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« Party Gate » : Boris Johnson dans la tourmente

Sophie Bastian

Sophie Bastian

2022 commence mal pour le Premier ministre anglais Boris Johnson. Le 12 janvier, la presse britannique a révélé l’organisation de fêtes au 10 Downing Street alors que le pays était en plein confinement. Ce que les tabloïds anglais appellent « Party Gate » est l’organisation de différentes fêtes et rencontres en période de restrictions. Ces scandales à répétition mettent à mal la place de Boris Johnson à Downing Street.

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Londres (Royaume-Uni), le 10 novembre. La Premier ministre britannique quitte son bureau. Reuters/Toby Melville

Des photos de « BoJo », de sa femme et de personnalités politiques rassemblés dans les jardins de sa résidence avaient déjà provoqué une certaine indignation chez les Britanniques. L’affaire s’envenime pour le Premier ministre avec des révélations du Daily Mirror. Le tabloïd anglais proche des travaillistes a confirmé la participation de Boris Johnson à différentes rencontres et fêtes. Elles ont eu lieu au 10 Downing Street et à Whitehall durant des périodes de restrictions.

« Bring your own booze »

Divulgué par la chaîne ITV le 10 janvier, un courriel de Martin Reynolds, secrétaire de Boris Johnson, invite le 20 mai 2020 une centaine de convives à « profiter du temps et de partager un verre de manière socialement distancée dans les jardins de Downing Street ». Cette fête est, en effet, une « BYOB » (« bring your own bootle », « amenez votre bouteille »). Le mail le souligne « rejoignez-nous vers 18 heures et amenez votre propre alcool ». Selon les médias britanniques, la fête aurait rassemblé une quarantaine de personnes.

Organisées dans un temps où les restaurants et bars étaient fermés, où les rencontres étaient soumises à des restrictions, ces fêtes suscitent une vive colère au sein de la population, au sein des oppositions politiques et mêmes au sein de son propre camp.

Le 12 janvier 2022 dans une chambre des Communes en colère, Boris Johnson a fait son mea culpa. Il a affirmé assumer la « responsabilité » des « erreurs » commises. Pour faire baisser la pression, une enquête interne est en cours. Sue Gray mène cette enquête, elle est membre du cabinet de Boris Johnson. La fonctionnaire doit rendre son rapport à la fin du mois de janvier.

Un pot de départ organisé la veille des obsèques du prince Philip

Malgré ses excuses, la colère ne redescend pas. Le journal The Telegraph a rendu public la tenue d’un pot de départ la veille des obsèques du prince Philip. Des collaborateurs de Downing Street, sans Boris Johnson, ont fêtaient le départ de deux membres de l’équipe. La trentaine de participants a fêté jusqu’au petit matin dans les jardins de la résidence du Premier ministre.

Des excuses publiques ont été rendues. Un porte-parole a affirmé qu’« il est profondément regrettable que cela ait lieu dans une période de deuil national et le 10 a présenté des excuses au palais ».

Ce pot de départ entache un peu plus l’image de Boris Johnson. Ces fêtes mettent en avant une certaine culture de la fête mais aussi une certaine culture du mensonge. Dans le pays où règne le droit, Boris Johnson et ses collaborateurs font fi des lois qu’eux-mêmes ont édictées.

Boris Johnson attaqué de tous les côtés

En décembre dernier, Boris Johnson était déjà sur la sellette car 99 députés conservateurs avaient voté contre une partie de son plan sanitaire. Aujourd’hui, à la lumière des récentes révélations, il est plus que jamais en danger. La population britannique se montre très hostile à son égard. Une enquête réalisée par l’institut YouGov affirme que 56% de la population anglaise souhaiterait la démission de leur Premier ministre.

Boris Johnson doit aussi faire face à une certaine défiance au sein de son propre camp. Le chef des conservateurs écossais Douglas Ross a affirmé sur Sky News que « s’il n’a pas respecté les règles, s’il n’est pas digne de confiance, s’il a induit en erreur le Parlement, alors il doit démissionner ».

Symbole du mécontentement, le député conservateur Christian Wakeford a annoncé quitter le parti de Boris Johnson pour rejoindre le Labour (parti travailliste). Il motive sa décision par “la façon honteuse” dont les conservateurs agissent.

Comment se maintenir au 10 Downing Street ?

Boris Johnson, qui a annoncé ne pas vouloir démissionner, multiplie les tentatives pour conserver sa place. L’opération séduction des députés conservateurs a commencé. L’enjeu est important car une vingtaine d’entre eux souhaitent sa démission. Le comité 1922, c’est-à-dire le groupe du Parti conservateur à la Chambre des communes britanniques, peut enclencher un vote de confiance dès la réception de 54 lettres de défiance.

Un plan de sauvetage est élaboré par Boris Johnson. Il consiste, tout d’abord, à évincer Martin Reynolds, secrétaire privé de Johnson, à l’initiative de l’invitation de la fête du 20 mai 2020.

Nommé ironiquement par les oppositions « Save Big Dog » (« sauver le gros chien »), le plan du Premier ministre veut aussi bloquer l’arrivée des migrants en sollicitant la Royal Navy. Cet axe est choisi très stratégiquement pour plaire aux conservateurs dont la principale préoccupation est de contrôler les flux migratoires qui ont bondi en 2021.

Enfin, Boris Johnson mise sur la suppression de la licence fee, c’est-à-dire la redevance télévisuelle permettant de financer la BBC. Cette volonté s’inscrit dans un rapport tendu entre Johnson et la BBC que l’on accuse de ne pas être impartiale.

Ces mesures seront-elles suffisantes pour faire pencher la balance du côté de Boris Johnson ? Pas sûr. En effet, Dominic Cummings, organisateur du référendum du Brexit forcé au départ à l’arrivée de Boris Johnson, cherche à se venger en révélant des discussions privées et en le critiquant ouvertement.

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