Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Charles-Henri Le Billan: “Les 18-35 ans sont les grands oubliés des programmes politiques des différents partis parce qu’ils votent peu.”

Picture of CSactu

CSactu

Charles-Henri Le Billan, âgé de 37 ans, est candidat à la députation de la seconde circonscription de la Corrèze. Jardinier de profession, Charles-Henri le Billan s'engage dès l'âge de 25 ans en politique où il entre au Mouvement des Jeunes Socialistes et participe à la campagne de Pierre Cohen à Toulouse. En 2017, il s'inscrit dans le mouvement de fronde M1717, qui deviendra par la suite Génération.s, par fidélité aux idées de Benoît Hamon auxquelles il croyait. En 2020, il s'est également présenté aux élections municipales de la ville de Brive-la-Gaillarde sur la liste de Shamira Kasri. Suite à des divergences politiques avec Génération.s, il s'encarte à la Gauche Républicaine et Socialiste qui le porte candidat pour les élections législatives de 2022. Pour CSactu, il a accepté de répondre à nos questions et de nous délivrer sa vision de la politique et de la jeunesse. Il a également accepté de nous parler de la Gauche Républicaine et Socialiste, parti de " l'arc humaniste" pour reprendre l'expression d'Eric Piolle, figure politique chère à Charles-Henri Le Billan.

Partagez ce post

Charles-Henri Le Billan, candidat à la députation de la seconde circonscription de la Corrèze, à la Gare SNCF de Brive-la-Gaillarde - Valentin FRANCY
Charles-Henri Le Billan, candidat à la députation de la seconde circonscription de la Corrèze, à la Gare SNCF de Brive-la-Gaillarde - Valentin FRANCY
Vous êtes candidat à la députation de la seconde circonscription de la Corrèze et investi par le parti Gauche Républicaine et Socialiste ainsi qu’une alliance d’autres partis de gauche. Pouvez-vous nous parler de votre parti politique ? Comment s’est décidé cette alliance ?

La Gauche Républicaine et Socialiste est une aile gauche du parti socialiste qui a quitté le parti en 2019 à l’époque des élections européennes. C’est incarné par Emmanuel Maurel qui est eurodéputé aujourd’hui et par Marie-Noëlle Lienemann qui est une figure historique des socialistes et a été également ministre du Logement. C’est un parti qui prône les valeurs de la république démocratique française et qui dénonce, finalement, l’affaiblissement de cet idéal que nous avions choisi ensemble, les Français. Les valeurs que la Gauche Républicaine et Socialiste défendent sont la dignité pour tous et la laïcité partout sur le territoire. Donc finalement, c’est un parti qui lutte contre le clientélisme, le communautarisme en défendant la laïcité dans son écriture de la loi pure. C’est également un parti qui me semble être dans les réponses aux problématiques actuelles. Aujourd’hui, nous avons un problème qui finalement est la question de l’universalisme de la République puisque nous mettons en concurrence les territoires et cela s’est accentué avec Emmanuel Macron. C’est encore accentué dans les propos de Nicolas Brousse qui parle aujourd’hui de faire de la Corrèze un département pilote pour certaines expérimentations. Alors, je ne comprends pas bien cette volonté de s’attaquer à l’universalisme qui fait justement l’égalité des citoyens. C’est donc pour cela que j’ai rejoint ce parti.

Cela a été une période assez intense politiquement puisque ma femme est restée chez Génération.s. Moi je l’ai quitté ce qui fait que, tous les deux, sur cette période de novembre – décembre 2022, on faisait campagne pour un candidat différent à la présidentielle. Elle continuait à faire fidèlement campagne pour Yannick Jadot vis-à-vis de son parti et des décisions de pole écologiste. Pour ma part, je faisais campagne pour Jean-Luc Mélenchon alors que la Gauche Républicaine et Socialiste avait choisi de soutenir Arnaud Montebourg. En réalité, j’ai opéré ce choix avant que mon parti ne vote cette décision. Arnaud Montebourg qui est incarné par le parti l’Engagement faisant partie de la fédération des gauches. J’avais ce choix de rejoindre le groupe d’actions local composé des Insoumis et d’autres personnes qui ne s’étaient pas engagées en politique avant ça pour espérer éviter le duel que les Français ne voulaient pas, c’est-à-dire le duel Macron – Le Pen qui s’est finalement réalisé.

