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Retailleau à la tête de LR : et maintenant, quelle droite ?

Paris, France – Siège des Républicains | Dimanche 18 mai 2025 – Les résultats sont tombés. Après des semaines de campagne intense, les adhérents du parti Les Républicains ont tranché. Le duel entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez s’est soldé par la victoire du premier, dans une élection décisive pour l’avenir de la droite. Avec 74,31 % des voix contre 25,7 %, Bruno Retailleau succède à Éric Ciotti à la présidence du parti. Il prend les rênes d’une formation en quête de cohérence et de renouveau, dans un paysage politique toujours plus fracturé.

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Le nouveau président des Républicains, Bruno Retailleau, est accueilli par Laurent Wauquiez avant une réunion du groupe parlementaire LR à l’Assemblée nationale, à Paris, le 20 mai 2025. (Photo : Thomas Samson / AFP via Getty Images)
Le nouveau président des Républicains, Bruno Retailleau, est accueilli par Laurent Wauquiez avant une réunion du groupe parlementaire LR à l’Assemblée nationale, à Paris, le 20 mai 2025. (Photo : Thomas Samson / AFP via Getty Images)

Wauquiez et Retailleau s’étaient portés candidats à la présidence du parti Les Républicains, avec en toile de fond la succession d’Éric Ciotti et la refondation d’un parti fragilisé par les divisions internes et les revers électoraux. Après une campagne tendue, où chaque prétendant a défendu sa vision de la droite, les militants ont voté. Les résultats sont désormais connus. Et ils redistribuent les cartes. Ce dimanche, Bruno Retailleau a été élu président des Républicains. Une victoire nette, qui ouvre une nouvelle ère. Reste à savoir si elle sera celle du redressement ou de l’ultime bascule.

Une victoire nette, mais un parti divisé

La nette victoire de Bruno Retailleau ne doit pas masquer l’état d’affaiblissement profond dans lequel se trouve Les Républicains. Certes, le parti dispose encore d’une base militante fidèle, capable de mobiliser dans les scrutins internes, mais son influence électorale et son poids au Parlement ont sensiblement diminué depuis plusieurs années. Le succès de Retailleau s’explique en grande partie par une volonté de stabilité et de retour à un certain classicisme politique.

Bruno Retailleau a su incarner une ligne politique plus traditionnelle et rassurante, loin des surenchères et des divisions parfois exacerbées qui ont marqué la présidence Ciotti. Son discours, tourné vers l’union et la responsabilité, semble avoir convaincu une majorité d’adhérents lassés par les querelles internes et les stratégies parfois radicales. Ce choix traduit aussi une volonté de se démarquer d’une droite plus dure, portée notamment par Laurent Wauquiez, qui n’a pas réussi à rassembler au-delà d’une frange du parti.

Cependant, cette victoire massive ne doit pas faire illusion. Retailleau hérite d’un parti profondément fracturé, où les tensions entre différentes familles politiques restent très vives. Les Républicains doivent aujourd’hui affronter un double défi : réconcilier ces différentes tendances, parfois antagonistes, et surtout se réinventer pour reconquérir un électorat qui s’est largement tourné vers d’autres forces politiques, notamment Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Laurent Wauquiez et la droite identitaire en recul

Laurent Wauquiez, ancien président du parti, incarne, depuis le début de la campagne pour la Présidence, une droite plus proche des thématiques conservatrices et identitaires. Sa candidature à la présidence des Républicains reposait sur une ligne politique affirmée, souvent perçue comme plus ferme et radicale, visant à capter une partie de l’électorat populaire de droite et à s’opposer clairement à la politique d’Emmanuel Macron.

Toutefois, le résultat de cette élection interne révèle que cette stratégie n’a pas été validée par la majorité des militants. Avec seulement 25,7 % des voix, Wauquiez subit une défaite nette qui questionne la pertinence d’une droite plus clivante au sein du parti. Cette défaite souligne que, malgré un certain ancrage dans les territoires, la ligne plus radicale n’a pas su convaincre une large base militante, qui semble préférer une posture plus institutionnelle.

