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Holodomor : L’Allemagne reconnaît la famine ukrainienne de 1930 comme un génocide

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Coline Blouin

Actuellement en master langues étrangères, relations internationales et stratégies politiques, j'ai toujours été passionnée par la lecture et l'écriture. Décrire l'actualité est donc une façon pour moi de partager mon intérêt pour les questions politiques internationales.
Ce 30 novembre dernier, le Bundestag, correspondant à l’Assemblée parlementaire en Allemagne, a signé une résolution visant à reconnaître l’Holodomor comme génocide. Cette reconnaissance est un parti pris pour l’Allemagne. Elle suit ainsi le mouvement de quinze autres États à travers le monde. Le Pape François a également décidé de prendre part à cette reconnaissance de génocide en employant ce terme. Une façon de conserver la mémoire de ces nombreuses victimes de cette famine qui s’est déroulée dans les années 1930 en Ukraine.

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Les photos qui circulent sur l'Holodomor datent souvent d'une autre famine, 10 ans plus tôt. Celle-ci est une rare trace qu'on doit à l'Autrichien Wienerberger. - Alexander Wienerberger via Creative commons
Les photos qui circulent sur l'Holodomor datent souvent d'une autre famine, 10 ans plus tôt. Celle-ci est une rare trace qu'on doit à l'Autrichien Wienerberger. - Alexander Wienerberger via Creative commons
L’Holodomor, c’est quoi ? 

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, entre 1931 et 1933, l’Ukraine a fait face à une crise sans précédent. La famine qui s’y est installée a causé près de 5 millions de décès. Cet événement tragique, orchestré par Staline, dictateur russe de l’époque, est aujourd’hui commémoré dans plusieurs pays. Certains États souhaitent également le reconnaître en tant que véritable génocide. « L’Holodomor », littéralement « extermination par la faim », serait alors le symbole direct des conséquences désastreuses du régime stalinien. Autrement dit, cet événement pourrait être comparé à certaines tragédies historiques. Parmi elles, celles en Arménie, au Rwanda ou l’extermination des Juifs par les Nazis à l’époque d’Hitler. 

À cette époque, certains peuples se retrouvent à vivre au sein de véritables crises, des sociétés abîmées par le premier conflit mondial, détruites et traumatisées par l’ampleur de la guerre. C’est alors que les récoltes étaient confisquées au nom de la fameuse collectivisation des terres. C’était une des conséquences du régime communiste de Staline. Cette méthode économique se faisait un nom de la nécessité d’exporter des céréales. En effet, elles étaient en baisse à cause de la crise économique générale. Cette crise se retrouvait de manière générale dans le monde occidental.

Face à l’ampleur des victimes, l’Holodomor s’inscrit dans « la liste des crimes inhumains commis par des systèmes totalitaires qui ont fait disparaître des millions de vies humaines en Europe. ». Ce crime est donc considéré comme faisant « partie de notre Histoire commune ». L’art s’est également emparé de cet événement. L’objectif était de dénoncer son importance et permettre au grand public d’en prendre conscience. Ainsi, le film L’ombre de Staline, sorti en 2019 et réalisé par Agnieszka Holland, reprend ce sujet. Il s’inspire de la découverte, par le journaliste britannique Gareth Jones, de la famine ukrainienne de cette époque : l’Holodomor. 

L’Allemagne, un pays européen qui décide de reconnaître ce génocide

Ce 30 novembre  2022, l’Histoire s’installe au sein du Bundestag. En effet, les députés allemands ont approuvé la reconnaissance de l’Holodomor en tant que génocide. En faisant cela, l’Allemagne prend exemple sur d’autres États à travers le monde. Parmi eux, on retrouve l’Irlande, la Moldavie ou encore la Roumanie. Reconnaître cette grande famine est une façon de conserver les traces de notre histoire commune. À Kiev, ce 24 novembre dernier, c’était le 90e anniversaire qui était fêté pour commémorer ce tragique événement. 

Cette décision fut adoptée par quatre des six partis représentés au Bundestag, soit la majorité. De cette manière, le Bundestag a jugé que « l’ensemble de l’Ukraine a été touché par la faim et la répression » et « pas seulement ses régions productrices de céréales ». À cette époque, à cause de la collectivisation forcée, « la direction soviétique s’est efforcée de contrôler et de réprimer les paysans ainsi que le mode de vie ukrainien, la langue et la culture ». L’Holodomor est donc considéré comme un véritable « crime politique ». Ce régime totalitaire visait donc la « suppression politique de la conscience nationale ukrainienne ». 

Reconnaître l’Holodomor comme un génocide fait donc partie de notre devoir de mémoire envers notre histoire commune. Tout comme les langues se sont déliées concernant les atrocités faites aux Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, il semblait important de reconnaître également ce tragique événement comme essentiel dans le conflit mondial. Puis, reconnaître l’Holodomor, c’est également permettre la reconnaissance de l’implication de Staline dans cette grande famine. Nombreux sont ceux qui ont, délibérément ou non, nié la responsabilité du dictateur à l’époque de la famine. En effet, ce phénomène était considéré comme commun au vu du conflit mondial et des conditions de vie dans lesquelles les peuples vivaient à travers le monde. 

Une situation qui fait échos à l’invasion actuelle en Ukraine? 

La reconnaissance de l’Holodomor peut en effet faire échos à la situation actuelle en Ukraine. Alors que l’Allemagne et d’autres États approuvent la décision de mémoire collective, l’Ukraine est sous les bombes depuis près de neuf mois. Comme l’explique Robin Wagener, initiateur de texte allemand et président du groupe parlementaire Allemagne-Ukraine, « Poutine s’inscrit dans la tradition cruelle et criminelle de Staline ». 

« L’Ukraine est à nouveau frappée par la terreur russe. Une fois de plus, la violence et la terreur visent à priver l’Ukraine de ses moyens de subsistance et à subjuguer le pays tout entier ». La décision de reconnaître l’Holodomor comme génocide serait-elle une manière d’être un « signal d’avertissement » pour le camp russe ? Une chose est sûre, l’Ukraine subit les décisions politiques et diplomatiques de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis près de vingt ans. 

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