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De Téhéran à Tel-Aviv : la guerre en 12 jours

C’est une guerre que beaucoup redoutaient, mais que personne n’avait anticipée avec une telle intensité. Le 13 juin 2025, Israël a lancé une vaste offensive militaire contre l’Iran, marquant le début d’un conflit éclair de douze jours. Rapidement rejoint par les États-Unis, le pays a ciblé des sites stratégiques iraniens, dont des installations nucléaires et des bases militaires. En réponse, Téhéran a déclenché une pluie de missiles contre Israël et des bases américaines au Moyen-Orient.

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Un Iranien avec le drapeau national célèbre le cessez-le-feu après 12 jours de guerre à Téhéran, le 24 juin 2025. (Photo de Morteza Nikoubazl/NurPhoto via Getty Images)
Un Iranien avec le drapeau national célèbre le cessez-le-feu après 12 jours de guerre à Téhéran, le 24 juin 2025. (Photo de Morteza Nikoubazl/NurPhoto via Getty Images)

Dans la nuit du 12 au 13 juin 2025, un tournant géopolitique majeur s’opère dans le plus grand secret. Depuis plusieurs mois déjà, des agents israéliens du Mossad (le service de renseignement extérieur d’Israël) sont infiltrés en Iran. Leur mission est claire : cartographier les cibles, comprendre le terrain, et se fondre dans l’environnement ennemi. Ces hommes de l’ombre opèrent en autonomie, préparant une frappe chirurgicale contre les plus hauts responsables du régime iranien.

Une alerte en pleine nuit

Tout s’accélère dans la nuit du vendredi 13 juin, à 3h du matin. En Israël, les téléphones vibrent simultanément : un message urgent de l’armée retentit, invitant la population à se mettre à l’abri face à une menace imminente. Cette alerte marque le lancement officiel d’une opération d’envergure, baptisée Rising Lion.

Dans l’ombre, les agents du Mossad, infiltrés depuis des mois sur le sol iranien, reçoivent la consigne cruciale via une télécommande de drone : éliminer les figures clés du commandement militaire iranien. En première ligne, deux hommes incarnent la cible prioritaire:

  • Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, symbole de la force brute du régime,
  • Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées, visage médiatique et stratégique de l’appareil militaire iranien.

Mais cette offensive ne s’arrête pas là. En quelques heures, la liste des cibles s’allonge, frappant au cœur du système de défense iranien : Gholam Ali Rashid, responsable de la coordination des opérations des Pasdarans ; Esmail Qaani, chef de la force Al-Qods et successeur de Qassem Soleimani, dont l’assassinat en 2020 avait déjà marqué un tournant ; Amir Hajizadeh, père du programme drone iranien, une menace technologique majeure ; et Mohammad Kazemi, chef du renseignement chargé de traquer dissidents et opposants.

Ces six hommes ne sont pas de simples militaires, mais les cerveaux stratégiques d’un régime considéré comme une menace existentielle par Israël. Leur élimination ciblée vise à provoquer une désorganisation rapide et profonde du commandement iranien, fragilisant la capacité de riposte et le moral des forces ennemies.

À travers cette opération fulgurante, Israël affirme sans ambiguïté sa doctrine : la dissuasion passe par la frappe préventive et chirurgicale, et toute menace sera traitée avec la plus grande fermeté. Rising Lion est ainsi un message adressé à Téhéran, mais aussi au monde, montrant que l’État hébreu maîtrise ses outils de guerre et ne reculera devant rien pour protéger sa sécurité.

De l’accord diplomatique à la rupture stratégique

Depuis ses débuts, le programme nucléaire iranien cristallise les inquiétudes des puissances occidentales — et tout particulièrement d’Israël. Dès les années 2010, des assassinats ciblés de scientifiques nucléaires iraniens, attribués au Mossad, viennent entraver les ambitions de Téhéran. Ces opérations clandestines visent un objectif clair : ralentir l’accès de l’Iran à la bombe atomique.