Cette alliance a décidé de faire confiance à votre candidature pour porter leur voix. Comment fait-on pour porter la voix de divers partis politiques, tout en sachant qu’ils ont leur propre sensibilité ?

Déjà, la Fédération de la Gauche a un programme qui est notre boussole, le consensus. On a également une structure nationale où les textes sont mis en débat. J’aime beaucoup le principe de démocratie donc je crois que le consensus vient du débat. C’est aussi finalement les discussions qui sont assez fluides, étant donné que l’on est un petit parti, entre le national et le local, qui arrive à trancher et prendre position. Je me retrouve pleinement dans ce qui est défendu par la Gauche Républicaine et Socialiste mais aussi, de manière assez proche, par ce qui est défendu par les autres partis de la fédération de la gauche. Les partis de gauche, de toute manière, arrivent à un consensus assez large sur le programme. Peut-être un petit peu moins avec la branche hollandiste du Parti Socialiste qui n’a pas encore fait, finalement, le bilan du quinquennat et n’a pas pris conscience des dérives qu’il y a eu sur l’inversion de la priorité de la demande à l’offre. Là, François Hollande a fait une politique de l’offre s’incarnant par le CICE, la baisse des charges, alors qu’historiquement la gauche a une politique de la demande. Autrement dit, le soutien aux salaires, le soutien aux négociations avec les corps intermédiaires, la revalorisation des retraites et le minima qui permettent à tous d’arriver à une vie digne. Il y a quelques points qui permettent de nous différencier mais, au sein de la fédération, le consensus est très large.

Comme vous l’avez évoqué précédemment, votre parti a fait le choix de ne pas faire alliance avec la NUPES et la candidature de Chloé Herzahft pour cette circonscription, peut-on qualifier votre candidature comme une « candidature de gauche dissidente » ou devrait-on parler « d’une offre alternative à la NUPES ? » Pourquoi ce choix malgré les nombreux points de convergence avec cette alliance ?

Alors on a fait le choix, oui et non dans les faits. La France Insoumise a fait le choix de mener des discussions bilatérales puisque l’ensemble des forces de gauche n’ont pas été conviées. Il y a d’abord eu un accord avec Europe Ecologie Les Verts, puis une discussion ouverte avec le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste. Cela a donc plutôt été du bilatéral d’une table ronde. La Fédération de la Gauche Républicaine ainsi que beaucoup d’autres partis de gauche ont proposé à La France Insoumise d’être reçue pour pouvoir discuter d’une union très large. Finalement c’est la France Insoumise qui a opéré ce choix, ce choix de ne recevoir que ceux qui présentaient un candidat à l’élection présidentielle. Selon des informations que j’ai, l’Engagement qui est le mouvement d’Arnaud Montebourg, a été entendu sans qu’il y ait d’accord signé avec eux. À la base, nous avions fait le choix de ne pas porter de candidature puisqu’il y avait suffisamment de candidatures à gauche pour éviter de plus diviser. Après le retrait d’Arnaud Montebourg, le vote a été le soutien du PCF de Fabien Roussel plutôt qu’en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Je crois que c’est peut-être plus lié à un passif, puisque la Gauche Républicaine et Socialiste avait fait union avec La France Insoumise aux élections européennes. C’est pour cela qu’Emmanuel Maurel est élu.

Aux élections suivantes donc celles des régionales, une discussion avait été également ouverte. La Gauche Républicaine et Socialiste a cette volonté également de faire le lien entre les différents partis. Autant Génération.s prenait l’angle des “écolos” puis le reste de la gauche, autant la Gauche Républicaine et Socialiste a fait le pari inverse, c’est-à-dire les autres forces de gauche puis les “écolos”. La démarche est semblable même si elle a quelques points de différence. Pour reprendre le fil, aux élections régionales, la Gauche Républicaine et Socialiste devait faire alliance avec La France Insoumise en tentant de faire alliance avec Europe Ecologie Les Verts. La France Insoumise a fait le choix de s’allier avec le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ce qui a été, de toute manière, une limite infranchissable pour Europe Ecologie Les Verts. Etant donné que GRS était déjà dans la négociation entre les deux et que la France Insoumise a imposé son choix du NPA, la GRS a décidé de continuer avec Europe Ecologie Les Verts pour les élections régionales. Cela a donné ce que ça a donné.

