Le conseil, initialement prévu pour juin, avait été repoussé de quelques semaines. Y ont notamment participé Bruno Retailleau (Intérieur), Élisabeth Borne (Éducation) et Marie Barsacq (Sports), représentants des secteurs jugés vulnérables à l’influence frériste. Au-delà du signal politique, il s’agit pour Emmanuel Macron de répondre à la critique croissante sur ses positions jugées trop conciliantes face à l’islamisme.
Frères musulmans : comprendre l’influence inquiétante qu’on leur prête
Née en 1928 en Égypte, la confrérie des Frères musulmans est une organisation islamiste transnationale fondée sur l’idée d’une islamisation progressive des sociétés par l’éducation, la culture et l’action sociale. En France, l’accent est mis non sur la radicalisation violente, mais sur une “infiltration douce”. Cette infiltration passe notamment par des réseaux, souvent invisibles, dans les associations, établissements scolaires ou clubs sportifs. Cette forme d’entrisme est pensée pour créer une influence à long terme.
Un récent rapport gouvernemental dressant un état des lieux inquiétant a mis en lumière cette stratégie subtile, mais structurée. Bien que l’organisation ne soit pas interdite en France, ses idées sont considérées comme contraires à l’esprit de la République. Le risque estimé : un affaiblissement progressif des valeurs laïques et républicaines, à travers des relais idéologiques maintenus dans des structures clés de la société.

Un deuxième avertissement après un premier tour d’alerte
Le conseil du 8 juillet s’inscrit dans la continuité d’une première réunion de mai dernier. Lors de celle-ci Emmanuel Macron avait reproché à l’Intérieur des propositions trop légères face à la « gravité des faits ». Bruno Retailleau avait réagi en affirmant que celles-ci étaient préparées en lien avec l’Élysée, créant une tension palpable entre les parties.
Reprenant l’initiative, le président fait de cette réunion restreinte un indicateur de son engagement renouvelé. Il marque ainsi sa volonté de structurer un plan d’action plus solide, mobilisant les ministères clés —Intérieur, Éducation, Sports — pour bâtir une stratégie coordonnée, plus incisive et clairement articulée contre l’influence islamiste.
Nouveaux outils : sanctions financières, dissolution, loi…
À l’issue du conseil, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures fortes. Il souhaite la création de nouveaux outils de sanctions financières et administratives, notamment des gels des apports monétaires similaires à ceux utilisés contre le terrorisme. Le champ des dissolutions administratives sera étendu, y compris aux fonds de dotation. De plus, un régime coercitif sera mis en place pour les biens des organisations dissoutes .
Sur le plan législatif, un projet de loi doit être présenté avant la fin de l’été pour une application prévue en fin d’année. Le président a aussi annoncé des mesures visant à renforcer la formation des imams, réduire la dépendance avec les pays d’origine, « allonger les délais de prescription » pour les contenus illicites, et instaurer « des astreintes journalières » pour les associations ne respectant pas le contrat d’engagement républicain .
Calendrier et perspectives : l’automne sous tension
Macron a également pris l’engagement de recevoir, à l’automne, les représentants du Forum de l’islam de France (Forif) afin de « poser les bases d’un dialogue constructif avec l’islam républicain » . Ce rendez-vous marque le volet d’apaisement du dispositif, cherchant à distinguer clairement les fidèles respectueux des règles républicaines des influences idéologiques subversives.
Les solution proposées reflètent une volonté de transition vers une doctrine stratégique de l’État. Il reste à voir si ces annonces aboutiront à une application robuste, ou resteront un SOS politisé face aux pressions de l’opinion et des partis de droite.