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Nicolas Sarkozy : L’immortel de la République à l’ombre de la justice

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L’ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au tribunal de Paris
Getty Images: L’ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au tribunal de Paris

Il a été avocat, Maire de Neuilly-sur-Seine, Porte parole du Gouvernement et Ministre à de nombreuses reprises. Bien que son parcours politique soit honorable, les démêlés judiciaires du 23ème Président de la République viennent compromettre son brillant parcours. 

Pourtant retiré des Membres de la Légion d’Honneur par un arrêté du 15 juin 2025, Nicolas Sarkozy ne se cache pas, et tente toujours de rayonner tant à l’international que sur le territoire français, d’autant plus que nombreux sont encore ceux qui l’admirent en tant qu’ancien Président de la République et ex-patron des Républicains.

Sarkozy, président en campagne judiciaire permanente

Président de la République entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy est aujourd’hui Membre de droit du Conseil Constitutionnel, mais est depuis la fin de son mandat, bien plus souvent assis sur les bancs du Palais de Justice que sur ceux du Palais-Royal.

Il convient ainsi de retracer l’ensemble des procédures judiciaires qui l’ont suivies et qui le suivent encore aujourd’hui, afin d’essayer de comprendre le rôle qu’il joue désormais, entre notoriété et perte d’influence.

2007 : Affaire des sondages de l’Élysée

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de nombreux sondages commandés par l’Élysée ont abordé des sujets variés tels que l’avis des français sur le mariage de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni, la prestation de François Hollande à la télévision, ou même les propositions du Parti Socialiste au sujet de l’immigration.

Néanmoins, ce n’est pas pour leur forme, mais plutôt pour leur fond que ces sondages ont posé problème. En effet, ces sondages ont été commandés, sans appel d’offre, auprès des sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, deux conseillers du président. Ainsi, pour ces sondages, l’Éŀysée aurait versé 7,4 millions d’euros entre 2007 et 2012. 

Alors que cette affaire a provoqué un scandale dans tout le pays, Nicolas Sarkozy n’a jamais été inquiété grâce à l’immunité qui lui a été conférée par son rôle de président de la République. Ainsi, si certains prévenus ont été condamnés, cette affaire montre bel et bien les défaillances de la justice qui ne confère par une égalité devant la loi à tous, puisque la responsabilité politique de Nicolas Sarkozy n’a jamais été engagée. 

2010 : Affaire Woerth-Bettencourt


Après de nombreuses auditions et témoignages, l’ancien Président de la République a été mis en examen en 2013 pour abus de faiblesse, trafic d’influence et recel. Ce dernier aurait profité de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière du groupe l’Oréal, alors qu’elle était en état de faiblesse.

Faute de preuves, Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un non lieu, le permettant de conserver ses fonctions, ainsi que sa popularité, puisqu’il n’aurait pas pu bénéficier de son immunité présidentielle, étant donné que les faits ont été commis en dehors de son mandat.

2012 : Affaire Karachi

Au cours du mandat d’Édouard Balladur entre 1993 et 1995, Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, aurait accordé des commissions démesurées lors de ventes d’armes au Pakistan et à l’Arabie saoudite. Un partie de ces commissions leur aurait été rendue par des intermédiaires dans le financement de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur, dans laquelle Nicolas Sarkozy était Porte-parole. 

Ainsi, même si Édouard Balladur et d’autres membres du Gouvernement ont été mis en cause et condamnés, Nicolas Sarkozy n’a pas été mis en cause directement, faute de preuves une nouvelle fois, d’autant plus que l’affaire a été révélée au grand jour durant son mandat, ce qui a mené à n’enclencher aucune procédure contre lui

2013 : Affaire Tapie-Crédit Lyonnais


En 2008, l’État a accepté de verser 404 millions d’euros à Bernard Tapie, en compensation du préjudice qu’il aurait subi lors de la vente d’Adidas en 1993. 

Néanmoins, réputé pour avoir été proche de l’homme d’affaires, le président de la République, Nicolas Sarkozy a refusé de prêter son témoignage, une nouvelle fois protégé par son immunité présidentielle.

