Tandis que les émissions révélant les nouvelles stars de la musique se multiplient, ces artistes issus de télécrochets interrogent quant à la durabilité de leur carrière. C’est le cas de Elora 20 ans, étudiante en sciences politiques et amatrice de musique. Elle a connu Katseye via les réseaux sociaux et se demande si ce girl band a réellement les capacités de s’inscrire dans le temps notamment avec la multiplicité des nouveaux artistes qui émergent chaque jour:
« Le groupe Katseye est-il avant tout un produit marketing, voué à un succès aussi fulgurant qu’éphémère, ou est-ce un véritable phénomène musical ?«
EYEKONS, SIS (Soft is Strong) is almost here! Claim your track now 💿
— KATSEYE (@katseyeworld) August 1, 2024
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À l’origine du groupe: deux géants de la musique américaine et sud-coréenne
À l’initiative de la création de ce nouveau girl band international, repose l’association de deux géants de la musique : Hybe Corporation, société sud-coréenne de divertissement spécialisée dans la production musicale, qui a notamment donné naissance au groupe de k-pop BTS, ainsi que Geffen Records, un label américain. Ensemble, ils ambitionnent de redéfinir le concept de girl band en rassemblant six jeunes femmes encore méconnues, originaires des quatre coins du monde.
L’aventure débute alors en 2023. Plus de 120 000 candidatures sont envoyées mais seulement 20 candidates sont sélectionnées pour participer à la phase finale. Cette dernière étape prend la forme d’un télécrochet intitulé Dream Academy. Elle est diffusée pendant trois mois sur YouTube ainsi que sur une célèbre chaîne de télévision japonaise. C’est au public de voter pour ses candidates préférées afin de former le groupe idéal. Celui-ci est révélé au dernier épisode. C’est ainsi que Katseye voit le jour, composé de Manon Bannerman (suisse), Daniela Avanzini (vénézuélienne-américaine), Megan Skiendiel (sino-américaine), Sophia Laforteza (philippine), Lara Raj (indo-américaine) et Yoonchae Jeung (sud-coréenne).
La signification du nom du groupe
Le nom du girl band n’a rien d’un hasard. À plusieurs reprises, notamment lors d’interviews de présentation du groupe, la leader Sophia en a expliqué l’origine. Initialement, le groupe devait se nommer « Catseye ». Traduit de l’anglais par « œil de chat », cela renvoie à une pierre précieuse dont les teintes changent selon l’angle sous lequel on l’observe. Cette image a immédiatement parlé aux membres du groupe, qui y ont vu une métaphore de leur propre identité artistique.
Olivia, 22 ans qui suit et écoute régulièrement le groupe ne connaissait pas sa signification :
«Honnêtement, je ne connais pas vraiment la signification de leur nom, je me doute simplement qu’on peut le traduire par « œil de chat » en français ».
Chacune des membres possède, en effet, une histoire, une personnalité et des influences musicales différentes, créant une riche diversité, symbole du groupe. Par la suite, Lara, l’une des membres a suggéré de modifier l’orthographe du nom pour devenir « Katseye » afin de lui donner un aspect plus visuel et de rappeler son influence K-pop.
Une identité musicale entre pop occidentale et codes K-pop
L’un des ingrédients de l’engouement fulgurant du groupe n’est autre que son identité musicale forte, se situant à la frontière entre pop occidentale et codes K-pop. Le groupe puise son inspiration et son esthétique sonore dans les carrières des plus grandes stars de la pop américaine telles que The Pussycat Dolls, Ariana Grande ou encore les Destiny’s Child. Cette influence se voit dans leurs choix musicaux : sonorités R&B modernes, refrains accrocheurs et passages pensés pour valoriser chaque membre. À cela s’ajoute une formation de plus d’un an, inspirée de la K-pop, mêlant chant, danse et chorégraphies soigneusement élaborées
Le clip de leur chanson « Gabriela », qui cumule près de 134 millions de vues, en offre l’illustration parfaite. Durant plus de trois minutes, le groupe enchaîne mouvements chorégraphiques et déplacements scéniques avec une synchronisation d’une précision remarquable.