Finalement, pour les élections présidentielles, on s’était mis un peu plus en retrait parce que l’on voulait un accord pour les élections législatives afin qu’il y ait également un accord aux élections présidentielles.

Historiquement c’est comme cela qu’on fabrique un accord pour les élections présidentielles. On ne se met pas d’accord sur une présidentielle sans avoir fait un accord aux élections législatives puisque la répartition des députés fera que le Président aura un pouvoir ou ne l’aura pas. La France Insoumise a donc adopté une autre stratégie qui était d’aller jusqu’au bout à l’élection présidentielle et ce sera le choix des citoyens qui donnera une force aux différents candidats de gauche pour négocier l’accord. Si l’on regarde cette stratégie, elle est payante pour la France Insoumise.

Pour la petite anecdote, j’aurais pu me présenter au nom de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale parce que je faisais partie des 150 000 premiers citoyens à avoir apporté mon soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire l’investiture citoyenne. C’était une promesse de campagne de François Hollande qui n’a pas été tenue. J’ai également fait campagne pour Jean-Luc Mélenchon. Je remplissais donc les cases pour me porter candidat pour la France Insoumise mais je préférais me porter candidat pour le parti que j’avais choisi tout simplement. Je trouve qu’au sein de la France Insoumise, les instances démocratiques ne sont pas suffisamment fortes.

Est-ce que vous trouvez qu’elles ne sont pas suffisamment fortes, notamment par le fait que la France Insoumise propose de faire élire l’Assemblée nationale à la proportionnelle ?

Il va falloir une réforme pour l’élection législative. La proportionnelle est proposée par la France Insoumise et le Rassemblement National mais avec des différences. Les élections partielles ne seront plus des élections locales mais des élections à liste pour avoir une part de proportionnelle. Il faudrait que j’étudie la manière dont cela est défini par la France Insoumise. Pour l’instant cela a été nommé plus que défini. Je ne sais pas si cela répond à une demande du peuple. Tant que ce n’est pas structuré, pas défini, je n’ai pas d’avis sur la proposition que la France Insoumise pourrait faire sur ce type d’élections.

Sur la version de Rassemblement National, là je ne suis pas du tout convaincu puisqu’ils mettent une part bénéfice à la majorité. C’est exactement ce qui se passe aux municipales, ce qui donne pour résultat que l’opposition est réduite à peau de chagrin et elle ne sert à rien ! Donc ça, non.

À titre personnel, sans que cela soit défendu par mon parti, je suis pour une modification même de deux types d’élections, pour les présidentielles et les législatives. Alors, je ne suis pas sûr que tu comprennes car il va falloir que je rentre dans le dur. Je suis pour une élection polynominale à liste. Autrement dit, tu votes une fois pour la présidentielle mais tu n’as qu’un seul bulletin de vote et tu hiérarchises l’ordre des candidats. Ce qui te fait une pondération du choix du Président avec une attribution à la proportionnelle sur liste pour les élections législatives. Cela formerait du coup une chambre de l’Assemblée qui ne ressemblerait pas du tout à ce à quoi l’on s’attendrait. À mon avis, cela ferait beaucoup de cheveux blancs pour les instituts de sondages qui auraient bien du mal à savoir à quoi cela ressemblera. Mais pour le moment, c’est quelque chose qui n’est pas dans le programme et je pense que d’autres priorités sont à mener comme la lutte contre la misère. Je crois que c’était l’une des grandes promesses de la République et on a toujours pas réussi à faire. Il y a beaucoup trop de personnes qui ont besoin de l’aide alimentaire. La réponse d’Emmanuel Macron de faire des chèques à tout va, cela nuit à l’unité nationale. De fait, cela créé des gens qui ont le sentiment d’être pris dans le piège de l’assistanat, et d’autres qui ont l’impression d’être exclus de la solidarité nationale. Pour moi, cela n’est pas la bonne solution.