2014 : Affaire des écoutes


En 2013, dans le cadre de l’enquête sur un possible financement libyen dans sa campagne de 2007, le juge fait placer Nicolas Sarkozy sur écoute. Les enquêteurs découvrent une ligne secrète, au nom de « Paul Bismuth », sur laquelle l’ancien président échange avec son avocat Thierry Herzog.

Ils y discutent d’un recours en cassation dans l’affaire Bettencourt et cherchent à obtenir des informations confidentielles via Gilbert Azibert, haut magistrat à la Cour de cassation à qui Nicolas Sarkozy aurait promis l’obtention d’un poste à Monaco en échange.

En 2014, le Parquet national financier ouvre une enquête au sujet de cette ligne secrète. Peu de temps après, les échanges sur cette ligne changent de ton. Les enquêteurs suspectent une fuite. 

Une information judiciaire est ouverte dans laquelle Sarkozy, Herzog et Azibert sont mis en examen pour corruption et trafic d’influence. En parallèle, une enquête discrète est lancée pour identifier la «taupe» qui aurait averti Sarkozy qu’il était sur écoute, mais sera classée sans suite en 2019.

Sarkozy nie désormais tout pacte de corruption, arguant que rien ne s’est concrétisé. Mais pour la justice, l’intention suffit, et le Parquet national financier évoque des méthodes de «délinquants chevronnés». Cette affaire aboutira à une condamnation inédite d’un ancien président sous la Ve République.

Au terme de cette affaire le 1er mars 2021, Nicolas Sarkozy a été condamné à trois ans de prison dont un an ferme sous bracelet électronique pour corruption active, trafic d’influence, et violation du secret de l’instruction. Ce dernier a finalement été condamné le 18 décembre 2024 après un pourvoi en Cour de Cassation.

2016: Affaire Bygmalion


Cette affaire a révélé un système de fausses factures et conventions entre l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et Bygmalion, l’agence de communication chargée d’organiser les meetings de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. 

L’objectif de ce système était de dissimuler les dépassements du plafond légal des dépenses électorales, alors que le candidat avait déjà été informé de ce risque préalablement par une note d’alerte, et a choisi de prendre le chemin inverse, à savoir augmenter le nombre de ses meetings. 

En tant que candidat et ancien président, il était parfaitement informé de ce système, et a de cette façon nuit à l’égalité entre les candidats. De cette manière, il a été condamné en appel à un an d’emprisonnement dont six mois fermes le 14 février 2024. 

2018 : Affaire du financement libyen de la campagne de 2007


Soupçonné d’avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 grâce à des fonds venus du régime libyen de Kadhafi, Nicolas Sarkozy est accusé de recel, détournement de fonds publics, corruption passive, financement illégal de campagne électorale, ainsi que d’association de malfaiteurs. 

Cette affaire n’est donc pas la première à ce sujet le concernant, d’autant plus que cette fois-ci, Nicolas Sarkozy a été élu, ce qui atteint davantage le caractère démocratique de son mandat

Le 23ème président de la République a ainsi commencé à comparaître le 6 janvier 2025, et risque jusqu’à dix ans de prison, 375 000 euros d’amende, ainsi que cinq ans d’inéligibilité.

L’ancien président de la République est également examiné pour d’autres affaires en cours, à savoir celle du Qatargate, de la rétractation de Ziad Takieddine, le Reso-garantia, ainsi que l’affaire Arnaud Lagardère-Qatar. Ce dernier est donc loin d’en avoir fini avec la justice, alors qu’il tente toujours de conserver son rayonnement.

La République retire ses honneurs à Nicolas Sarkozy

Suite à sa condamnation pour corruption lors de l’affaire des écoutes, deux arrêtés pris le dimanche 15 juin 2025, publiés dans le Journal officiel ont acté pour Nicolas Sarkozy d’une part son exclusion de l’Ordre de la Légion d’honneur, et d’autre part de l’Ordre national du Mérite. 

Par le rejet de son ultime recours à la justice en France, Nicolas Sarkozy s’est vu retirer ces titres de droit. En effet, le grand chancelier de la légion d’honneur retire le titre du chevalier de manière automatique lorsque ce dernier est condamné pour un crime ou écope d’une peine d’emprisonnement supérieure ou égale à un an ferme. 

