Un contexte politique tendu
L’élection présidentielle est en cours en Pologne : le premier tour s’est tenu le 18 mai et le second est prévu pour le 1er juin. Ce scrutin vise à désigner le président de la République pour un mandat de cinq ans. Ce scrutin intervient dans un contexte politique tendu marqué par une cohabitation difficile entre le gouvernement et la présidence.
Le président sortant, Andrzej Duda, élu en 2015 puis réélu en 2020, ne peut pas se représenter en raison de la limite constitutionnelle de deux mandats consécutifs. Membre du parti conservateur Droit et Justice (PiS), il est connu pour ses positions ultra-conservatrices, notamment sur l’immigration, la justice ou les droits des minorités.
Depuis les législatives d’octobre 2023, la Coalition civique (KO) menée par Donald Tusk est au pouvoir. Elle cherche à rétablir l’État de droit après huit ans de gouvernance du PiS, durant lesquels l’indépendance de la justice a été affaiblie. Le PiS a notamment modifié la composition des instances judiciaires et sanctionné des juges critiques, ce qui a valu à la Pologne des accusations de violations de l’État de droit par l’Union européenne, ainsi que le blocage de certains fonds européens.
Cependant, le président Duda, proche du PiS, utilise souvent son veto pour bloquer les réformes du nouveau gouvernement, ralentissant les changements. Cela rend l’élection présidentielle particulièrement importante pour l’avenir démocratique du pays.
Immigration et durcissement des politiques migratoires
Face à une pression migratoire accrue à la frontière avec la Biélorussie, la Pologne a suspendu temporairement le droit d’asile en mars 2025. Cette mesure, justifiée par le gouvernement comme une réponse à une “menace hybride” orchestrée par des régimes étrangers, a suscité des critiques au sein de la coalition au pouvoir et de la part des défenseurs des droits humains.
Ici, la « menace hybride » désigne le fait que des régimes étrangers comme le régime biélorusse, utiliseraient la migration comme une arme politique. Cela signifie qu’ils favoriseraient ou organiseraient le passage de migrants vers la frontière polonaise pour faire pression sur l’Union européenne ou déstabiliser la Pologne, notamment en créant des tensions sociales et politiques internes.
Face a cette menace, le PiS a lui lancé une initiative pour organiser un référendum contre le Pacte migratoire européen, exploitant les inquiétudes liées à l’immigration pour mobiliser son électorat .
De plus, la question migratoire a alimenté des manifestations anti-immigration, notamment une le 10 mai à Varsovie. Elle a rassemblé des manifestants venus de tout le pays, qui portaient des drapeaux nationaux et brandissaient des banderoles sur lesquelles étaient écrits : “Ici, c’est la Pologne !” et “Non à l’immigration”.
La campagne présidentielle est également marquée par une désinformation ciblant les réfugiés, en particulier les Ukrainiens, avec des vidéos virales diffusant de fausses informations pour attiser les peurs .
Perspectives pour l’élection présidentielle
Lors du premier tour de l’élection présidentielle polonaise de 2025 le 18 mai, aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue, conduisant à un second tour prévu le 1er juin. Rafal Trzaskowski, représentant la Coalition civique (KO) centriste et pro-européenne, a recueilli 31,4 % des suffrages, devançant de peu Karol Nawrocki, soutenu par le parti conservateur-nationaliste Droit et justice (PiS), qui a obtenu 29,5 %.
Par ailleurs, les candidats d’extrême droite et anti-système, tels que Sławomir Mentzen de la Confédération, ont ensemble rassemblé plus de 21 % des voix, reflétant une montée significative de ces courants dans l’électorat polonais. Cette dispersion des votes rend l’issue du second tour incertaine, avec un sondage post-électoral indiquant une petite avance de Trzaskowski (46 %) sur Nawrocki (44 %), tandis que 10 % des électeurs restent indécis.