Pour revenir sur la question principale, quelle est la stratégie de la Fédération de la Gauche Républicaine pour ces élections législatives puisqu’il n’y a pas d’alliance avec la NUPES ?

Du coup, la Fédération de la Gauche Républicaine a fait le travail de regarder ce qu’elle avait en termes de candidats potentiels. Donc on avait entre 150 et 160 candidatures possibles sur le territoire donc sur les 577 circonscriptions en tout. Un examen statistique des chances de victoire et par quel parti a été fait comme tous les partis politique font. Surtout au niveau des circonscriptions, où il y avait un risque que le maintien de notre candidature fasse gagner le Rassemblement National ou empêche la gauche d’accéder au second tour, les candidatures ont été retirées. Nous avons retiré au total une soixantaine de candidatures qui étaient pourtant parfaitement légitimes puisque c’étaient des personnes qui avaient un vécu, un historique de combat. Nous avons donc des militants comme candidats. Ces candidats qui ont renoncé à leur candidature ont été dans le principe républicain puisqu’ils ont fait barrage à l’extrême droite.

Après cela, sur les circonscriptions où il n’y avait pas de risques vis-à-vis de l’extrême droite ou d’empêcher la gauche d’accéder au second tour, on voit qu’il y a beaucoup de circonscriptions qui sont perdues pour la gauche et où on a trouvé que c’était intéressant de porter une voix. D’autres où on ne fera pas barrage à la gauche et peut-être on permettra un accession de la gauche qui n’aurait pas été possible par le candidat ou la candidate porté(e) par la NUPES. Peut-être que je me trompe, mais je crois que c’est la cas ici, sur la seconde circonscription de la Corrèze. La France Insoumise a considéré, de par ses calculs, que c’était perdu ici puisqu’il s’agissait d’une des deux dernières circonscriptions attribuées à Europe Ecologie Les Verts dans les rapports que j’avais des négociations entre les deux partis. Cette circonscription a donc été donnée par défaut. Sur 100 circonscriptions données à Europe Ecologie Les Verts, il y en a 30 de gagnables et 70 qui sont perdues. Cette information est publique, je ne fais pas de grandes déclarations. C’est valable également pour le PCF puisque sur 50 circonscriptions attribuées aux communistes, il y en a 15 à 16 qui sont gagnables et 34 ou 35 qui sont perdues. Le Parti Socialiste s’en sort beaucoup mieux au niveau de taux gagnable par circonscriptions puisque sur 70 attribuées, 35 sont gagnables. Ils ont donc 50 % de leurs circonscriptions qui sont gagnables. Le PS en a plus que le PCF alors que la grande phrase de la France Insoumise était de se fier aux résultats obtenus lors de l’élection présidentielle. Le PCF aurait donc dû en avoir plus que le PS mais c’est le nombre de sortants qui a primé ici.

Pour notre part, il n’y a pas d’accord avec la NUPES ce qui fait que nous ne sommes pas des dissidents au sens strict du mot. En ayant retiré des candidatures sur des territoires qui portaient un risque, nous on parte des candidatures qui sont des candidatures qui complémentent l’offre et qui permettent, à mon avis, à un représentant de la gauche d’accéder au deuxième tour sur des territoires où, de toute manière, la candidature retenue par la NUPES n’a pas les chances d’après nous.

Ici, c’est Chloé Herzhaft qui a été investie, c’est donc Europe Ecologie Les Verts qui a réclamé la circonscription. La France Insoumise lui a alors donné, considérant la circonscription comme perdue, donc cela rentrait dans nos critères pour que ma candidature se maintienne. Sachant que je pense que sur le deuxième circonscription de la Corrèze, au vu des résultats d’Europe Ecologie Les Verts aux départementales, aux régionales et aux législatives il y a 5 ans, c’était pas un choix gagnant que de donner la circonscription à Europe Ecologie Les Verts.

Si vous pensez que ce choix est perdant pour la NUPES, quelle est votre vision politique de la circonscription ?

