun outil de pression à l’encontre du gouvernement israélien.
Ainsi, Dominique de Villepin détient un double positionnement quant au conflit israélo-palestinien, à l’image de sa volonté d’appartenir ni à la droite, ni à la gauche, le permettant de toucher un életorat plus large.
Réformer sans diviser, la vision alternative de Dominique de Villepin
Alors que la réforme des retraites a été suspendue suite à la seconde nomination du Premier ministre Sébastien Lecornu, Dominique de Villepin tient une position ferme depuis longtemps à ce sujet.
Selon lui, la réforme des retraites de 2023 adoptée grâce à l’article 49.3 a «cassé l’esprit de réforme dans ce pays et créé une défiance des Français vis-à-vis des projets par les politiques.» (France Inter)
Pour l’ancien Premier ministre, le départ à la retraite ne devrait pas être déterminé selon un âge, mais selon une quantité de points acquis tout au long de la carrière de chacun, à l’image du modèle abandonné en 2020.
Selon ce modèle, chaque point s’acquiert selon des critères précis auxquels il souhaiterait ajouter le critère de pénibilité qu’Emmanuel Macron a quant à lui restreint, mais évoqué par le Premier ministre Sébastien Lecornu lors de son discours de politique général ce mardi 14 octobre.
Bien que proche dans leurs idées et stratégies de communication électoraliste, Dominique de Villepin n’envie rien à Emmanuel Macron, si ce n’est son rôle de Président de la République. En effet, lorsque ce dernier a préconisé le «changement» après la seconde nomination de Sébastien Lecornu, il a réclamé une «volonté de renoncer aux erreurs du passé», évoquant entre autres la réforme des retraites adoptée en 2023 par Elisabeth Borne.
La vision villepinienne de la justice sociale, pilier d’un Etat fort et protecteur
A propos du système de redistribution sociale, l’ancien Premier ministre se montre en faveur d’une contribution des plus riches qui est selon lui la meilleure façon de lutter contre le sentiment d’injustice dans le pays.
Selon lui, «la justice sociale est le point de départ de notre société». De cette manière, il ne rejette ni l’Impôt Sur la Fortune, ni la taxe Zucman, mais préconise une réflexion sur ces derniers afin de les repenser et les adapter au regard de la situation économique actuelle, tout en laissant une place à la justice sociale.
En privilégiant l’équité, ce dernier souhaite mettre en place des prélèvements équitables en prenant en compte l’existence des entreprises en croissance, ainsi que celle des grandes entreprises de la tech qui ne parviendraient pas à payer la taxe Zucman.
En somme, Dominique de Villepin met en garde contre les excès qui ont pu exister, tout en mettant un mot d’ordre sur la justice sociale qui est l’un des piliers de son discours depuis son retour sur la scène politique.
Entre raison d’Etat et devoir moral, le problème de l’immigration
Bien que sans aucune solution à proposer à propos de l’immigration, Dominique de Villepin porte un regard critique sur ce qu’il se fait aujourd’hui en France.
Ses critiques sont assez ambiguës, avec d’un côté une remise en question du personnel politique qui n’agit pas, et de l’autre celle des Républicains qui propose des lois sur l’immigration.
Tout d’abord, de Villepin critique l’inaction de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire qui selon lui devrait faire preuve de «plus de professionnalisme et de moins de surenchère sur les plateaux télé.» à propos du renvoi des personnes sous OQTF qui présenteraient un danger. Ainsi, l’ancien Premier ministre souhaiterait que le Gouvernement mette rigoureusement en place ses politiques migratoires.
Dans le même temps, ce dernier critique les députés Les Républicains qui ont déposé deux propositions sur loi sur l’immigration. Ce dernier voit cela comme une «dérive dangereuse» pour le parti LR qui se rapprocherait trop du terrain du Rassemblement national.
Dominique de Villepin, bien que critique, ne propose donc aucune solution à ce sujet, tout en restant ambigu dans ses prises de position, instaurant un flou auprès des français qui ne savent pas comment se positionner par rapport à lui, alors que ce dernier voit surement cela comme une technique de communication pour gagner un maximum de soutien et de futurs électeurs.
L’indépendance de la justice, pilier essentiel de la démocratie
Après tous les récents scandales politiques procédant à des condamnations par la justice, Dominique de Villepin a pris position en faveur d’une indépendance de la justice, à l’instar de Marine le Pen, condamnée à une peine d’inéligibilité, dénonçant cette décision comme étant politique.
Selon lui, il est «inacceptable que l’on critique la justice». En effet, les attaques envers la justice effectuées par Marine Le Pen dans le cadre de l’affaire de détournements de fonds publics, et celles opérées par Nicolas Sarkozy pour l’affaire des financements libyens sont selon lui des attaques «dangereuses pour la démocratie».
Pour l’ancien Premier ministre, il est impossible de commenter une décision de justice, l’autorité judiciaire étant totalement indépendante du politique, prenant ses décisions en toute impartialité au regard des faits.
Retour en politique remarquable, mais la confiance reste à gagner
«Depuis mon départ de Matignon, en 2007, j’ai eu dix-huit ans pour réfléchir, tirer les leçons, oublier tout orgueil et ambition personnelle.»
En effet, depuis son départ en 2007 et son échec à réunir les 500 signatures nécessaires à la candidature à la présidentielle, de Villepin revient cette fois plus confiant, avec des idées parfois ambiguës, des propositions floues parfois même inexistantes, donnant lieu à des résultats prometteurs, bien que contrastés.
