« Je veux qu’on se souvienne de moi comme d’une bonne personne, un enfant d’un petit village de Majorque qui a suivi ses rêves en travaillant le plus dur possible pour devenir celui que je suis aujourd’hui. Je suis reconnaissant et chanceux d’avoir eu cette vie, » a déclaré Nadal après la défaite de l’Espagne pendant la Coupe Davis, le 19 novembre dernier.
Un guerrier au sommet de l’excellence
Tout au long de sa carrière, le Mallorcain n’a cessé de terroriser ses adversaires, notamment sur les terrains de terre battue. 92 titres en carrière, dont 63 sur terre battue. Avec Novak Djokovic, il est le seul joueur à avoir remporté tous les tournois du Grand Chelem au moins deux fois (sur terre battue, gazon, et dur). La terre battue était sa surface de prédilection: il a remporté 90,5% des matchs qu’il a disputés sur terre battue. Le record sur le circuit principal. Il a pu réaliser de même le Grand Chelem doré, en remportant au moins une fois les quatre tournois du Grand Chelem ainsi qu’une médaille d’or au Jeux Olympiques. Enfin, Nadal à Roland Garros, c’est 112 victoires, pour seulement 4 défaites. Une statistique inimaginable.
À travers ces statistiques et chiffres démentiels, Rafael Nadal se démarque par un style de jeu révolutionnaire. Dès le plus jeune âge, son oncle et coach, Toni Nadal, lui demande de jouer comme un gaucher, alors qu’il est droitier. Cela permet à Rafa d’avoir un coup gauche à une main, et de se démarquer des autres joueurs de tennis car il n’y avait que 15% des joueurs de tennis qui jouaient de la main gauche. Ce fameux coup gauche lui permettant de gagner un nombre de points incalculable. Ce qui nous a marqué avec son jeu, c’est cette capacité à transformer son style en un point ; transformant la défense en attaque et incarnant le parfait mélange de puissance et d’intelligence de jeu.
Un adversaire redoutable, notamment pour Novak Djokovic et Roger Federer. Quand il a remporté son premier Roland Garros à 19 ans, en 2005, Roger le considérait déjà comme un joueur exceptionnel. Ils se sont livrés de nombreuses batailles sur les courts. La plus remarquable reste la finale de Wimbledon 2008, 4h47, le plus grand “Fédal” de l’histoire, remporté par Nadal au bout de 5 sets.
Nadal reste un modèle pour les joueurs de la nouvelle génération. C’est le cas du joueur espagnol Carlos Alcaraz. Le tennisman de 21 ans, vainqueur de 4 grand chelems, n’hésite pas à citer Nadal comme une source d’inspiration. On retrouve même cette trace d’inspiration dans son style de jeu avec ses slices du coup droit.
Un homme en perpétuelle quête de dépassement de soi
“Commençons par l’évidence : tu m’as battu, beaucoup. Plus que je n’ai réussi à te battre. Tu m’as mis au défi comme personne d’autre ne pouvait le faire. Sur terre battue, j’avais l’impression de marcher dans ton jardin, et tu m’as fait travailler plus dur que je ne l’aurais jamais cru possible juste pour tenir bon. Tu m’as fait réimaginer mon jeu, allant même jusqu’à changer la taille de ma tête de raquette, dans l’espoir d’avoir un avantage”, a réagi Roger Federer, en novembre 2024 dans une lettre pour Rafael Nadal à la suite de l’annonce de sa retraite.
Malgré 24 saisons dans le niveau professionnel du tennis, Rafa a dû faire face à de nombreuses contraintes physiques. Tout d’abord, il est diagnostiqué en 2005 du syndrome de Müller-Weiss, une maladie dégénérative rare qui affecte l’os naviculaire du pied et qui lui cause de nombreuses blessures. Dès 2009, une tendinite chronique aux genoux menace de mettre fin à sa carrière prématurément. Cette douleur l’oblige à adapter son jeu et à gérer son calendrier avec parcimonie. Cependant, il a toujours consacré une lutte sans fin contre le déclin physique. Notamment en adaptant un style de jeu plus stratégique, permettant de préserver son corps.
Ainsi, Nadal a su faire des retours spectaculaires. Après 7 mois d’absence à cause de sa tendinite et d’une blessure au genou, Rafa revient sur les terrains en 2013. Saison où il remporte 10 titres, dont Roland Garros et l’US Open, et reprend la place de numéro 1 mondial.
En 2022, À 35 ans, après six mois d’inactivité dus à une récidive de sa blessure au pied, Nadal réalise l’un des plus grands exploits de sa carrière. En finale d’Open Australie, il est mené deux sets à zéro en finale contre Daniil Medvedev. Cependant, il renverse le match pour décrocher son 21e titre du Grand Chelem, dans une finale à 5 sets. Un retour inespéré, aujourd’hui appelé “Le Miracle de Melbourne”. Sur cette même saison, il a dû jouer Roland Garros sous anesthésie pour supporter la douleur insupportable au pied. Dans une interview où on le questionne sur sa douleur, il répond : “J’ai appris à jouer avec la douleur, mais je ne laisse pas la douleur contrôler ma vie. Ce que je veux, c’est continuer à me battre. »
Nadal a toujours su avoir une humilité et un respect envers ses adversaires, même dans la défaite. Il le dit même dans une interview: “Je n’ai jamais pensé à être meilleur que les autres, mais toujours meilleur que moi-même”. En ouvrant son académie “Rafa Nadal” à Majorque, il permet aux jeunes espagnols ou d’autres nationalités de se former au monde du tennis. Un engagement pour les enfants défavorisés à travers l’éducation et le sport.
Rafael Nadal a rangé sa raquette, mais son histoire reste une leçon intemporelle. Dans chaque coup frappé, dans chaque larme versée, il a montré que la grandeur n’est pas dans le nombre de victoires, mais dans la manière dont on les conquiert. Gracias Rafa para todos, tu as fait rêver de nombreux fans à travers tes victoires, dont moi.