Un scrutin crucial
Ce dimanche 17 août s’est tenu le premier tour des élections générales en Bolivie. Les électeurs étaient appelés à désigner le président, le vice-président, les 130 membres de la Chambre des députés ainsi que les 36 membres de la Chambre des sénateurs.
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte de forte crise économique : une inflation annuelle proche des 25 %, un manque chronique de dollars et de carburant, et une économie fragilisée par l’effondrement des recettes gazières. Tenu pour responsable de cette situation, le président sortant Luis Arce a renoncé à se présenter pour un nouveau mandat, laissant son parti, le Movimiento al Socialismo (MAS), très affaibli.
Les résultats du premier tour
Le vote a confirmé la volonté de changement de la part de la population. Pour la première fois depuis vingt ans, la gauche n’accède pas au second tour. En effet, c’est Rodrigo Paz Pereira (Parti Démocrate Chrétien, centre) qui arrive en tête avec environ 32 % des voix. Fils de l’ancien président Jaime Paz Zamora, il a mené une campagne axée sur la lutte contre la corruption, la transparence de l’État et la décentralisation.
Jorge « Tuto » Quiroga (droite conservatrice), qui est un ancien président, recueille lui près de 27 %. Il défend une politique d’ouverture économique, de privatisations et un rapprochement avec les institutions financières internationales. En troisième position, c’est l’homme d’affaires Samuel Doria Medina qui obtient autour de 20 %, confirmant l’ancrage du vote en faveur des centristes et libéraux. C’est très loin derrière, que le candidat du MAS, Andrónico Rodríguez, ne dépasse pas 8 %, symbole d’un effondrement spectaculaire du parti autrefois hégémonique.
Aucun candidat n’ayant atteint le seuil requis (plus de 50 % ou 40 % avec dix points d’écart), un second tour est programmé pour le 19 octobre 2025.
La fin d’un cycle politique
Ce revers électoral marque un tournant majeur pour la Bolivie. Après deux décennies de gouvernance du MAS, initiée par Evo Morales, les électeurs semblent vouloir rompre avec un modèle qu’ils jugent épuisé. Comme l’exprime une retraitée de 60 ans à La Paz : « La gauche nous a fait beaucoup de mal. »
Le poids de la corruption et du narcotrafic
Au-delà de la crise économique, le MAS paie également son incapacité à ralentir voire même supprimer la corruption et l’influence du narcotrafic. Premier producteur de coca après la Colombie et le Pérou, la Bolivie est devenue un acteur central dans la circulation de la cocaïne en Amérique latine. Plusieurs affaires de corruption entre responsables politiques, police et cartels ont fortement terni l’image des gouvernements successifs.
Un second tour décisif
Le duel entre Paz Pereira et Quiroga s’annonce décisif. Il pourrait sceller la fin du cycle socialiste et inaugurer une nouvelle ère politique en Bolivie, marquée par des réformes économiques libérales et une intégration accrue aux marchés internationaux.
Mais au-delà des promesses de rupture, la population attend surtout des réponses rapides à l’augmentation des prix, aux pénuries et à la corruption qui gangrènent l’État.