Deux jours après l’officialisation de son départ, en janvier 2019, Emiliano Sala est décédé dans un accident d’avion au-dessus de la Manche, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre son nouveau club. Le vol avait été affrété par l’homme d’affaires et pilote David Henderson, à la demande de l’intermédiaire Willie McKay et de son fils Mark, l’agent mandaté par le FC Nantes pour le transfert de Sala. Le petit avion privé, piloté par Dave Ibbotson, avait été retrouvé à 67 mètres de profondeur, moins d’un mois après l’accident tragique. Deux ans et demi plus tard, David Henderson a été condamné à 18 mois de prison par la Crown court de Cardiff pour avoir “mis en danger la sécurité d’un avion”. En effet, on lui reproche d’avoir engagé un pilote qu’il savait non qualifié pour transporter un passager sans autorisation valide.
Aujourd’hui, Cardiff estime que le FC Nantes est responsable du vol privé. Le club de la capitale galloise conteste aussi la décision du tribunal de la FIFA. Il considère que la signature de l’attaquant n’était pas encore effective au moment de l’accident. Cardiff City a donc saisi le tribunal de commerce de Nantes pour demander une compensation des pertes de revenus et des autres dommages subis par le club suite au décès de Sala. Selon le journal L’Equipe, Cardiff estime le préjudice subi dans le contentieux qui l’oppose au club français à 120 millions d’euros. Cette information a ensuite été confirmée par l’avocate du club gallois, Céline Jones : elle a déclaré à l’Agence France Presse qu’une “analyse approfondie” avait été réalisée pour chiffrer le préjudice.
Une analyse qui fait polémique
Ce montant vertigineux réclamé par les BlueBirds a été calculé à partir d’une étude analytique réalisée par le cabinet sportif axé sur les données Analytics Fc. La société britannique a construit un rapport en s’appuyant sur des “expected goals”et des “expected points” . D’après cette analyse, qui a été présentée devant le tribunal le 22 avril dernier, Cardiff aurait eu 54,2 % de chances de se maintenir en Premier League avec son joueur argentin. L’avocate du club a déclaré, lors d’une audience en juin 2023 : “Si Sala avait pu jouer, il aurait forcément marqué des buts entre janvier et juin 2019 et Cardiff serait resté en première division. Il serait irréaliste de penser qu’il n’aurait marqué aucun but”.
La première question qui se pose est celle de l’acharnement de Cardiff. Comme le relaie L’Equipe, en mars 2024, les avocats du FCN ont dénoncé l’attitude du club gallois : “Cardiff continue de s’en prendre injustement au FCN et de mobiliser inutilement la justice française après avoir perdu devant la FIFA “.
La seconde question se joue sur un plan éthique : est-il possible de faire évaluer les performances éventuelles d’un mort par une compilation de données qui évacuent la dimension humaine du sport ?