Olivia 22 ans, amatrice du groupe précise:
« C’est justement ce mélange entre pop et Kpop qui m’a donné envie de découvrir et puis de suivre le groupe. Les musiques sont joyeuses et les paroles restent rapidement en tête, ça donne envie de danser en écoutant ».
À travers ce mélange entre pop occidentale et industrie K-pop, Katseye illustre l’émergence d’un modèle musical nouveau reformulant la K-pop non plus comme un genre uniquement coréen, mais comme une source d’inspiration de la pop mondiale.
night one of the BEAUTIFUL CHAOS tour was truly a dream come true 🥹 minneapolis EYEKONS, we can’t thank you enough for bringing all the energy. we’ll remember this moment for the rest of our lives !! 🖤 toronto – you’re up next! 🇨🇦 #KATSEYE pic.twitter.com/CaEN3lmwby
— KATSEYE (@katseyeworld) November 16, 2025
La réception critique : entre fascination et scepticisme
Si l’ascension fulgurante de Katseye fascine, elle n’échappe pas pour autant aux critiques, notamment autour de la conception du groupe et de son image. Depuis ses débuts et la sortie de son premier EP, plusieurs polémiques ont éclaté, en particulier concernant Yoonchae, âgée de seulement 17 ans. Certaines chorégraphies et tenues ont été jugées trop sexualisées par une partie du public et par certains médias musicaux.
Lors de la sortie, en 2025, du clip de la chanson « Gnarly », les débats se sont intensifiés. Plusieurs séquences ont été pointées du doigt pour la mise en scène jugée trop adulte, suscitant de vives discussions sur la responsabilité des maisons de production Hybe et Geffen Records ainsi que sur les limites de la représentation d’artistes mineures dans l’industrie musicale. Certains fans du groupe ont dénoncé un manque de vigilance, écrivant sur les réseaux sociaux :
« Il y avait beaucoup de choses vraiment bizarres dans le clip vidéo qui, à mon avis, n’étaient pas appropriées pour une mineure comme Yoonchae ».
Tandis que d’autres ont défendu une intention artistique et une volonté pour le groupe d’assumer une image affirmée, issu en grande partie de l’industrie américaine, dans laquelle ce genre de clips vidéo sont devenu une réalité banalisée :
« Les gens n’arrêtent pas de dire « Yoonchae n’a-t-elle pas 17 ans ? » […] ces choses-là sont normales dans la culture de la danse aux États-Unis. Les majorettes, les pom-pom girls, le voguing et bien d’autres choses encore couvrent tous ces styles de danse, donc il ne serait pas étrange que Katseye le fasse aussi ».
Ces contestations illustrent, de ce fait, le paradoxe existant entre admiration pour leur ambition artistique et inquiétude quant à la gestion de leur image.
thank you @vmas for nominating us for Best Group, it's such an honor to be nominated alongside so many groups that we have looked up to!!
— KATSEYE (@katseyeworld) August 29, 2025
round 1 of voting starts on 9/2 at 11AM ET on @MTV’s instagram story and closes on 9/3 at 11AM ET 🖤 EYEKONS, mark your calendars!! pic.twitter.com/UuzdnLtXIZ
Quel avenir pour le girl band ?
Cette ascension fulgurante, alimentée par les réseaux sociaux, des clips devenus viraux et le soutien de leurs maisons de production Hybe et Geffen Records, a rapidement imposé les Katseye comme le phénomène émergent de la nouvelle scène internationale. Cet essor, s’accompagne néanmoins de défis considérables, entre critiques virulentes et polémiques liées à leur identité artistique. Tout cela dans un environnement musical de plus en plus compétitif.
L’histoire des girls bands précédents préfigure un risque. Des phénomènes comme les Spice Girls ou encore les Pussycat Dolls, malgré des carrières internationales et des succès planétaires, ont fini par se séparer, victimes de tensions entre ses membres ou de l’usure d’une célébrité rapide.
Pour Katseye, l’enjeu serait donc de transformer ce succès rapide en une carrière durable, sans pour autant perdre leur identité artistique, ni tomber dans le piège d’une gloire éphémère capable de s’éteindre aussi rapidement qu’elle est apparue.





1 comment
Article très détaillé qui nous permet d’en apprendre plus sur ce groupe. Bravo et hâte de lire les prochains !