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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Le Club des 27 : itinéraire d’un mythe façonneur de légendes

Partie intégrante de l’imaginaire musical, le Club des 27 regroupe des artistes au point commun étonnant : leur décès prématuré à l’âge de 27 ans. Portrait d’une appellation qui fascine et intrigue.

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Amy Winehouse graffiti mur
https://pixabay.com/fr/photos/amy-winehouse-graffiti-urbain-483257/

Brian Jones, Janis Joplin, Kurt Cobain, Jim Morrison, Amy Winehouse, Jimi Hendrix. Hormis le fait qu’ils sont tous des icones de la musique, ces artistes partagent un autre point commun beaucoup plus tragique, leur mort prématurée à l’âge de 27 ans. C’est après la mort du chanteur de Nirvana, le 5 avril 1994, que le terme « Club des 27 » semble réellement s’imprimer dans l’inconscient collectif à en croire les dires de Charles R.Cross, qui n’est autre que le biographe de Kurt Cobain. Cependant, c’est en réalité les disparitions successives de Brian Jones, Janis Joplin, Jimi Hendrix et de Jim Morisson dans une intervalle de 2 ans (3 juillet 1969- 3 juillet 1971) qui façonnent cette idée de malédiction. Une véritable claque pour tous les fans de musique, tellement ces artistes incarnait à eux-seuls un symbole pour toute une génération.

Une époque où le politiquement correct n’est plus à la mode

Alors que la fin des années soixante est marquée par les révolutions étudiantes partout en Europe, ce qui entraîne la chute du mouvement musical « Yéyé », les Etats-Unis vivent un bouleversement similaire. En effet, les artistes se mobilisent contre la guerre au Vietnam, portés par le soulèvement de tout un peuple. Lors du festival de Woodstock en 1969, des milliers d’américains se regroupent dans une ferme pour écouter ces « Protest Songs » tel que « Fortunate Son » de Creedence ClearWater Revival. D’autres artistes sont présents ; parmi eux Janis Joplin et Jimi Hendrix qui livrent l’une de leurs dernières performances. 

C’est une époque où le peuple américain exprime pour la première fois son désaccord avec le gouvernement, donc forcément, le monde artistique se libère. Alors que les icones de l’époque perdent de leur superbe à l’image d’Elvis Presley, une génération d’artistes au charisme et à la personnalité unique prend le relais. Pour le journaliste et animateur Jean Pierre Pasqualini, « le Club des 27 incarne la liberté en osmose avec cette époque. Ces chanteurs assument leur débauche et leur consommation de drogues, là où aujourd’hui ils se soucient beaucoup plus de ce qu’ils incarnent pour la société, de leur image, avec l’arrivée des réseaux sociaux ».  Cette consommation de paradis artificiels est également en corrélation avec le contexte musical des années 1960-1970. En effet, le mouvement Yéyé s’essouffle, l’ère des chanteurs sages est révolue. Les drogues, l’alcool, sont donc des moyens d’affirmer leur différence, c’est aussi cela qui réunit les membres du club, peut-être plus que la musique.

Les paradis artificiels, un moyen d’évasion et de création

Quand la musique ne suffit plus à refermer les blessures, l’alcool et les drogues paraissent comme l’ultime recours. Si l’on prend l’exemple de Kurt Cobain, dont l’enfance fut marquée par le divorce de ses parents ainsi que par des troubles de l’attention, la musique fut son refuge, le moyen de panser ses plaies. L’amour de son public agissait comme un médicament sur lui. Cependant, lorsqu’il se rend compte que ses failles ne sont pas comblées, les paradis artificiels restent donc l’ultime échappatoire. On peut donc voir son suicide comme un moyen de fuir sa condition. 

Pour d’autres membres du club, les drogues ainsi que l’alcool constituent uniquement des moyens de création artistiques destinés à stimuler l’esprit, à l’image de Jim Morrison, le chanteur des Doors, qui disait boire afin de « pouvoir écrire de la poésie ». A usage récréatif ou tout simplement pour soigner des blessures de l’intérieur, les paradis artificiels unissent les membres du club des 27, de même que les circonstances de leur mort.

Ce sont les toujours les meilleurs qui partent en premier

D’artistes à dimension internationale de leur vivant, les membres du club des 27 se sont élevés au rang de légendes après leur mort. Leur décès tragique et prématuré, laisse la porte ouverte aux fantasmes, mais également à la nostalgie des auditeurs qui reviennent écouter leurs idoles de jeunesse, de quoi réjouir les maisons de disques qui épuisent l’image de l’artiste avec des projets posthumes. Ces deux facteurs contribuent donc à mystifier l’image de ces artistes « qui étaient déjà des stars avant de mourir, mais que leurs décès élèvent en véritables légendes », explique Jean-Pierre Pasqualini. Le terme « club des 27 » regroupe donc des chanteurs qui deviennent des symboles, des modèles pour les futures générations, tant leur musique a marqué leur époque. 

Un héritage qui se perpétue dans la musique moderne

Si cette appellation forge des légendes, le talent de ces artistes, est lui indéniable. Ils ont étoffé la musique de leur charisme, leur personnalité mais surtout de leur propre style, à l’image d’un Jimi Hendrix qui révolutionne la manière de jouer de la guitare électrique. Le club des 27 apparaît donc actuellement comme une référence majeure, notamment dans le rap avec Jok’Air qui lui consacre une chanson éponyme en 2019. Un clip rempli d’images des membres du « Forever 27 » venues illustrer des paroles où les allusions sont multiples telles que « Je suis dans ce putain de Nirvana, repose en paix Amy Winehouse ». 

Le rappeur et chanteur parisien Tsew The Kid, voit en ces artistes « une façon assez dingue d’avoir exprimé leur singularité dans ce monde où tout se ressemble ». Musicalement, c’est particulièrement Amy Winehouse, décédée en 2011, qui a inspiré le rythme soul de son titre « Quand on danse » : « un jour, mon père et ma sœur ont chanté Back to Black, cela m’a rappelé que j’adorais particulièrement cette chanson ». Preuve que l’âme de ces artistes vit encore à travers les nouvelles générations qui participent donc malgré eux à la mystification du Club des 27 qui continue et continuera encore de fasciner.

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