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Entre le Maroc et l’Algérie, des relations au point mort

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Mathis Lyko

En parallèle de mes études en Relations Internationales à l'Université de Genève, je fais partie de l'équipe politique au sein de CS Actu.
Il y a tout juste une semaine, mardi 21 mars, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré lors d’une interview que les relations avec le Maroc avaient atteint « un point de non-retour ». Cette sortie médiatique ravive les tensions entre les deux pays d’Afrique du Nord, toujours plus fortes ces dernières années. Alors que les frontières sont fermées depuis 1994, suivi par la fin des relations diplomatiques depuis 2021, les tensions ne sont pas finies entre les deux puissances maghrébines. Peut-on envisager un arrêt de celles-ci ? Que peut-on craindre de cette déclaration? Une escalade des tensions est-elle envisageable ?

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Sommet de l'Union du Maghreb arabe, février 2012. ©AFP PHOTO / ABDELHAK SENNA
Le Sahara occidental au cœur des problèmes…

Bien que les causes soient multiples, l’une des raisons principales est sans doute le cas du Sahara occidental. Cette région séparatiste au Sud du Maroc fait débat. En effet, le territoire, colonisé par les Espagnols jusqu’en 1976, n’est toujours pas un Etat, ni même un territoire, l’ONU ne lui ayant pas attribué de statut juridique. Ainsi, comme tout espace sans pouvoir, le Sahara occidental est convoité. D’un côté par le Maroc qui souhaite conserver le territoire tout en lui accordant une autonomie, et de l’autre par la République Arabe Sahraouie Démocratique, soutenue par l’Algérie, en faveur d’une indépendance.

Le Sahara occidental et ses voisins. RFI

En 1975, après l’organisation d’une « marche verte » par le roi marocain Hassan II, un accord de partage est signé entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie. Le Maroc obtient alors les deux tiers Nord, la Mauritanie le reste. Seulement, ni l’Algérie ni les Sahraouis ne sont consultés. Cette décision entraîne la création de la République Arabe Sahraouie Démocratique par le Front Polisario, un mouvement politique armé créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole. Eclate alors un conflit armé entre le Front Polisario et le Maroc, jusqu’en 1991. Depuis, le Sahara occidental est considéré comme un territoire sans administration bien que le Maroc a la possibilité d’exploiter certaines ressources, notamment le pétrole (selon certains textes de l’ONU à partir de 2003).

Le cas du Sahara occidental est sans doute le principal point de tension entre le Maroc et l’Algérie, mais il n’est pas le seul.

… Bien qu’il existe d’autres raisons

A l’instar du Sahara occidental, le statut d’Israël divise aussi les deux pays voisins. Mais c’est encore une fois en lien avec le statut du Sahara Occidental. En effet, en Novembre 2020, le cessez-le-feu en vigueur entre le Maroc et le Front Polisario est rompu. On peut alors craindre une escalade des tensions.

C’est alors que le Maroc obtient la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental par Donald Trump et les Etats-Unis en échange de la normalisation de ses relations avec Israël.

Seulement, l’Algérie soutient de son côté la Palestine depuis le début du conflit israélo-palestinien.

Autre sujet de tensions, les déclarations de l’ambassadeur marocain à l’ONU qui annonçait en juillet 2020 que le peuple kabyle méritait « plus que jamais de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». A l’aube de l’année 2021, le niveau de tensions était déjà bien haut, mais allait grimper encore plus.

Une année 2021 sous tensions

C’est donc en 2021 que les tensions vont prendre un nouveau tournant entre les deux pays. Et cela part d’une catastrophe naturelle. Au cœur d’un été caniculaire, la Kabylie (région algérienne) est touchée par d’immense feux de forêts. Ceux-ci font près de 100 morts, dont une vingtaine de militaires en intervention. Le pouvoir algérien accuse son voisin marocain d’être à l’origine des incendies. C’est ainsi que le gouvernement algérien décide en août de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc. Cette décision brise non seulement la communication entre les deux pays, mais ferme également l’espace aérien algérien aux avions marocains.

C’est en novembre 2020 que les tensions, jusque-là diplomatiques, se déportent sur le terrain militaire. Les premières menaces militaires interviennent en novembre 2022, lorsque trois civils algériens sont assassinés dans le Sahara occidental. Les trois hommes sont abattus par des tirs de drônes dans une région contrôlée par le Front Polisario, mais à 30 kilomètres d’une base marocaine.

Ainsi, un rien peut déclencher les hostilités entre Maroc et Algérie. On se souvient de l’épisode des maillots de foot de l’équipe algérienne. Le gouvernement marocain accusait son voisin d’appropriation culturelle, car certains motifs étaient repris du « zellige marocain », céramique caractéristique de l’art décoratif marocain. 

Même si cet incident reste anecdotique, il est symptomatique du fil sur lequel se trouve la relation entre les Etats.

Quel avenir ?

Il y a déjà deux années que le danger d’une guerre frontalière traîne comme une épée de Damoclès au-dessus du Maghreb. Et les récentes déclarations du président algérien ne font rien pour arranger la situation. Mais alors qu’elles peuvent être les conséquences des récentes déclarations du président de la république algérienne ?

Bien que les entailles entre les deux pays soient profondes, l’horizon d’une guerre semble peu probable. En effet, la sortie médiatique de Abdelmadjid Tebboune est dans la continuité de la position algérienne ces dernières années. A savoir, accuse de manières virulentes son voisin, en attendant une réaction. Cependant, le Maroc a choisi une attitude diamétralement opposée en gardant au maximum le silence. Aucune réponse du gouvernement marocain n’a pour le moment été publiée.

Alors le point de « non-retour » est-il véritablement atteint entre les deux pays, ou n’est-il qu’une déclaration diplomatique dont les implications ne sont connues que de ceux qui la font ?

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune à Alger, en Algérie, le 23 janvier 2021. PHOTO ALGERIAN PRESIDENCY/ANADOLU AGENCY VIA AFP
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