Ce rejet rend ainsi définitive sa condamnation, alors que l’ancien président de la République a toujours le droit de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Sarkozy humilié par l’Histoire

En se voyant retirer de l’Ordre de la Légion d’honneur, Nicolas Sarkozy devient le deuxième chef d’État français à subir cette humiliation. Pire encore, la première fois qu’elle a été retirée à un chef d’État, c’était au maréchal Pétain

Alors que d’un côté, Nicolas Sarkozy s’en voit privé pour corruption, le maréchal Pétain se l’est vu retirer après sa condamnation pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi en août 1945. Bien que les deux condamnations soient bien différentes, la conclusion est la même, Nicolas Sarkozy a subi le même sort que celui qui a serré la main de l’ennemi.

Ainsi, ce simple rapprochement historique suffit à lui-même pour bafouer l’image que Nicolas Sarkozy s’est donné tant de mal à garantir de lui-même. 

De cette manière, la décision prise à l’égard du 23ème président de la République est parfois perçue comme injuste, étant donné le contraste entre leurs deux peines et chefs d’accusation. En effet, si l’un a été condamné à mort, frappé d’indignité nationale et condamné à la confiscation de ses biens, l’autre a écopé de trois ans de prison, dont un ferme. 

Ainsi, certains réclament une révision de la règle par l’Ordre de la Légion d’honneur pour ne retirer la Légion que dans certains cas, tout en critiquant l’absurdité des peines planchers automatiques

De l’autre côté, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a expliqué que faire le «lien» entre Nicolas Sarkozy et le maréchal Pétain «est indigne». Cette dernière a ensuite expliqué que même si «Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués», elle ne s’oppose pas à la décision de l’Ordre, mais reste «un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison»

Être chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur demande un certain nombre de responsabilités afin de faire rayonner et prospérer ce titre. D’autant plus que Nicolas Sarkozy n’en est pas à son premier, ni à son dernier démêlé judiciaire. Il convient alors, pour conserver la légitimité de ce titre, de l’attribuer ou de le retirer à ceux qui le méritent ou l’entâchent réellement, sans ne faire aucune comparaison historique qui pourrait rendre la décision équivoque.

Quand l’institution juge ses décorés

Fondé en 1802 par Napoléon Bonaparte, l’Ordre de la Légion d’honneur stipule qu’est exclue de l’Ordre toute personne qui a été condamnée à «une peine d’emprisonnement sans sursis égale ou supérieure à un an»

Si les textes le stipulent, certains enfants et petits-enfants de décorés ont saisi la justice en affirmant que «Retirer la Légion d’honneur et l’Ordre national du Mérite à l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy n’est pas manquer de respect à la fonction de président, c’est bien la protéger». 

En effet, bien que le fait de retirer la Légion d’honneur à ceux qui n’y sont plus conformes permet de préserver sa grandeur, cette décision permet également, dans le cas de Nicolas Sarkozy de légitimer la fonction de président de la République plus que de l’humilier, en ne célébrant et décorant que ceux qui ont usé de leur pouvoir et de leurs droits de manière légale, responsable et démocratique, pendant ou en dehors de leur mandat.

Nicolas Sarkozy refuse de se faire humilier

Même si l’ancien président de la République feint de ne pas l’être, tous ses visiteurs ont constaté sa colère quant à la décision de l’Ordre. 

Après de nombreuses discussions lors desquelles Emmanuel Macron lui promettait qu’il ne se la verrait pas retirer, un décret du 22 janvier 2025 empêche désormais le président de la République de prendre ce genre de décision. Ainsi, Nicolas Sarkozy ne voit plus qu’une seule solution pour ne pas subir cette humiliation plus longtemps: saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et cette fois-ci, il compte obtenir gain de cause. 

En tant qu’ancien président, Nicolas Sarkozy est censé incarner l’honneur de la République. Cette décision a permis de démystifier les figures politiques, même celles placées au plus haut de l’État. En effet, Nicolas Sarkozy a perdu bien plus qu’une décoration, il a désormais perdu le symbole d’un ancien président de la République censé incarner la respectabilité et l’exemplarité.

