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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Les footballeurs jouent-ils trop de matchs ? 

Quentin Roussel

Quentin Roussel

Depuis plusieurs mois, cette question s’installe dans le monde du football comme un débat majeur. Entre championnats, coupes nationales, tournois européens et matchs internationaux, la cadence s’accélère pour les footballeurs professionnels, certains se retrouvant à jouer un match tous les trois jours. Mais cette accumulation de matchs augmente le risque de fatigue et de blessures pour les joueurs. À deux mois de la Coupe du Monde au Qatar, de nombreuses voix s’élèvent...

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Les joueurs de l'Equipe de France, marquée par les blessures, lors du dernier rassemblement (Source : CNews)
À 2 mois du Mondial, une Équipe de France gangrenée par les blessures

Lors de son dernier rassemblement avant la Coupe du Monde au Qatar, le sélectionneur français Didier Deschamps a dû faire face à une multitude de joueurs blessés. Lloris, Kimpembe, les deux frères Hernandez, Digne, Kamara, Kanté, Pogba, Rabiot, Coman, Benzema : ils étaient déjà plus d’une dizaine à ne pas pouvoir être appelés par Didier Deschamps. Blessés lors de la rencontre face à l’Autriche, Mike Maignan et Jules Koundé n’ont à leur tour pas pu participer à la rencontre face au Danemark, soldé par une défaite 2-0 des Bleus. Cette hécatombe qui touche l’Équipe de France a de quoi poser un véritable casse-tête à Didier Deschamps. Celui-ci devra pourtant annoncer sa liste des Bleus allant au Qatar le 9 novembre prochain. 

Le défenseur central Jules Koundé, blessé en première mi-temps lors de la rencontre. Le gardien Mike Maignan (à gauche) s’est lui aussi blessé lors de la rencontre
Des blessures liées à l’accumulation des matchs ? 

Dimanche dernier, les Français se sont à nouveau inclinés face aux Danois. Cette défaite fait écho à leur précédent échec face à eux le 3 juin. En conférence de presse d’après-match, l’adjoint de Didier Deschamps, Guy Stéphan n’avait pas souhaité se chercher des excuses. Il constatait malgré tout une augmentation du nombre de blessures, liée selon lui à l’accumulation des matchs. Alors que les champions du Monde, Kylian Mbappé et Raphaël Varane, étaient sortis sur blessure lors de ce match, Guy Stéphan expliquait :

“Je ne vais pas chercher d’excuses. Le constat est réel. On a des joueurs qui ont beaucoup joué pendant cette saison. Mais a évidemment manqué de fraîcheur physique par moments. On a une équipe qui peut être pétillante, mais elle a besoin de ressorts, de fraîcheur, pour être capable d’évoluer à son niveau.”

Guy Stéphan

Guy Stéphan est forcé de constater qu’après une saison au calendrier chargé avec leur club, les joueurs sélectionnés doivent encore enchaîner avec leur pays, sans possibilité de se reposer. “Ils ont beaucoup joué, le calendrier est ainsi fait. On a 4 matchs en 11 jours. Il y en un autre tout de suite derrière.”

Des sélections inquiètent pour leurs internationaux

Ce rythme infernal empêche les joueurs d’évoluer à leur meilleur niveau et provoque des blessures. Et la France n’est pas la seule sélection à le faire remarquer. Le sélectionneur italien Roberto Mancini soulignait en mars 2021 cette problématique, quelques mois seulement avant que l’Italie ne remporte l’Euro “Tous les matchs sont difficiles, […] À ce moment de la saison, les équipes sont fatiguées.” L’attaquant de la Squadra Azzura, Andrea Belotti se livrait lui sur l’état de fatigue des joueurs. “Fatigués ? Le Covid nous a beaucoup touchés. On arrive de deux saisons consécutives, on ne s’est jamais arrêté, la fatigue peut se faire sentir.” 

Une accumulation de matchs qui touche les sélections puisqu’elles ne peuvent disposer de tous leurs joueurs à 100 %. Mais ce phénomène inquiète aussi les clubs qui voient leur infirmerie régulièrement remplie.

“On va tuer les joueurs” 

À l’époque entraîneur du Paris Saint-Germain, le tacticien allemand Thomas Tuchel ne cachait pas sa colère contre le surrégime imposé à son club. En octobre 2020, lors d’une semaine où ses joueurs ont enchaîné deux déplacements à Istanbul et Nantes, Tuchel s’exprimait avec véhémence.

” On va tuer les joueurs, […] il y a une relation entre la préparation et la performance. On n’a pas de phases pour récupérer et se préparer. Il faut cela, il n’y a pas de secret. Sans cela, les joueurs sont fragiles. […] Si on continue comme ça, il n’y aura plus de joueurs.

Thomas Tuchel en conférence de presse lorsqu’il était entraîneur du PSG

Son constat est clair, l’accumulation des matchs représente un gros risque pour les joueurs. Ce sont eux qui en payent les conséquences avec au pire des blessures, au mieux un manque de préparation qui les empêchent de jouer au meilleur niveau et qui va continuer d’augmenter leur risque de blessures. L’enchaînement des matchs sans repos ou presque représente donc un cycle dans lequel les joueurs finissent pratiquement tous par se blesser. 

“Nous ne sommes pas des machines” 

Et ce constat, les joueurs eux-mêmes en ont pris conscience. Certains d’entre n’hésitent pas à prendre la parole pour exprimer leur inquiétude quant à leur santé. 

Peu de temps après avoir quitté le PSG de Thomas Tuchel (qu’il retrouvera par la suite), le défenseur brésilien de Chelsea Thiago Silva tenait le même discours que le coach allemand. En novembre 2020, suite à la pandémie de Covid-19 , il expliquait : “Il faut se réinventer sans arrêt. On perd des joueurs infectés par le Covid-19, ou d’autres qui se blessent parce qu’on fait beaucoup de matchs. Nous ne sommes pas des machines.” L’ancien capitaine parisien a même expliqué prendre encore plus au sérieux sa préparation en raison de son “âge avancé”. Il l’affirme sans se cacher, les joueurs sont concernés et inquiets à propos de leur santé.

“On a vu des études récentes montrant qu’il est plus probable qu’on se blesse après avoir enchaîné quatre ou cinq matches (tous les trois jours). C’est très inquiétant pour nous.” 

Thiago Silva
Thiago Silva, ancien joueur du PSG, sous les couleurs du club de Chelsea
Pour l’instant pas de changements 

Les acteurs et observateurs du football constatent et s’inquiètent donc des dangers de la trop importante accumulation des matchs. Mais de leur côté, les ligues nationales et organisations internationales n’ont pas pris de mesures visant à réduire ce phénomène. 

Pire, à l’aube d’une toute première Coupe du Monde en hiver, les clubs et sélections nationales vont devoir adapter leur préparation à un calendrier tout à fait inédit. Le nombre de blessures va-t-il encore augmenter à cause de cela ? Nous aurons les premiers éléments de réponse dans quelques mois…

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