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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Coupe Internationale de Rugby Fauteuil : comme une répétition générale avant Paris 2024 ? 

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Victor DE LABRIFFE

Adepte des sports collectifs dans leur ensemble je parle de sujets variés. J'aime vous partager des histoires peu connues du grand public. Bonne lecture !
Les huit meilleures équipes de rugby fauteuil du monde se sont données rendez-vous à Paris, entre le 18 et le 22 octobre, pour la conquête du titre ultime, avec en ligne de mire, les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Du premier match de la compétition, à la Halle George Carpentier dans le 13ème arrondissement, à la finale à l’Accor Arena de Bercy entre les Canadiens et l’Australie, les para-athlètes se sont livrés des batailles ardues pour faire honneur à leur nation et se roder avant l’exercice qui les attends cet été. Retour sur ces cinq jours de compétition…

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Le capitaine de l’équipe de France, Jonathan Hivernat, sur le point de marquer un essai lors de la demi-finale contre le Canada (crédit : © D-Echelard / Fédération Française Handisport)

Un sport inspiré de beaucoup d’autres 

C’est en 1977, dans la ville de Winnipeg, au Canada, qu’un groupe d’athlètes tétraplégiques décident de créer une alternative au basketball en fauteuil roulant pour permettre à ceux ayant une fonction diminuée des bras et des mains de pouvoir également faire du sport. Ils le baptisèrent “Murder-Ball” du fait de l’aggresivité des contacts entre les joueurs. Par la suite, un règlement plus précis fût élaboré pour ce sport qui sera appelé “rugby fauteuil” et qui verra, en 1982, l’apparition du premier tournoi international avec le Canada et les Etats-Unis. Après avoir été reconnu par le Comité international Paralympique, les Jeux Olympiques de Sydney en 2000 incluront le rugby fauteuil en tant que sport officiel au programme de la compétition. 

L’objectif pour les deux équipes est d’inscrire un maximum d’essais, valant chacun un point, en franchissant une ligne de huit mètres de long, tracée au sol, délimitée par deux plots en carton. Les matchs, répartis en quatre quarts-temps de 8 minutes, se jouent en intérieur sur la surface d’un terrain de basketball avec une balle de volley-ball. Les équipes sont mixtes et composées de quatre joueurs, qui possèdent une classification différente allant de 0,5 à 3,5 suivant leurs possibilités de mouvement.

La somme des joueurs sur le terrain ne doit pas excéder 8 points pour permettre une équité entre les membres de chaque camp. Contrairement au rugby, la balle peut être passée vers l’avant comme vers l’arrière et chaque équipe a 40 secondes pour marquer son essai sinon la possession est rendue à l’adversaire. De plus, il existe deux types de fauteuil roulant, les fauteuils d’attaquants, plus petits à l’avant pour permettre des déplacements plus rapides, et les fauteuils de défenseurs, qui eux sont dotés d’un pare-chocs avant pour compenser le décalage de capacité physique avec les joueurs offensifs. 

Au rugby fauteuil, le contact physique n’est pas autorisé et peut être sanctionné d’une sortie temporaire pour le joueur fautif (crédit : © D-Echelard / Fédération Française Handisport)

Une phase de poule rythmée 

Cinq matchs en cinq jours, c’est le programme qui était réservé aux huit équipes participantes à cette Coupe Internationale de Rugby Fauteuil 2023 inédite. Mais pour pouvoir espérer atteindre le dernier carré de la compétition, il fallait finir dans les deux premières places de sa poule ce qui imposait une marge d’erreur limitée. Surtout dans la poule A, où étaient réunis les champions du monde en titre, l’Australie, les champions paralympiques en titre, la Grande Bretagne, le Canada et le Danemark. Mais tout aussi relevée, la poule B contenait les champions du monde 2018, le Japon, les numéros un du classement mondial, les Etats-Unis, l’équipe à domicile, la France et enfin la Nouvelle-Zélande. Une compétition qui ne laissait pas de place à la médiocrité. 

Le 18 octobre, à 9 heures pétantes, le tournoi débutait par un match entre le Canada et l’Australie qui n’avait rien d’anodin pour la suite de la compétition. Mais pour les champions du monde australiens l’heure était à la concentration. Les favoris de cette rencontre faisaient face à une équipe canadienne ambitieuse menée par leur joueur star, Zak Madell, deuxième meilleur marqueur des Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021 avec une moyenne de 26 essais par match. Les deux équipes se rendaient coup pour coup, encouragées par les jeunes écoliers venus en nombre à la Halle Carpentier, mais la détermination canadienne finit par l’emporter (49-48 pour le Canada) et les hommes en rouge démarrent parfaitement leur tournoi.