Le Progrès – 16 juin 2025: Quand Nicolas Sarkozy est exclu de la Légion d’honneur

Soutien de Macron à Sarkozy, une position qui divise


En tant que grand maître de l’Ordre de la Légion d’honneur, il était important pour Emmanuel Macron de ne pas dégrader son proche prédécesseur. En effet, le 24 avril 2025, ce dernier a dit qu’il était «très important que les anciens présidents soient respectés»

Néanmoins, le décret du 22 janvier lui a retiré cette mainmise, lui faisant perdre le contrôle quant à l’avenir de son prédécesseur. Ainsi, la décision du grand chancelier général François Lecointre a déplu au président qui a expliqué que «ce ne serait pas une bonne décision»

Même si certains légionnaires sont de l’avis d’Emmanuel Macron, ce point de vue ne semble pas objectif, de part la fonction de président de la République qu’il occupe actuellement, ainsi que les relations proches qu’il entretient avec son prédécesseur. En se prononçant de cet avis, Emmanuel Macron aurait pu vouloir, par intérêt, protéger son confrère, ainsi que sa propre carrière s’il devait faire face à un tel événement à l’avenir. 

La gauche se félicite de la déchéance honorifique de Nicolas Sarkozy


Du côté de la gauche, la décision de l’Ordre a été largement saluée. En effet, certains députés ont exprimé leur satisfaction face à une justice qui traite au cas par cas et qui use de la loi, même contre ceux qui ont occupé les plus hautes fonctions du pays.

Le député LFI Manuel Bompard a expliqué que «Les Français ont beaucoup de mal à comprendre que la justice devrait s’appliquer de manière différente en fonction des gens», rendant injustifiable l’application de la justice en fonction du statut social ou de la notoriété. 

De son côté, le député écologiste Benjamin Lucas a déclaré que «la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité». Ce dernier insiste sur le devoir de responsabilité et de loyauté qu’un élu a envers son peuple, que ce soit avant, pendant ou après son mandat. 

Ainsi, la gauche prend généralement le parti d’une décision juste, légitime et légale, qui était nécessaire pour préserver l’importance des devoirs qu’ont les élus envers le peuple.

Le Rassemblement National monte au créneau

Jordan Bardella fait partie de ceux qui admirent l’ancien président de la République. Ainsi, ce dernier s’est indigné en apprenant la décision de l’Ordre, qu’il perçoit comme une humiliation pour cette figure qu’il estime tant. 

Après avoir rendu publique son opinion, ce dernier a été invité à prendre un café dans les bureaux de Nicolas Sarkozy. Cette rencontre n’a rien d’anodin et peut cacher de nombreux intérêts, que ce soit pour le déchu de la Légion d’honneur, ou le président du Rassemblement National.

Bardella-Sarkozy, une rencontre qui défie les fondements idéologiques de l’ancien président

Début juillet, les deux hommes se sont rencontrés autour d’un café d’une heure au sein des bureaux parisiens de l’ancien président. Cet échange portant sur «la situation politique et l’avenir de la France» est réputé pour avoir été «courtois et chaleureux» selon l’entourage de Jordan Bardella.

Bien qu’apaisé, cet échange fait réagir. En effet, Nicolas Sarkozy a lutté contre Jean-Marie Le Pen à l’époque avec la ligne Buisson, et se retrouve désormais à boire un café avec le président d’un parti qui crée le «désordre», avait-il dit dans un discours lors des élections régionales en 2015. 

Ainsi, cette étonnante rencontre semble cacher aux yeux de tous des intérêts, que ce soit pour le jeune président du Rassemblement National en quête de pouvoir, ou pour l’ancien président de la République désireux de rayonnement et de popularité.

De la dédiabolisation à la normalisation, il n’y a qu’un café

Le jeune président du Rassemblement National a très souvent exprimé son admiration pour Nicolas Sarkozy. En effet, il le salue pour sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, et a expliqué que «l’idée de réunir dans un même élan les Français issus des classes populaires et une partie de la bourgeoisie conservatrice comme Nicolas Sarkozy le fit en 2007 est pertinente», dans son ouvrage «Ce que je cherche» publié en 2024. Il s’est par ailleurs affiché lors d’une vidéo tournée un an plus tôt auprès d’une pile de dossiers au-dessus de laquelle se trouvaient les mémoires de Nicolas Sarkozy, «Le temps des combats»

Jordan Bardella reste ainsi un fervent admirateur du 23ème président de la République, d’autant plus qu’il s’est révélé être opposé à la décision de l’Ordre de la Légion d’honneur, la décrivant comme une «humiliation» pour Nicolas Sarkozy, qui s’est montré sensible à cette prise de position. 