La circonscription est extrêmement rurale et il y a donc 50% d’urbains sur Brive et sa couronne. Le reste des territoires sont donc par logique des territoires ruraux. Ces territoires ruraux sont marqués par les très mauvais scores d’Europe Ecologie Les Verts et de la France Insoumise. Ainsi, j’espère réussir à convaincre, notamment sur les déplacements que j’ai faits, qu’une candidature républicaine qui s’attache à la défense des acquis sociaux et à la lutte contre la misère peut susciter un espoir mais aussi permettre à des gens qui se sont réfugiés dans le vote Rassemblement National, un autre choix. La plupart des gens qui ont choisi Marine Le Pen à la présidentielle ont fait un choix de “fâchés”. Ils ont fait ce choix car les pensions de retraite sont insuffisantes, parce que le monde agricole n’est pas suffisamment soutenu et mis en concurrence dans l’esprit libéral de l’économie d’Emmanuel Macron. Cela ne répond pas à la demande des habitants de la ruralité qui veulent juste vivre tranquillement et gagner leur vie avec leur travail, c’est tout.

Si vous êtes élus à l’issue des scrutins des 12 et 19 juin 2022, une alliance avec les députés NUPES élus sera-t-elle envisageable pour former une réelle alliance de gauche au sein de l’Assemblée Nationale ou toute entente est impossible ?

L’entente devra avoir lieu. La Gauche Républicaine et Socialiste avait fait le choix comme je l’ai dit précédemment, de soutenir la candidature de Fabien Roussel pour le PCF dans un second temps. De plus, j’ai toujours de bons rapports avec les Insoumis comme les écologistes d’EELV même s’il ont décidé de suivre l’engagement du national et donc de faire campagne pour Chloé Herzhaft dans une mesure qui me semble relative par rapport à leur capacité à s’engager et à labourer le terrain. On voit bien que pour une candidature qui représente les quatre grands partis historiques de la gauche, on a quand même une occupation du terrain qui me semble ne pas être en corrélation avec les capacités militantes de l’ensemble de ces partis. Il y aura donc peut-être une interrogation à avoir sur ce point. Il est de notoriété publique que, Chloé Herzhaft faisait consensus pour unir la gauche contre elle. C’est paru dans le journal La Montagne en janvier 2022. Maintenant, ils respectent le national, je l’entends et le comprends. Ce qui m’empêchera pas, si je suis élu, de rejoindre le groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine ce qui est finalement, le groupe parlementaire du PCF. Je crois que l’accord ne leur permet pas actuellement d’avoir la garantie de posséder un groupe parlementaire puisqu’il leur faut 15 élus. De plus, je pense que la manière dont la négociation s’est faite pour la NUPES sur l’intégralité des 577 circonscriptions empêche les élus non encartés de rejoindre le groupe de leur choix et donc de pouvoir complémenter le groupe qui serait insuffisant pour former un groupe parlementaire.

L’article évoqué: https://www.lamontagne.fr/brive-la-gaillarde-19100/actualites/pourquoi-la-gauche-en-correze-fait-elle-front-commun-contre-la-responsable-d-europe-ecologie-les-verts_14077562/

Étant candidat à la députation, pouvez-vous nous parler de votre vision du rôle de député ?

Le rôle de député, ce n’est pas moi qui vais l’inventer. Le député est un législateur, il propose des lois et permet aussi de contrôler l’action du gouvernement et de prendre position en créant des commissions sur différents points qui peuvent être des points territoriaux. Ici, on avait eu une commission parlementaire sur la gestion des forêts qui était à l’initiative de la France Insoumise d’ailleurs et où j’ai pu me rendre sur le plateau des Milles Vaches. Cela permet donc, lorsque le député prends à cœur de représenter le territoire, de donner la parole aux citoyens.

Quelle serait la première proposition de loi que vous proposeriez en tant que député ?

