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« Poutinisation » de la Hongrie : le peuple dit non

Le peuple hongrois prend le contrôle des rues. Des dizaines de milliers de citoyens ont manifesté à travers le pays contre une loi ciblant ONG et médias, accusés de "menacer la souveraineté". Les explications de CSactu. 

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Hongrie - Viktor Orban, un président à la dérive autocratique... - Photo by Icon Sport
Hongrie - Viktor Orban, un président à la dérive autocratique... - Photo by Icon Sport

Un véritable raz de marée en Hongrie. Le dimanche 18 mai, plusieurs milliers de Hongrois se sont mobilisés dans toutes les villes du pays. La raison de leur colère : un nouveau texte proposé par Viktor Orban sur « la transparence de la vie publique« . Ce dernier est inspiré du modèle russe mis en place par Vladimir Poutine. Il a pour but de sanctionner les financements étrangers et pourrait  être utilisé par  le gouvernement hongrois pour avoir des pouvoirs étendus dans le but de réprimer la presse et les voix critiques de la société civile.

Une justification peu convaincante

Le premier ministre hongrois à l’origine de cette proposition défend son idée en mettant en avant qu’il a pour but de démanteler « des réseaux de propagande » financés par des fonds étrangers. Il a ajouté juste après « Oui au débat politique, oui à la liberté d’expression, non à l’argent étranger« . Malgré cette tentative de sauvetage, sa proposition a fait des vagues en Hongrie et le peuple s’est rendu dans la rue pour le faire comprendre. 

Une réelle contestation 

« Cette loi est truffée d’absurdités, elle ne contient rien de concret. Tout comme en Russie, on pourra désormais être accusé d’avoir critiqué l’État et être traité d’agent de l’étranger« , regrette Gabor, un étudiant qui a préféré taire son nom de famille. « Je veux vivre dans une Hongrie libre, pas dans une dictature« , peut-on apercevoir sur l’une des banderoles déployées devant le Parlement. Des rassemblements qui sont soutenus par les opposants de Viktor Orban qui mettent en avant la « poutinisation » de la Hongrie. 

En plus du peuple et de l’opposition politique, plus de 300 ONG et médias, parmi lesquels on compte notamment Amnesty et Transparency International, ont signé une lettre commune dénonçant une manœuvre « autoritaire pour rester au pouvoir« . Effectivement la proposition de ce texte arrive à un an des prochaines législatives en Hongrie. Des élections qui s’annoncent particulièrement serrées et qui pourraient coûter la majorité au parti de Viktor Orban. Les acteurs protestant contre cette nouvelle loi sont donc nombreux et un homme est à mettre en avant.        

Un personnage clé

Dans toutes ces manifestations, un nom ressort particulièrement, celui d’Akos Hadhazy élu sans étiquette de Zuglo, le 14e arrondissement de Budapest. Ce dernier se bat corps et âme contre la politique menée par Viktor Orban. Tous les mardis, il anime une manifestation contre la corruption et les décisions du gouvernement actuel. Au départ, elles avaient pour but de lutter contre les mesures liberticides, dont la nouvelle loi interdisant la marche des fiertés du 28 juin puis on finit par regrouper plusieurs sujets brûlants de l’actualité hongroise.

Coup double…

Effectivement, cette nouvelle proposition de loi sur « la transparence de la vie publique » arrive seulement quelques semaines après le vote d’une série d’amendements constitutionnels limitant les droits des personnes LGBT+ et des binationaux. Et cette dernière avait déjà mené à de nombreuses tensions au sein de la Hongrie. Même si ces deux textes ne semblent pas avoir grand-chose en commun, ils se complètent sur certains points. 

Un exemple concret  

Il y a peu, le gouvernement hongrois a consolidé sa Constitution en rappelant « la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques« . Si jamais une organisation viole cette loi, elle sera automatiquement sous le coup de la loi sur « la transparence de la vie publique« . Elle devra donc demander l’autorisation de l’organe antiblanchiment pour recevoir des fonds de l’étranger et qui ces derniers seront presque systématiquement coupés. En plus de cela, leurs comptes en banque seront scrutés avec attention avec la possibilité de bloquer les transferts de donateurs si ces derniers sont jugés comme influant « sur la vie publique« . 

L’Union Européenne s’en mêle

Cette nouvelle proposition ne fait pas l’unanimité et même l’Union Européenne est passée à l’offensive pour éviter que celle-ci ne soit adoptée. La Commission Européenne a demandé à la Hongrie de retirer ce projet de loi controversé. 

« La Commission est très préoccupée par ce projet. S’il était adopté en l’état, il constituerait une grave violation des principes et du droit de l’UE. Par conséquent, nous demandons que ce projet soit retiré du processus législatif. Nous n’hésiterons pas à prendre les mesures nécessaires si ce projet est adopté. La Commission accorde une grande importance au rôle de la société civile et reste déterminée à protéger la liberté d’association et à favoriser un environnement propice à son travail dans toute l’UE, y compris en ce qui concerne l’accès au financement », a expliqué un porte-parole de la Commission à Euronews. 

La tambouille proposée par Viktor Orban est en pleine préparation. La recette est la suivante : deux cuillères à soupe de poutinisme, 200 grammes de trumpisme, quelques zestes d’Orban en gelée, un peu de peuple réduit en miettes et le tout saupoudré d’incapacité de sanction de l’Union européenne. La démocratie hongroise est en train de cuire à petit feu, Viktor Orban est un cuistot hors-pair…    

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