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Retour au pouvoir de Donald Trump : une opportunité pour l’Union européenne ?

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Corentin Pepin

Étudiant à HEIP Lyon, membre du journal étudiant CSactu
Le potentiel retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, redouté par la plupart des dirigeants de l’Union européenne, pourrait être une opportunité pour l’Europe dans la construction d’une union politique plus profonde. Une opportunité oui, mais aussi un risque.

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La réélection de Donald Trump est une opportunité à risque pour l’Union européenne - Pixabay
La réélection de Donald Trump est une opportunité à risque pour l’Union européenne - Pixabay

La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis d’Amérique paraît plus que jamais possible. Les derniers sondages pointent en faveur d’une victoire de l’extravagant milliardaire pour l’échéance à venir du 5 novembre 2024. 

Ses poursuites judiciaires, sa mise en danger de la démocratie, ne semblent pas freiner sa marche vers un retour à la fonction suprême. Il s’agirait là moins d’un plébiscite de l’ancien président, qui a considérablement abîmé la démocratie de son pays, que d’une sanction à l’encontre de l’actuel occupant de la Maison Blanche, Joe Biden, trop vieux, souvent en proie à des absences inadaptées à sa fonction et ses responsabilités.

Dans le contexte géopolitique actuel, l’élection présidentielle de 2024 aura une incidence significative sur le monde, en Ukraine et en Israël notamment, mais aussi pour l’Union européenne.

« Je pense que l’Union européenne est un ennemi »

Cette élection aurait un impact particulier pour l’Union européenne. Donald Trump a, à maintes reprises, montré lorsqu’il était aux responsabilités son aversion pour cette union qu’il a cherché à déstabiliser et, in fine, à faire imploser. C’est notamment le cas lorsqu’il apportait son soutien au Royaume-Uni et à son Brexit, et incitait les autres pays à faire de même.

« Je pense que l’Union européenne est un ennemi » déclarait le chef de l’État le plus puissant du monde et partenaire principal de l’Union européenne, classant cette dernière aux côtés de la Chine et de la Russie parmi les menaces contre l’hégémonie états-unienne.

Cette haine de l’Union européenne poussa Donald Trump à engager une véritable guerre des taxes sur les importations entre les deux alliés historiques, jugeant que l’Europe s’enrichissait sur le dos des États-Unis.

Cette remise en cause du partenariat Europe – États-Unis s’est aussi installée sur le plan militaire. Donald Trump a, de très nombreuses fois, critiqué l’OTAN qu’il considérait « obsolète », composé de pays européens qui n’investissent pas assez pour leur propre défense. Il remet en cause l’engagement des États-Unis au titre de l’article 5 de l’alliance, et évoque même un possible retrait des États-Unis de l’OTAN. Ces attaques contre la relation transatlantique, qui est sortie détériorée des quatre années de présidence de Trump, entre autres tentatives d’humiliation, aura poussé l’Union européenne dans ses derniers retranchements et forcé celle-ci à engager une réponse unie.

La réélection de Donald Trump à la Présidence des États-Unis d’Amérique semble se profiler. © LE POINT

Une opportunité pour l’Union européenne

L’hostilité de l’administration Trump n’eut pas uniquement des conséquences négatives pour l’Union européenne. Nous avons pu observer durant ce mandat une affirmation de l’Europe. Non seulement l’Union européenne a su répondre collectivement à la politique agressive de Donald Trump à son encontre, à défendre ses intérêts économiques, mais elle a aussi su lever le tabou de la Défense commune, dont la France se faisait le héraut depuis toujours.

La remise en cause des États-Unis dans leur engagement à la sécurité de l’Europe, qui date de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a mis en lumière la fragilité des pays de l’Union en matière de sécurité et de défense, dépendants de l’Oncle Sam dans ces domaines. Cela a donc conduit les États européens à engager une réflexion plus profonde sur le principe d’une Défense commune européenne. L’émergence d’une Europe politique est, par conséquent, devenue une réalité qu’il serait possible de voir prendre forme à l’avenir.

Le retour au pouvoir de Donald Trump pourrait-il être de nouveau un catalyseur de l’union politique de l’Europe ? Contacté par CSactu, le député européen Bernard Guetta, membre du groupe Renew Europe au Parlement européen et auteur du livre La Nation européenne, explique que cela serait « sur le papier, une formidable chance pour l’Union européenne, puisque cela accélérerait des processus qui sont vraiment en cours et qui sont très positifs », étant donné qu’ « il serait tellement menaçant pour nous et tellement imprévisible que ça accélérerait la volonté de l’Union européenne de s’affirmer en puissance politique » et que « ça accélérerait sa volonté de se doter d’une Défense commune ».

Cela pourrait aussi avoir une incidence positive sur le processus l’élargissement de l’Union européenne, car s’il ne dépend que de l’Union, « l’affirmation de l’Union comme puissance politique et militaire » provoquée par l’animosité trumpiste « peut accélérer l’affirmation de l’Europe Continent et donc de l’Union européenne et des pays candidats », selon l’ancien journaliste au Monde.

Le moment est d’autant plus propice pour accélérer la transition de l’Union européenne vers une union politique que « hier les prises de position de Trump nous ont fait tomber le tabou de la Défense européenne et que la politique économique de Biden nous a amené peu ou prou à accélérer les processus industriels communs, à investir dans notre réindustrialisation », décrypte Bernard Guetta. L’UE est à un moment de son histoire le plus favorable pour s’affirmer comme puissance, indépendante et influente sur la scène nationale et internationale.

« Une chance dangereuse »

La réélection de Donald Trump paraît être une opportunité à saisir, et pourquoi pas à espérer pour l’Union européenne. Il est néanmoins nécessaire de nuancer le propos car, si cela est une chance, il s’agit, selon l’eurodéputé, d’une « chance dangereuse », car « Trump réélu, s’il est fidèle à lui-même, cherchera d’abord à s’entendre avec Poutine par-dessus la tête non seulement des ukrainiens mais de l’Union européenne », ce qui montrerait « l’inanité de l’Union européenne » et créerait « un tel trouble politique en son sein qu’on pourrait ainsi l’affaiblir et peut-être même, rêvons un instant, la faire éclater ». « Ce serait très dangereux, très très dangereux pour nous », précise-t-il.

L’imprévisibilité de Donald Trump, sa haine de l’Europe, laisse de nombreuses questions en suspens pour le député, telles que « est-ce que dans ce bras de fer, qui serait beaucoup plus brutal que pendant le mandat précédent, il ne serait pas en situation de nous prendre de vitesse ? » ou « est-ce que nous serions assez forts et assez prêts pour relever en très peu de temps ce défi ? ». L’Union se prépare-t-elle à cela ? « Je crains qu’on en soit loin » admet Bernard Guetta.

L’Union européenne, si Donald Trump est réélu, aura une vraie carte à jouer dans sa construction d’une union politique et militaire. Il sera nécessaire pour l’Europe de maîtriser cette opportunité face à l’hostilité de son principal allié, alors que deux guerres sont à ses portes et que la pression populiste, le plus souvent favorable au candidat républicain et à la Russie, croît en son sein. La tâche sera complexe, l’Union européenne devra transformer l’essai, montrer sa capacité à résister et s’affirmer comme la puissance politique, géopolitique, économique et militaire dont elle a le potentiel.

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