En 2015, un tournant semble amorcé : l’Iran signe le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) avec six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne – le groupe P5+1). Cet accord prévoit une forte réduction de l’uranium enrichi, la limitation du nombre de centrifugeuses et un contrôle renforcé de l’AIEA. En échange, les sanctions économiques sont levées progressivement, dans le but d’empêcher tout usage militaire du nucléaire.

Mais en 2018, les États-Unis se retirent unilatéralement de l’accord sous Trump, dénonçant ses failles. Washington relance une politique de « pression maximale », poussant l’Iran à reprendre ses activités nucléaires sensibles et ravivant les tensions.

L’élimination de Fakhrizadeh : symbole d’une guerre de l’ombre

Dans cette guerre silencieuse, un nom cristallise toutes les attentions : Mohsen Fakhrizadeh. Cet homme discret est considéré comme le père du programme nucléaire militaire iranien. Pendant plus de dix ans, le Mossad le traque méthodiquement : repérage de ses trajets, infiltration de ses cercles proches, analyse de ses failles de sécurité.

Fakhrizadeh dirigeait le département des recherches avancées du ministère iranien de la Défense. Sa position en faisait l’homme clé du projet de bombe nucléaire, un cerveau stratégique, protégé comme un trésor d’État.

En novembre 2020, l’opération est lancée. Près de Téhéran, une voiture piégée explose à proximité de son convoi. Dans la foulée, une fusillade coordonnée achève la mission. L’attaque, d’une précision chirurgicale, est immédiatement attribuée à Israël.

Ce coup spectaculaire porte un message limpide : Israël n’autorisera jamais l’Iran à devenir une puissance nucléaire. L’assassinat de Fakhrizadeh, tout en étant une victoire tactique, s’inscrit dans une logique plus large : celle d’une guerre secrète, sans déclaration, mais aux conséquences potentiellement explosives.

Frappes israéliennes, riposte iranienne

Durant les 12 jours d’affrontements, l’offensive israélienne s’est traduite par une série de frappes aériennes et de drones coordonnées, visant à désorganiser les infrastructures militaires et nucléaires iraniennes. Près d’une centaine de frappes ciblées ont été menées contre des objectifs stratégiques, parmi lesquels :

  • des bases militaires des Gardiens de la Révolution, notamment dans les provinces de Kermanshah, Lorestan et Fars,
  • des centres de commandement et de communication, utilisés pour le contrôle opérationnel régional,
  • des sites de production et de lancement de missiles balistiques,
  • ainsi que des installations nucléaires clés, telles que Natanz et Fordow, toutes deux reconnues pour leur rôle central dans le cycle d’enrichissement de l’uranium.

Ces frappes avaient pour objectif de neutraliser les capacités offensives iraniennes tout en sapant les infrastructures critiques de son programme nucléaire.

En réponse, la riposte iranienne s’est intensifiée sous la forme de lancements massifs de missiles balistiques, en particulier des Shahab-3, ainsi que de drones kamikazes. Les principales cibles ont été les grandes agglomérations israéliennes comme Tel Aviv et Haïfa, ainsi que des zones stratégiques du sud du pays, proches du désert du Néguev. Si la majorité des projectiles ont été interceptés par le système de défense Dôme de fer, certains ont néanmoins atteint des secteurs périphériques, causant des dégâts matériels et des pertes humaines.

Dans une tentative d’élargir le conflit et de mettre la pression sur les alliés d’Israël, l’Iran a également ciblé plusieurs bases militaires américaines en Irak et au Koweït, telles que Ain al-Assad et Camp Arifjan. Ces attaques n’ont pas entraîné de pertes massives mais ont mis en alerte les forces américaines dans toute la région.

