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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Les écolos ou l’art de jeter de la soupe sur les tableaux

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Laura BERTHUIN

Étudiante en BUT journalisme à Vichy, je souhaiterais devenir journaliste d’investigation. Curieuse et déterminée, je suis passionnée par la géopolitique, l’environnement ou encore le sport.
La Joconde de Léonard de Vinci, Les Tournesols de Van Gogh ou encore Le Printemps de Claude Monet. Ils ont tous un point commun : avoir été aspergés de soupe par des activistes écologistes. Depuis deux ans, ces mouvements de protestation se multiplient au dépens des musées européens. La désobéissance civile se métamorphose pour s’en prendre à l’art.

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Des militantes écologistes menant une action pour sauver la planète Crédit : Freepik

Samedi 10 Février 2024, deux militantes prennent la pose, la main levée devant un tableau fraîchement aspergé de soupe de légumes. Les deux jeunes femmes s’en sont prises à un tableau de Monet au musée des Beaux-Arts de Lyon. Elles font partie du collectif  Riposte Alimentaire. Cette action est revendiquée sur X par le collectif voulant “alerter sur la crise climatique et sociale à venir”. 

Un phénomène qui se multiplie dans les pays européens 

Les militants de la cause environnementale multiplient ce type d’actions en Europe, principalement pour alerter l’opinion publique sur l’accentuation du réchauffement climatique. Effectivement, le 14 octobre 2022, deux membres de l’organisation Just Stop Oil ont aspergé de soupe à la tomate la vitrine protégeant les célèbres Tournesols de Van Gogh à la National Gallery de Londres. Plus récemment, ce 28 janvier 2024, c’est la belle Mona Lisa de Léonard de Vinci qui a été victime de la soupe à la tomate des militants écologiques.

Selon l’AFP, cette action a été revendiquée par un collectif qui s’est lui-même baptisé Riposte Alimentaire. Rebelote pour l’association qui a réitéré son action samedi 10 février au musée des Beaux-Arts de Lyon. Cette fois c’est le tableau de Claude Monet Le Printemps qui a été pris pour cible.  Dans un communiqué de presse, le musée annonce qu’il “va déposer plainte pour acte de vandalisme” après que “la police nationale ait arrêté les deux protagonistes responsables de l’incident”.

Deux acteurs principaux

Ces collectifs font partie du Réseau A22 de résistance civile qui regroupe dix pays à travers le monde dont notamment Just Stop Oil (Royaume-Unis), Riposte Alimentaire (France) ou encore Last Generation (Allemagne). Just Stop Oil’ est un groupe de militants pour le climat basé au Royaume-Unis. Ce mouvement a été lancé le 14 février 2022 dans le but de contraindre le gouvernement britannique d’arrêter les nouvelles licences et les productions de combustibles fossiles. Ses modes opératoires sont la résistance civile sous forme d’obstructions et plus récemment de vandalisme en ciblant les œuvres d’arts de la National Gallery de Londres.  

Le second collectif est celui revendiquant les actions visant La Joconde mais aussi Le Printemps de Monet. Il s’agit de Riposte Alimentaire. C’est un collectif de résistance civile qui a lancé sa nouvelle campagne en janvier 2024 afin d’obtenir la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation durable en France. Pour lui c’est une solution atteignable pour un monde plus juste et viable.

Un mode opératoire nouveau : viser les œuvres d’art

On connaissait les blocages, les manifestations ou encore le cassage de vitrine. Mais utiliser des légumes en guise de protestation on ne s’y attendait pas. Pourtant c’est une nouvelle technique qui se démocratise chez les activistes écologistes. C’est une action assez paradoxale utilisée, entre autres, par le collectif Rispose Alimentaire. En effet, comment justifier le fait de gaspiller de la soupe pour demander l’accès à l’alimentation durable pour tous dans le pays. 

Cela vient remettre en question l’utilité de cet acte. Sasha, 24 ans, membre de l’équipe permanente de Riposte Alimentaire justifie ce geste, “C’est un moyen de faire parler notre revendication qui soit en lien avec l’alimentation et sans dégrader durablement”. Pour lui, viser des peintures est une action stratégique. “Cela permet d’imposer médiatiquement le sujet de la sécurité sociale de l’alimentation durable sans dégrader et en faisant parler de notre campagne de résistance civile”

“C’est de l’écologie spectaculaire, ils ne savent pas comment faire”

Se pose alors la question de l’intérêt de ces actions : sont-elles vraiment utiles à la cause écologique ? Corinne Tong Chai, artiste indépendante passionnée de peinture est d’avis que “l’art n’a rien à voir la dedans”. Pour elle ce n’est pas le moyen d’action qui correspond aux revendications et au contraire il divise le public. “Il ne comprend pas le rapport entre balancer de la soupe sur un Van Gogh et l’écologie”, explique-t-elle. Cependant, elle ne s’estime pas radicalement contre mais en tant qu’artiste elle est affligée. “Sur le fond de la désobéissance civile oui; mais sur la forme ils n’apportent aucune piste de réflexion”

Mixer politique et écologie

L’artiste évoque aussi le fait que les activistes choisissent de viser les musées alors que l’art se trouve partout, même dans la rue. Pour elle, un musée permet l’ouverture au monde et à la culture, il y a une vraie dimension politique derrière. “S’en prendre aux musées c’est quelque chose de symbolique, tout est possible dans un musée”, détaille Corinne Tong Chai. Malgré tout, il ne doit pas être le théâtre de telles actions. Dans son communiqué, le musée des Beaux-arts de Lyon explique d’ailleurs avoir fermé au public les salles présentant les œuvres impressionnistes le dimanche 11 février à la suite de “l’incident” visant Le Printemps de Monet. 

Ces mouvements de désobéissance civile à caractère écologique semblent se démocratiser bien au-delà des frontières européennes. Aux États Unis, c’est la Constitution américaine qui a été visée.  Le mercredi 14 février 2024, deux militants du groupe Déclare Ermgency ont été arrêtés pour avoir jeté de la poudre sur la vitrine protégeant la Constitution aux archives nationales de Washington D.C. Selon l’AFP, ils souhaitaient inciter le président Biden à déclarer l’état d’urgence sur le climat. Mais s’en prendre au patrimoine d’un pays c’est s’en prendre à son identité, sa genèse. 

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