Je pense que la première loi qui doit être proposée et une loi sur la revalorisation des salaires et des retraites. Pour élargir le champ des questions qui sont portées dans la campagne, je trouve que l’on fait l’impasse sur tout ce qui relève de la politique de l’allocation familiale. Je pense que cette politique est vieillissante. En effet, cette politique est issue de l’après-guerre, dans un moment où nous avions besoin de reconstruire la démographie et où la question de la natalité était importante. Si on regarde comment cette politique est construite, on n’a pas d’allocation familiale au premier enfant, ce qui est aberrant selon moi. Ainsi je propose qu’on la déclenche au premier enfant. Ensuite, concernant les aides pour l’école, nous ne pouvons les obtenir que lorsque notre enfant atteint l’âge de 6 ans alors que notre système éducatif prône l’entrée des enfants en son sein dès l’âge de 3 ans. Il faudra donc les réformer aussi pour que ces aides tombent dès l’âge de 3 ans car, même si nous n’avons pas besoin d’acheter beaucoup de matériels, il faut que nos enfants puissent avoir une éducation saine et égalitaire dès le plus jeune âge. De plus, on constate une mutation des besoins. Ainsi, il ne faut plus porter la course à la démographie comme nous le faisons actuellement selon moi. Bien sûr chaque famille sera libre d’avoir le nombre d’enfants qu’elle souhaite, ce que je souhaite c’est que les politiques d’allocations familiales répondent réellement à leurs besoins. Nous avons de plus en plus de familles monoparentales ou avec un seul enfant, il faut donc les aider au même titre que les autres familles.

Concernant nos aînés, ce sont les citoyens qui doivent les prendre en charge. On a un devoir moral envers eux et cela représente également un coût. La politique sociale ne répond pas non plus à cette demande. Ainsi, je m’attacherais à mettre en œuvre une politique qui comprenne ces nouveaux enjeux tout en agissant sur d’autres thématiques telles que la souveraineté alimentaire, la souveraineté énergétique etc. Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir une rupture d’égalité entre les gens, il faut que l’Etat remette en place cette valeur au cœur des politiques familiales.

Vous vous définissez comme un candidat « oublié par les médias mais apprécié par les gaulois ». Pourriez-vous expliciter votre propos et quel est votre avis sur le fait qu’un média étudiant animé par des journalistes non professionnels et bénévoles s’intéresse à votre candidature et vous offre la possibilité de vous exprimer au travers d’un entretien ?

Question très vaste ! Je sens ma candidature comme oubliée par les médias nationaux. France 3 a fait un choix et France Bleu a suivi dans la même ligne éditoriale, c’est-à-dire de ne donner la parole qu’aux «grands candidats» et c’est sur ce critère qu’il les ont choisis. Autrement dit, ils ont donné la parole aux candidats des partis suivants : Rassemblement National, Renaissance, la NUPES et Les Républicains. Ils ont donc fait un débat à quatre avec, bien sûr, la présence de la députée sortante qui est étiquetée Les Républicains, alors que nous avons 13 candidats sur cette circonscription. Je pense qu’on devrait pouvoir redonner une parole égale à chacun pour qu’ils puissent défendre leurs particularités et ainsi donner une information égalitaire et claire à l’ensemble des citoyens. Cela permettrait aux citoyens d’avoir un choix éclairé et je pense que le choix éclairé est une valeur de gauche. C’est le principe de l’éducation égalitaire pour tous, parce que le citoyen doit être émancipé et donc avoir accès à l’information pour pouvoir faire des choix éclairés. Cela est bien sûr une constatation et que le choix éditorial est guidé par des contraintes. Bien sûr qu’un débat à 13 sur un plateau c’est très compliqué, cependant je pense qu’on aurait pu décider de faire autrement. Je pense, par exemple, à l’idée de faire des débats sectoriels suivant l’étiquette politique des candidats. On aurait pu faire débattre 3 candidats de l’extrême droite ensemble pour donner un temps de parole égalitaire aux Patriotes, à Reconquête et au Rassemblement National. Ainsi, les gens qui se sentent de cette mouvance là auraient pu réellement choisir entre les 3 et ne seraient pas seulement condamner à entre la voix du Rassemblement National. Cette proposition est aussi valable pour la gauche. Nous avons également plusieurs candidatures qui défendent un modèle de société de gauche et donner seulement la parole à la NUPES, par la représentation de Chloé Herzahft issue d’EELV, ne permet pas de porter un écho assez grand de ce que la gauche a à offrir en terme de solutions à la population. Nous avons donc une dichotomie dans l’information libre. Pour n’oublier personne, il y avait aussi deux candidats qui se revendiquaient comme représentant la majorité présidentielle: Nicolas Brousse et Olivier Bonnie. Olivier Bonnie a été mis en suspens de son parti pour sa candidature face à Nicolas Brousse alors que c’est quelqu’un qui était parfaitement légitime au niveau du territoire corrézien. C’est une personne avait qui j’ai des idées divergentes, mais je salue son engagement local qui est fort et sur le long terme. Je trouve également dommage que la parole ne lui ait pas été donné par les médias nationaux. Il y a également Patrick Cojan qui représente Ensemble pour les libertés, un mouvement politique créé par une dissidente à LREM ce qui fait que nous avions au final, trois candidats issus de la macronie, ou du moins de ce que la macronie a rassemblé au travers de son union, et on donne la parole qu’à un seul candidat. Ce choix éditorial pose ainsi problème selon moi.