S’ensuivent deux victoires faciles de la Grande-Bretagne et du Japon contre des adversaires plus faibles, le Danemark et la Nouvelle-Zélande. Le coach adjoint de la Grande Bretagne, Adam Scaturro, a tenu tout de même à s’exprimer à notre micro sur le niveau général de cette compétition : “ C’est un tournoi très difficile, c’est incontestablement le tournoi le plus relevé de l’histoire de ce sport car toutes les équipes peuvent prétendre à la médaille d’or, ça n’a jamais été comme ça auparavant ”. Le dernier match de la journée l’a bien démontré avec une opposition de prestige entre l’équipe de France et les Etats-Unis. Mais les coéquipiers de Jonathan Hivernat et Cédric Nankin, vivement encouragés par les fans de rugby venus se changer les idées après la défaite des Bleus contre l’Afrique du Sud en quart de finale de la coupe du monde de rugby, n’ont pas su combler leur écart de deux points avec la jeune Team USA (défaite 51-53).

Pour la deuxième journée de compétition, la France se rattrape et vient à bout de la Nouvelle-Zélande qui peine à exister pendant la rencontre (victoire 46-37). Le Canada est lui solide vainqueur du Danemark (50-46), qui, comme son premier match, manque de régularité pour espérer accrocher son adversaire du jour. Mais les deux grosses affiches de cette journée concernaient le match entre les Etats-Unis et le Japon puis la rencontre entre les champions du monde en titre, l’Australie, et les champions paralympiques en titre, la Grande-Bretagne. Et ce sont premièrement les Japonais qui, grâce à leur défense très agressive, parviennent à battre les Etats-Unis en manque de solution (55-50). Puis, en clôture de cette journée, les Australiens font parler leur talent pour renverser les Britanniques (50-48) et s’offrir une chance de se qualifier pour les demi-finales. Se profile alors une troisième et dernière journée excitante pour savoir qui gagnera son ticket pour le dernier carré. 

Dans la poule A, l’Australie conforte sa deuxième place qualificative en battant une équipe du Danemark accrocheuse mais moins réaliste que les « Steelers », qui file vers leur demi-finale. De l’autre côté, la qualification se jouait entre les Britanniques et les Canadiens au terme d’un match qui aura tenu toutes ses promesses. Mais le collectif des hommes vêtus de rouge aura eu raison des champions paralympiques (victoire 48-47) et ces derniers savent qu’ils devront travailler dur pour conserver leur titre pour Paris 2024. Cette fois-ci dans la poule B, à part la Nouvelle-Zélande, le Japon, la France et les Etats-Unis avaient encore une chance de se qualifier mais il n’y avait que deux places pour trois. C’est pourquoi la Team USA, emmenée par sa star Chuck Aoki, a tout de suite mis la barre très haute en battant les All Blacks avec 13 points d’écarts (48-35). L’autre match de la poule entre les Japonais et les Français s’est donc déroulé dans une ambiance de fusion, et contre tout pronostic, nos Bleus l’ont emporté d’un seul petit point (50-49) pour ainsi s’ouvrir les portes des demi-finales. Les Japonais parviennent tout de même à rallier le dernier carré au détriment des États-uniens. Il y aura donc Canada-France et Japon-Australie au programme de la quatrième journée de cette Coupe Internationale de Rugby Fauteuil. 

Le néo-zélandais Cameron Leslie, au sol, durant le match contre le Japon (crédit : © Victor de Labriffe / CSactu) 