Dans sa concession, Wauquiez a toutefois insisté sur l’importance de l’unité au sein du parti, appelant ses partisans à se rassembler derrière Retailleau. Cela témoigne d’une prise de conscience des limites d’un positionnement trop dur, qui pourrait isoler Les Républicains dans un paysage politique déjà très fragmenté. Le défi sera désormais de savoir si Wauquiez pourra rester une voix influente dans le parti ou s’il marquera le début d’un recul durable de cette droite identitaire.

Les réactions clés de Valérie Pécresse et Éric Ciotti

La victoire de Bruno Retailleau a suscité des réactions contrastées dans l’entourage politique des Républicains. Éric Ciotti, président sortant, a rapidement félicité son successeur, mettant en avant son expérience et son engagement pour la droite républicaine.

De son côté, Valérie Pécresse, ancienne candidate à la présidentielle et figure majeure du parti, s’est également réjouie du résultat, estimant que Retailleau pourrait incarner une droite plus rassembleuse et crédible.

Un défi majeur à relever

Bruno Retailleau prend la tête d’un parti en quête de sens et de projet. Après plusieurs années marquées par des défaites électorales et des batailles internes, les Républicains doivent aujourd’hui se réinventer pour rester pertinents dans un système politique en mutation. Le contexte est particulièrement complexe :

  • Une image à reconstruire : le parti souffre d’une image de division et d’immobilisme qui freine sa capacité à séduire au-delà de son noyau dur.
  • Un électorat divisé et volatil : la droite traditionnelle a perdu une part importante de ses électeurs, attirés soit par Emmanuel Macron au centre, soit par Marine Le Pen à l’extrême droite.
  • Une concurrence interne féroce : les Républicains doivent composer avec des sensibilités diverses — libérales, conservatrices, sociales — qui réclament des arbitrages parfois difficiles.

Retailleau a annoncé la tenue d’États généraux de la droite pour les prochains mois, une initiative destinée à réfléchir collectivement sur les valeurs, les orientations et le programme du parti. Cette démarche est perçue comme une nécessité pour redéfinir un projet politique ambitieux et cohérent, capable de fédérer militants et électeurs.

Cependant, la réussite de cette entreprise dépendra largement de la capacité du nouveau président à concilier les différentes tendances internes, à impulser un leadership fort et à incarner une vision qui dépasse les simples rivalités partisanes.

Cap sur les prochaines élections

Au-delà des enjeux internes, la présidence Retailleau se jouera sur la scène électorale nationale, avec en ligne de mire les élections présidentielles de 2027. Pour que Les Républicains ne soient pas réduits à un rôle marginal ou à celui de simples faiseurs de roi, il faudra une candidature forte, capable de mobiliser un électorat large et diversifié.

Cela implique un travail de reconstruction de l’image du parti, une clarification du projet politique et une capacité à proposer des réponses convaincantes aux préoccupations des Français — que ce soit sur l’économie, la sécurité, l’identité ou l’écologie. Le défi est immense, dans un paysage dominé par un Emmanuel Macron qui a su élargir son électorat au centre et par un Rassemblement national qui polarise de plus en plus le débat public.

Retailleau devra aussi s’adapter aux évolutions sociales et culturelles du pays, en évitant les pièges d’un conservatisme trop rigide qui pourrait éloigner les jeunes générations, tout en restant fidèle aux valeurs fondamentales de la droite républicaine.

Un nouveau départ mais sous haute vigilance

La présidence Bruno Retailleau marque un tournant incontestable pour Les Républicains. Sa large victoire témoigne d’un soutien fort des militants à une ligne plus modérée et rassembleuse. Pourtant, derrière ce succès apparent, se cachent des défis majeurs : réconcilier un parti divisé, reconstruire une identité politique claire, et surtout reconquérir une place centrale dans le jeu électoral français.

Le nouveau président dispose d’une fenêtre d’opportunités mais aussi d’un temps limité pour redresser la barre. Sa capacité à incarner un leadership fort, à dépasser les querelles internes et à offrir une alternative crédible à Emmanuel Macron et Marine Le Pen déterminera largement le futur de la droite française.

Dans les mois à venir, les regards seront tournés vers les États généraux annoncés, véritable laboratoire de la refondation du parti, ainsi que vers les premières initiatives politiques qui permettront de mesurer la capacité réelle de Retailleau à impulser un renouveau durable.

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