Pour finir de répondre à la question, sur la question de la possibilité qui m’est offerte par un média étudiant de m’exprimer, média que tu représentes aujourd’hui, je trouve cela très bien. Il faut une multiplicité des sources d’informations et que chacune puisse annoncer clairement sa ligne éditoriale. Il faut que l’information qui est orientée, le soit en connaissance de cause. Je pense que les médias étudiants touchent un public plus jeune et qui est sûrement plus éloigné des questions soulevées par la politique. Alors que finalement, selon moi, c’est la politique qui, par propagande, par idéologie, n’est pas reconnue dans sa capacité à changer le monde, la vie. Pour reprendre Brecht, « c’est le politique qui décide du prix du pain » et il faudrait que les jeunes s’intéressent un plus plus à la politique de nos jours, elle a une importance cruciale.

Comment au travers de votre expérience, les médias pourraient œuvrer à réconcilier les citoyens avec la politique selon vous ?

Pour réconcilier les citoyens avec la politique, je ne sais pas si les médias peuvent jouer un rôle, eux ils jouent un rôle d’information. Je pense que cela doit émaner des politiques, c’est-à-dire qu’il faudrait que la déontologie et la morale soient présentes. Quand on voit le nombre de ministres qui ont des affaires, quand on voit qu’on a donné librement la parole à Eric Zemmour qui a été condamné pour des propos haineux, à Marine Le Pen qui est condamnée pour détournement de fonds européens… Ce sont des gens qui, étrangement, s’il y avait une morale et si la politique voulait redonner espoir aux citoyens dans la politique, devraient se retirer d’eux même, tachés par la honte. Ce n’est pas normal que, dans d’autres pays, comme dans les pays du Nord de l’Europe, un ministre qui fait passer une note de taxi personnelle comme note de frais, soit obligé de prendre la parole dans les médias pour s’excuser et démissionner. Là, on touche du doigt le problème, c’est ce que l’on entend quand on tracte sur les marchés. Les gens nous disent: « De toute manière, vous êtes tous pareils ».

C’est sur ce point que je mène un vrai combat. J’essaye de convaincre les gens de la sincérité de ma candidature. Je n’ai jamais été élu et je ne me mobilise pas seulement trois semaines par an. En plus d’être engagé politiquement , je suis engagé de manière associative. Des actions, j’en fais toute l’année et en toute période, qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas d’élections. Cela est dure à faire comprendre…

La thématique de la jeunesse semble être la grande oubliée de cette campagne autour des élections législatives que cela soit au niveau local comme national, qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas que cette thématique soit autant oubliée que cela. Il y a des propositions qui ont été portées par l’Avenir en Commun et Génération.s. Il faut donner un revenu de dignité aux étudiants pour leur permettre d’étudier. On le sait, de par toutes les études sociologiques qui le prouvent, une grande partie de l’échec dans les études supérieures, ou du moins de l’abandon des études, est liée à une incapacité financière à suivre ses études. Ce problème ne date pas d’hier puisque j’ai 37 ans et j’ai connu, à mon époque, des collègues qui abandonnaient la fac parce qu’ils avaient la possibilité de transformer un mi-temps en temps complet et que plutôt que de faire des études pour un avenir hypothétique, ils avaient une garantie de revenu immédiate. En faisant cela, on pénalise le futur. On hypothèque notre futur car il est impossible de prédire à l’avance qui trouvera une solution qui aide tout le monde. Sur ce point, on se pénalise tous et je pense qu’investir dans la jeunesse ne doit pas se regarder dans le court terme du retour sur investissement. Ou à ce moment là, on valide des thèses étranges où seul le productivisme compte et finalement on déshumanise tout.