En montrant son admiration pour l’ancien président de la République, Jordan Bardella est parvenu à s’offrir une place dans les bureaux de Nicolas Sarkozy le temps d’une heure, temps bien suffisant pour lui permettre de s’affirmer auprès des admirateurs de son hôte, ainsi que pour consolider sa stature de possible candidat à la prochaine présidentielle. 

Ainsi, celui qui s’est toujours opposé au Front National semble désormais dépasser ses fondements idéologiques en se profilant vers l’idée d’une union des droites. Cette position est plus que décevante pour certains de ses alliés LR qui craignent une dédiabolisation du Rassemblement National. Jacques-Yves Bohbot, fidèle sarkozyste a déclaré que «Rencontrer Jordan Bardella n’est pas du tout une solution, c’est laisser entendre qu’il n’est pas tout à fait l’extrême droite ou que l’on peut discuter avec l’extrême droite, je suis extrêmement déçu»

Ainsi, Jordan Bardella n’a que des bénéfices à tirer de cette rencontre qui va lui permettre d’un peu plus rayonner sur la scène politique, tout en banalisant ses idées auprès d’un public encore peu convaincu par le Rassemblement National et l’extrême droite en général, grâce à la bénédiction d’un ancien président de la République qui combattait autrefois le Front National.

La main tendue à l’extrême droite, une manœuvre bien calculée

Pour l’ancien président, cette rencontre affirme sa volonté de persister dans le jeu politique. En s’affichant avec Jordan Bardella, ce dernier montre qu’il reste toujours influent de manière tacite. 

Le président qui luttait autrefois contre les idées de celui avec lequel il a bu un café dernièrement n’attend qu’une chose, la reconnaissance de sa persistance sur la scène politique nationale. 

Face à toutes ces affaires qui ont détourné l’opinion publique de sa personne, Nicolas Sarkozy tente tant bien que mal de s’offrir une place de choix, même si cela lui revient à céder à la tentation populiste, ainsi qu’à serrer la main de ses opposants

Ainsi, l’ancien président de la République pourrait voir un intérêt à se rapprocher du président du Rassemblement National. En effet, selon les sondages, Jordan Bardella remporterait l’élection au premier tour avec un résultat autour de 32 et 35% d’intentions de vote s’il se présentait à la présidentielle (Ifop).  

Nicolas Sarkozy n’est donc pas dupe, s’il se rapproche du président du Rassemblement National, c’est pour s’offrir un allié de taille, et peut-être une place de choix au sein de son Gouvernement s’il venait à être élu. Outre sa carrière politique, c’est aussi et surtout pour préparer ses arrières judiciaires que l’ancien président de la République fait tous ces efforts. 

Le poids déclinant d’une figure toujours observée

En France, Nicolas Sarkozy est désormais une figure déclinante, mais toujours influente. En effet, après sa défaite contre François Hollande en 2012, il est resté un pilier central de la droite française et a continué d’exercer une influence souterraine sur sa stratégie en conseillant plusieurs candidats ou en recevant les prétendants à l’Élysée.

À l’international, ce dernier bénéficie toujours du prestige associé à sa fonction passée. Ce dernier donne des conférences à l’international, est parfois utilisé comme relai diplomatique, et peut être sollicité pour des médiations officieuses, notamment entre la France et certains pays du Golfe. 

Néanmoins, en France comme à l’international, son prestige est largement abîmé par ses condamnations. En tant que premier président de la Vème République à être condamné à la prison ferme, ce dernier se retrouve dans une situation ambivalente entre influence et rejet, et représente une figure clivante. Par ailleurs, ses liens avec la Russie et ses affaires concernant la Libye nuisent à sa réputation à l’étranger. Ce dernier intéresse toujours, mais ne pèse plus. 

Entre vestige d’autorité et symbole de déclin, Nicolas Sarkozy est désormais affaibli par des affaires judiciaires devenues centrales dans son parcours post-présidentiel.

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