Face à cette escalade, les États-Unis sont intervenus dans les derniers jours du conflit, déclenchant l’opération « Midnight Hammer ». Cette campagne de frappes, menée à l’aide de bombardiers furtifs B-2, de missiles Tomahawk et de drones de reconnaissance armés, a visé trois installations majeures du programme nucléaire iranien :

  • le site d’enrichissement de Natanz, déjà touché par Israël dans les premiers jours,
  • le complexe souterrain de Fordow, réputé abriter des centrifugeuses avancées,
  • et le centre de recherche nucléaire d’Isfahan (Ispahan), utilisé pour la transformation du minerai d’uranium.

Les frappes américaines, d’une intensité exceptionnelle, ont cherché à détruire de manière irréversible les infrastructures clés du programme nucléaire militaire iranien.

Concernant Israël, aucune frappe directe sur le site nucléaire militaire de Dimona n’a été confirmée, bien que des missiles aient été interceptés dans la région du sud du Néguev, ce qui laisse penser à une tentative iranienne de symboliquement viser ce lieu stratégique. Toutefois, la centrale nucléaire civile de Bushehr n’a pas été visée par Israël ni par les États-Unis, contrairement à certaines spéculations initiales.

Ce conflit, combinant frappes aériennes de haute technologie, missiles balistiques, guerre de drones et cyberattaques ciblées, marque une nouvelle étape dans la guerre asymétrique du XXIᵉ siècle. L’intervention directe des États-Unis dans les dernières heures du conflit a élargi sa portée, montrant la détermination des alliés à contenir le développement nucléaire iranien et à empêcher une spirale de prolifération régionale.

Impact humain, matériel et cessez-le-feu : bilan et résolution du conflit

Le conflit de 12 jours a causé de lourdes pertes humaines et matérielles. En Iran, plusieurs centaines de morts, dont des militaires, civils et scientifiques clés du programme nucléaire, ont été recensés. Les infrastructures stratégiques, notamment les centres d’enrichissement d’uranium et les bases de missiles, ont subi d’importants dégâts, ralentissant la capacité de riposte iranienne. En Israël, malgré le Dôme de fer, des dizaines de civils sont morts, plusieurs centaines ont été blessés, et de nombreuses infrastructures civiles ont été endommagées, provoquant peur, déplacements et tensions.

La fin des combats est intervenue après une médiation intense menée par les États-Unis, le Qatar et d’autres acteurs régionaux. Un cessez-le-feu a été déclaré au 13e jour, fixant des conditions strictes pour le retrait des forces et la reprise des discussions diplomatiques. Israël a revendiqué une victoire stratégique, l’Iran a salué sa résistance, tandis que Washington a appelé au calme et à la stabilité dans une région fragilisée.

Le rôle du président américain Donald J. Trump dans ce conflit a été crucial. Le 22 juin 2025, il a annoncé sur son réseau Truth Social que les États-Unis avaient mené une attaque « très réussie » contre les trois principaux sites nucléaires iraniens — Fordow, Natanz et Isfahan. Cette opération a marqué une escalade majeure, avec des frappes ciblées visant à détruire des installations stratégiques profondément enfouies, essentielles au programme nucléaire de Téhéran. Trump a salué l’action des forces américaines et assuré que tous les avions avaient quitté l’espace aérien iranien, soulignant ainsi la rapidité et l’efficacité de l’intervention.

Enjeux géopolitiques et perspectives régionales

Le conflit de 12 jours a profondément affecté le programme nucléaire iranien, infligeant des coups majeurs qui ralentissent ses avancées tout en renforçant la détermination de Téhéran à poursuivre ses ambitions. Les États-Unis, par leur intervention directe et leur présence militaire accrue, confirment leur rôle stratégique incontournable au Moyen-Orient, cherchant à contenir l’Iran tout en pilotant la diplomatie régionale. Cette crise a ravivé les tensions dans une région déjà volatile, exacerbant les risques d’escalades futures et redessinant les alignements entre alliés d’Israël et de l’Iran. Sur la scène internationale, la communauté mondiale appelle à la retenue, mais les divisions profondes persistent, laissant planer une paix fragile et incertaine dans un Moyen-Orient au cœur d’enjeux globaux majeurs.

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