« Je me fais du souci pour les fans d’Harry Potter, ils devraient être sortis de cette phase aujourd’hui. C’était il y a 25 ans et c’est pour les enfants. » Miriam Margolyes, célèbre actrice du professeur Chourave dans les films Harry Potter, confie son ressenti sur les Potterheads (fans d’Harry Potter).
Tout le monde connaît l’histoire. Harry Potter, un orphelin de 11 ans, est maltraité par sa tante, son oncle et son cousin. Le jour de son anniversaire, sa vie bascule en même temps que la porte de sa cabane s’ouvre : Hagrid, un demi-géant, vient lui annoncer qu’il est un sorcier. S’ensuivent alors sept années à l’école de Poudlard, où il rencontre ses meilleurs amis, apprend la magie et lutte pour survivre aux multiples attaques de Lord Voldemort, le mage noir qui veut sa peau.
Cette saga de sept tomes, signée J.K. Rowling, a alimenté les lectures et les écrans des jeunes, et ce, depuis la sortie du premier tome en 1997. Bien que l’histoire traite d’une école de sorcellerie, la vraie magie de cette saga réside dans sa longévité et son impact actuel sur la pop culture. Aujourd’hui, les fans de Harry Potter sont des millions et l’histoire leur appartiennent.
Mais qu’est-ce qui fait que cette communauté de fans soit encore aussi présente aujourd’hui ? Quelles sont les raisons d’une telle longévité de la saga ?
Les “Potterheads” : une communauté encore très présente.
« Sur le papier, c’est une histoire pour enfants. Mais plus on la lit, plus le monde des sorciers devient tout un univers complexe. Un univers qui vit encore aujourd’hui grâce aux fans sur les réseaux sociaux », me confie N.M., 14 ans.
En effet, en septembre 2020, un nouvel hashtag naît sur TikTok : #Dracotok. Ce hashtag rassemble deux noms : Draco Malfoy (un célèbre personnage de la saga) et TikTok, l’application en question. À lui seul, il représente 4 millions de publications sur la plateforme en 2025, toutes de nature différente : montages, scénarios fictifs, analyses des films… Des millions de créateurs proposent du contenu autour d’Harry Potter en 2020.
Plus que de la simple création de contenu, c’est aussi tout un univers littéraire que les Potterheads ont créé. « En tant que fan d’Harry Potter, on lit beaucoup de fanfictions », me dit N.M., fan d’Harry Potter depuis ses 11 ans. « La plupart sont connues de toute la communauté, comme All the Young Dudes de MsKingBean89, par exemple. » Lorsque je lui demande de développer, N.M. continue : « En fait, il y a plusieurs auteurs sur des plateformes comme AO3 ou Wattpad qui écrivent des histoires inspirées du monde d’Harry Potter. Parfois même, les histoires sont tellement connues chez les fans qu’elles deviennent aussi ‘réelles’ que l’œuvre de base. Il y a même des gens qui ne lisent que les fanfictions pour ne pas soutenir J.K. Rowling en achetant les livres. » (1)
Car oui, les fans génèrent énormément de revenus pour J.K. Rowling, Warner Bros et tous les détenteurs de la licence Harry Potter. La recette des films et des livres a généré pour l’autrice plus d’argent que la reine Elizabeth II d’Angleterre. Aujourd’hui, selon Statista, la franchise Harry Potter vaudrait au total plus de 32 milliards de dollars américains.
Wizarding World : une question d’argent et de magie.
Si Harry Potter est toujours une franchise dont on parle encore aujourd’hui, c’est en partie grâce aux fans, mais surtout parce que la saga est une véritable machine à sous. C’est la saga littéraire la plus vendue au monde et les films ont rapporté des sommes colossales. Parmi les huit films de la série Harry Potter, le dernier, Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2 (2011), est le plus rentable. En effet, ses recettes au box-office mondial s’élèvent à un peu plus de 1,34 milliard de dollars américains, dont 381,45 millions de dollars (soit 28,4 %) proviennent des États-Unis et du Canada. Le premier film, Harry Potter à l’école des sorciers (2001), a été le deuxième plus grand succès commercial de la série, rapportant environ 319 millions de dollars aux États-Unis et au Canada et plus de 703 millions de dollars dans les autres pays du monde.
Au-delà de la vente des films et des livres, une grande partie de la magie d’Harry Potter réside dans son attractivité touristique, ses jeux vidéo et ses produits dérivés. Par exemple, la visite des studios Harry Potter en Angleterre attire plus de 6 000 visiteurs par jour. Depuis l’ouverture d’une section Harry Potter dans le parc d’attractions Universal Studios, le nombre de visiteurs a augmenté de 29,6 %, pour atteindre 10,7 millions en 2018.
La franchise médiatique Wizarding World s’est aussi assurée que, de chez eux, les fans d’Harry Potter puissent contribuer à la longévité de la saga. Entre jeux vidéo (Hogwarts Legacy) et produits dérivés (boutiques officielles à Londres, Chicago, New York et Tokyo), la franchise continue encore aujourd’hui de profiter pleinement du succès de Harry Potter. Une nouvelle série de films (Les Animaux Fantastiques) vient également alimenter l’impact du Monde des Sorciers sur la pop culture actuelle.
Si Miriam Margolyes estime que Harry Potter appartient au passé, la réalité est tout autre. Plus de vingt-cinq ans après la publication du premier tome, l’univers du jeune sorcier continue de captiver des millions de fans à travers le monde. Preuve ultime de sa longévité, Harry Potter s’apprête à revenir sur nos écrans sous une nouvelle forme : HBO a annoncé un reboot en série, qui adaptera fidèlement les sept tomes sur plusieurs saisons. Ce projet ambitieux promet d’offrir une relecture plus détaillée de l’histoire, avec un casting inédit et une vision plus moderne de l’univers de J.K. Rowling. Alors que les débats autour de cette nouvelle adaptation font rage, une chose est certaine : Harry Potter n’est pas près de disparaître. Plus qu’une simple histoire pour enfants, la saga est devenue un phénomène intergénérationnel (comme le prouve mon interview de N.M qui n’a que 14 ans) et qui continue d’évoluer avec son temps.
(1) N.M fait ici référence à Joanne K. Rowling, l’autrice de Harry Potter. Suite à des commentaires transphobes sur X (à l’époque où c’était encore Twitter), Rowling a semé le mécontentement chez les fans qui ont donc arrêté de la soutenir.