Guerre après guerre
Depuis le génocide de 1994 des Tutsis au Rwanda, des tensions régionales n’ont cessé de croître. Des milliers de Hutus, dont des génocidaires, ont fui vers la République Démocratique du Congo. Parmi eux, des groupes armés comme les FDLR (forces démocratiques de libération du Rwanda) se sont formés dans l’est congolais.
Le Rwanda accuse la RDC d’abriter ces milices hostiles. Kinshasa dénonce les incursions rwandaises répétées. Le M23, mouvement tutsi armé, est accusé d’être soutenu par le Rwanda.
Ces conflits ont provoqué au moins 6 millions de morts et 4 millions de déplacés à l’est de la RDC depuis plus de 25 ans. Des tentatives de paix ont eu lieu à Lusaka, Pretoria, puis Luanda. Mais les accords n’ont jamais été respectés longtemps. La méfiance mutuelle est restée très forte entre les deux capitales.
Le rôle des Etats-Unis
Sous médiation américaine, la RDC et le Rwanda ont signé un accord inédit à Washington. Les ministres des Affaires étrangères ont représenté leurs gouvernements respectifs. Donald Trump, très impliqué, mais aussi très résolu à obtenir le prix Nobel de la Paix, a assisté à la cérémonie.
Le texte prévoit un retrait des troupes rwandaises de RDC sous 90 jours. Il engage aussi Kinshasa à neutraliser les FDLR sur son territoire. Les deux États doivent cesser tout soutien à des groupes armés. Le président Trump a conditionné l’accord de paix à un accès structuré aux minerais.
Un mécanisme conjoint de suivi est prévu sous 30 jours. Il inclura des représentants des deux pays, des Etats-Unis, de l’ONU, et du Qatar. Son rôle est de surveiller la mise en œuvre, de prévenir les incidents et d’assurer la sécurité.
Entre espoir et méfiance
Le président Kagame soutient l’accord, mais avec réserve. Il insiste sur la sécurité du Rwanda face aux FDLR. Il exige que la RDC agisse clairement contre cette milice.
Le président Tshisekedi se montre plus enthousiaste. Il parle d’un “tournant historique pour la paix dans la région”. Mais il refuse toute négociation directe avec le M23.
De nombreuses ONG dénoncent l’absence de réparations pour les victimes. Amnesty International dénonce l’impunité persistante. “Sans s’attaquer à l’impunité pour les crimes atroces commis dans l’Est de la RDC, l’accord a manqué une occasion de s’attaquer de manière décisive à un facteur de longue date du conflit” , a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’organisation. De nombreux civils congolais sont à l’heure d’aujourd’hui et depuis plus de 25 ans victimes de viols et de massacres.
Une véritable sécurité ?
Le M23 reste actif dans le Nord-Kivu, malgré des pressions diplomatiques. Il n’a pas été invité à Washington et rejette l’accord.
Des pourparlers séparés ont débuté à Doha, au Qatar. La RDC promet de désarmer les FDLR, mais doute d’un retrait réel du Rwanda. Plusieurs milices locales restent incontrôlées dans la région.
La MONUSCO (mission de l’ONU) joue encore un rôle fragile sur place. Le mécanisme de suivi pourrait devenir essentiel pour garantir une paix durable. Mais son efficacité dépendra de la coopération réelle entre les deux pays. Toute violation entraînera des sanctions prévues par le texte.
A qui profitera l’accord ?
L’accord mentionne un cadre de coopération économique régionale. Il prévoit des projets partagés : mines, électricité, et environnement. Le Rwanda pourrait bénéficier d’un accès à certaines ressources congolaises. Les États-Unis soutiennent l’accord pour sécuriser l’accès aux minerais critiques.
Cobalt, lithium et coltan sont essentiels pour les industries technologiques. Washington veut limiter l’influence économique de la Chine en Afrique centrale. L’UE, le Qatar et l’Union africaine se sont engagés à financer certains projets. Le défi sera d’assurer une répartition équitable des bénéfices. Sans justice économique, la paix restera fragile et pourrait même provoquer des révoltes.