Les favoris se font entendre

Le 21 octobre débute par deux matchs de classement pour déterminer quelles équipes joueront pour la cinquième place du tournoi et la septième place. En premier lieu, la Grande-Bretagne se défait des néo-zélandais (46-42) malgré avoir été rattrapé au score en fin de partie. Gareth Lynch, des All Blacks, s’est exprimé à notre micro sur ce qu’il a pensé de la prestation de ses coéquipiers : “ Les gars ont produits des efforts considérables, il suffit juste d’un peu de constance et nous continuerons à améliorer notre jeu, mais c’était bien de voir les garçons se battre jusqu’à la fin ”. Puis, tout comme les Britanniques, les Etats-Unis ont vu les Danois revenir dans la partie petit à petit. Le trop grand nombre d’erreurs des américains à profiter à Sebastian Frederiksen et ses coéquipiers pour arracher une prolongation de trois minutes. Mais ces derniers devront s’incliner (57-58) et iront disputer le match pour la septième place contre la Nouvelle-Zélande. Le co-capitaine de l’équipe victorieuse, Eric Newby, a voulu saluer, à notre micro, la performance des adversaires : “ Quel match ! Leur entraîneur est un de nos anciens joueurs, un de mes anciens coéquipiers, cette équipe s’est tellement améliorée depuis Tokyo où ils ont battu l’Australie, c’est une équipe incroyable. Nous construisons une nouvelle équipe et ils jouent ensemble depuis longtemps, c’était un match super amusant et personne n’est contre une petite prolongation ”. Ce tournoi se joue sur des détails et les déclarations des différents acteurs démontrent l’utililité de la compétition dans le renforcement de la compétitivité entre les meilleures équipes. 

La journée s’est poursuivie avec un match capital entre nos Français et l’équipe en forme, le Canada, pour une place en finale. Les bruits de tambours et les acclamations qui résonnent dans la Halle George Carpentier ont poussé les Bleus à se surpasser. Mais même en réalisant un match d’une grande qualité, la France doit s’incliner d’un petit point (50-51) contre des Canadiens mis en difficulté par les pénétrations de Jonathan Hivernat et de ses coéquipiers. Cette équipe de France ne fait que progresser, après leur titre de champion d’Europe en mai 2023 à Cardiff, et le sélectionneur nord-américain, Patrick Côté, a tenu à le rappeler à notre micro : “La France s’est beaucoup améliorée au fil des années, nous savions que ce serait un combat difficile, surtout après leur match contre le Japon, ils étaient préparés. De notre côté, il est évident que nous voulons gagner la finale, l’Australie et le Japon vont offrir un beau spectacle et nous serons prêts à affronter l’un d’eux”. En effet, la deuxième demi-finale qui opposait les Australiens, deuxième de leur poule, au Japonais, premier de la poule B, a tenu toutes ses promesses. Mais l’équipe menée par l’homme à tout faire, le numéro 3 des “Steelers”, Ryley Batt, est venu à bout du Japon (52-48), qui n’a pas su rivaliser athlétiquement et tactiquement. Il iront se disputer la troisième place contre l’équipe de France tandis que le Canada affrontera l’Australie pour le titre ultime. 

Le rugby fauteuil s’est d’abord le fair-play et la bonne humeur comme pendant le match de classement entre la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne (crédit : © Victor de Labriffe / CSactu)

Un dénouement sans appel 

En ce dimanche 22 octobre, l’Accor Arena de Bercy, à Paris, a revêtue les couleurs de la Coupe Internationale de Rugby fauteuil pour accueillir les quatre dernières rencontres du tournoi. Ce fût d’abord une victoire facile du Danemark qui se défait des néo-zélandais (54-47), qui repartiront sans aucun succès de cette compétition mais avec l’envie de revenir encore plus déterminé pour les Jeux Paralympiques de 2024. La cinquième place sera elle remportée par la Grande-Bretagne (45-43) au détriment de la Team USA. Les champions paralympiques de Tokyo finissent sur une bonne note et sont dès à présent concentrés pour conserver leur titre dans moins de neuf mois à l’Arena Champ de Mars. 

La petite finale entre l’équipe à domicile, la France, et l’équipe qui a accueillis les derniers Jeux Paralympiques, le Japon, a cette fois tournée à l’avantage des joueurs nippons (50-49), qui ont fait abstraction des centaines de supporters des Bleus pour  garder leur avance de un point et s’offrir une place sur le podium. Les athlètes français ont tenu à souligner l’engouement autour de chacun de leurs matchs qui leur a permis de surpasser leur objectifs. Après la cérémonie de clôture, il était l’heure de faire entrer les équipes du Canada et de l’Australie pour la grande finale de la compétition. Mais malgré une volonté de terminer leur tournoi sur la meilleure des notes, les Canadiens n’ont su répondre à la montée en puissance de l’Australie et doivent se contenter d’une honorifique seconde place (défaite 48-53). Les champions du monde en titre conservent leur statut et envoient un message fort aux autres nations avant Paris 2024. Ce tournoi inédit a donc permis aux équipes présentes de prendre la température avant les prochains Jeux Paralympiques et de constater les points à améliorer avant la grande échéance de cet été.

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