Le défi générationnel de Dominique de Villepin
Le retour de Dominique de Villepin a permis de faire découvrir ce personnage aux jeunes qui seront en capacité de voter d’ici 2027. En effet, l’ancien Premier ministre a bien compris que leur vote est un enjeu primordial dès aujourd’hui, l’amenant à utiliser tous les moyens possibles afin de convaincre ce public. De Villepin est notamment très présent sur les réseaux sociaux, premier canal d’information de ces derniers.
En sachant que les jeunes s’informent de moins en moins via les médias traditionnels tels que la télévision et la radio, ce dernier republie des extraits de ses interventions sur ces médias, lui permettant avec le même discours de toucher tous types de populations, même celles qui ignorent les médias traditionnels.
Par ailleurs, ayant été méconnu par la plupart des jeunes jusqu’à son retour en mars 2025, ce dernier tente de s’offrir une image nouvelle, faisant fi du passé que les générations plus anciennes n’ont quant à elles pas oublié.
De cette manière, les retraités profilent une certaine réserve à son sujet. Certes, cet électorat a connu l’ascension fulgurante de Dominique De Villepin avec son discours héroïque contre la guerre en Irak aux Nations Unies en 2003, suivi de sa nomination en tant que Premier ministre de 2005 à 2007. Néanmoins, son déclin a été plus rapide avec l’éclatement du scandale Clearstream en 2004. Bien qu’ayant été innocenté, ce scandale a laissé des marques indélébiles, l’empêchant d’obtenir les 500 parrainages pour sa candidature aux élections de 2012, signant son effacement de la scène politique.
Par ailleurs, de sa carrière, Dominique de Villepin aura laissé dans les esprits une image hautaine d’homme déconnecté de la réalité de part l’absence de résultats concrets lors son passage à Matignon, accompagnée d’une trajectoire solitaire sans base militante.
Ainsi, du côté de l’électorat ayant connu de Villepin avant sa disparition de la scène politique, il est plus ardu de redorer son image, bien que grand nombre d’entre eux soient tout de même convaincus par son retour remarquable.
De Villepin, l’homme de droite, que la gauche adore
Trop de gauche pour être de droite et trop de droite pour être de gauche, Dominique de Villepin a un rôle particulier dans le paysage politique français: en tant qu’héritier du gaullisme et détracteur des divisions partisanes, il semble toujours privilégier une perspective plus large à l’affiliation à un camp spécifique.
A gauche, l’ancien Premier ministre détient une côte de popularité s’élevant à 29% au mois d’août 2025. Il donne désormais un renouveau innovant qui tend à plaire à gauche, notamment vis à vis de ses positions internationales. Une côte qui lui vaudra le 16 septembre dernier une invitation pour la fête de l’Humanité, une première pour un ancien Premier ministre de droite, que l’éditorialiste du Figaro, Vincent Trémolet de Villers, a qualifié de «Mélenchon du riche», alors que d’autres sont allés jusqu’à employer le terme d’«islamo gaullisme». Cette image lui vaut désormais de nombreuses invitations au sein de médias de gauche, d’autant plus qu’il a été aperçu de nombreuses fois lors des dernières élections législatives à soutenir sans modération le Nouveau Front Populaire face au Rassemblement National.
Ainsi, de nombreux sondages montrent qu’il est plus populaire à gauche qu’à droite, et ce, malgré le fait qu’il ne soit pas parvenu à convaincre positivement la gauche lorsqu’il était Premier ministre.
En effet, il avait instauré l’état d’urgence en réponse aux émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. Il a également demandé une privatisation des autoroutes et des aéroports parisiens, et avait enfin suggéré de faciliter le licenciement des jeunes en première expérience professionnelle.
Aujourd’hui, de Villepin attire les électeurs de gauche (57%) grâce à sa capacité à transcender les divisions pour promouvoir l’intérêt commun. En outre, son intervention centrée sur l’équité sociale et la transformation de l’État fait écho avec les aspirations progressistes de cet électorat.
Bien que beaucoup lui donnent l’étiquette de figure de centre gauche en raison de ses positions sur la Palestine ou la guerre en Ukraine, ce dernier se considère comme étant ni de droite, ni de gauche.
En effet, ses fréquentes allusions à la puissance, à la responsabilité et à la pérennité de l’État perpétuent une orientation politique qui favorise la stabilité institutionnelle plutôt que le bouleversement social.
Malgré son attrait pour un auditoire plus vaste grâce à son discours tempéré et sa rhétorique internationale, sa base idéologique demeure teintée de conservatisme républicain et d’une défiance face au désordre et à la démagogie, ce qui le positionnerait toujours sur le flanc droit du spectre politique.
C’est pourquoi aujourd’hui, 67% de la droite reste attachée à de Villepin (Elabe), avec une côte de popularité de 39% auprès des électeurs d’Emmanuel Macron.
Enfin, un récent sondage IFOP-Fiducial montre que Dominique de Villepin a atteint la première place ex aequo avec Jean-Louis Borloo en tant que personnalité politique préférée des français après la nomination du Premier ministre Sébastien Lecornu.
Ainsi, ces données sont plus que prometteuses pour cette vieille figure qui essaie de redorer son image. Néanmoins, il ne faut pas crier victoire trop vite, car l’histoire a prouvée que certaines personnalités politiques telles que Simone Veil ou Christiane Taubira se sont déjà hissées au plus haut des classements de popularité et ne sont jamais parvenues à atteindre les sommets du Gouvernement pour autant.
De cette manière, tout prête à penser que Dominique de Villepin dispose d’un bagage suffisant pour s’engager vers la voie présidentielle. Néanmoins, même s’il affirme avoir suffisamment de soutiens afin de récolter ses 500 parrainages, seuls 2,5 à 5% des français affirmeraient avoir l’intention de voter pour lui selon l’institut de sondage Elabe, offrant un bilan plus que contrasté entre l’image qu’il renvoie auprès de la population et les chiffres concrets.