Je clarifie ma question, je souhaitais en réalité aborder le manque de médiatisation autour de la thématique de la jeunesse durant ces élections législatives alors que la jeunesse est un électorat important.

Alors malheureusement non… Chez les jeunes, il y a beaucoup d’abstention. La professionnalisation de la politique fait que les grands partis écrivent des programmes en fonction de la rentabilité des propositions qu’ils font. La manière dont je le dis est très critique. Cependant, on a tendance à plus parler aux retraités car ils votent beaucoup plus. On va également plus parler aux classes moyennes ou aux cadres supérieurs car ils votent beaucoup plus également. Donc, il y a les étudiants qui sont de grands absents, ou du moins les jeunes au sens large du terme puisqu’il désigne les 18-35 ans. Les 18-35 ans sont les grands oubliés des programmes politiques des différents partis parce qu’ils votent peu. Et là, on a une boucle de rétroaction négative puisqu’ils votent peu, on s’intéresse peu à eux et vu qu’on s’intéresse peu à eux, ils votent peu et on continue comme ça…

On a vu des grandes mobilisations des étudiants pour le climat, pour la justice sociale, mais cela ne se traduit pas en mobilisation électorale. Donc si j’ai un conseil à donner à tout le monde, c’est d’aller voter ! Parce que tant que vous ne voterez pas, on ne vous proposera rien ! Je ne m’inclus pas dans le «on» bien évidemment car je n’ai que 37 ans et je visualise bien les galères que les jeunes connaissent puisque j’étais à leur place il y a quelques années.

Si vous êtes élu député, quelles propositions de loi formuleriez-vous à destination de la jeunesse ?

Je suis pour la cantine gratuite pour tous les scolaires. Une cantine gratuite qui doit être alimentée localement, ce qui permettrait de faire de l’éducation alimentaire et ainsi changer les modes de consommation. Cela permettrait à tous de manger convenablement. Concernant le CROUS à 1 euro, c’est du “foutage de gueule” clairement, puisque les étudiants mangent, mais pas suffisamment. Il faut aussi permettre la pratique du sport pour les moins de 25 ans en la rendant gratuite. Le sport est un vecteur de décloisonnement important puisque l’on se retrouve avec des gens de divers horizons. Ensuite, toujours sur les jeunes de moins de 25 ans, il faut que la culture soit gratuite. Quand tu as moins de 25 ans, il faut donner l’envie et l’habitude de consommer de la culture. De plus, la culture est un budget à perte pour l’État. Pour ceux qui disent que donner la gratuité, c’est faire couler le navire, je leur réponds que quand on perd un océan, on n’est plus à cela près. Tout ce que je viens d’énumérer constitue des mesures de pouvoir d’achat mais elles sont, selon moi, essentielles.

Quel message souhaiteriez vous délivrer à la jeunesse et que diriez-vous à un jeune qui désire s’engager en politique ?

À un jeune qui désire s’engager en politique? Engage toi ! Engage toi dans n’importe quel parti, cela n’est pas important, le but c’est de t’engager et de continuer à te nourrir l’esprit. Cela te donnera des clefs pour comparer les idées afin de voir ce qui correspond à l’horizon que tu veux pour ton monde.

Pour tous les jeunes, je leur dirais d’aller voter, même s’il faut voter blanc. Vu qu’on ne sait pas qui vote blanc, on regarde juste les cahiers d’émargements pour savoir la proportion de gens qui votent suivant leur catégorie. Donc allez voter !

Si vous n’êtes pas inspirés par les candidats, faîtes nous des jolis dessins, au moins, cela nous fait rire au dépouillement !

Pour conclure cette interview, que pensez-vous des initiatives comme CSactu de proposer un journal pour les jeunes fait par les jeunes ?

C’est très bien. Il n’y aura jamais trop de journaux, surtout que les journaux étudiants auront peut-être plus de facilité à être lus par les étudiants. Cela permet également de donner une habitude aux étudiants des écoles de lire le journal. De plus, sociologiquement, on sait que de prendre cette habitude permet de faire basculer vers la lecture de la presse papier et donc de continuer à s’informer par ce type de média. Bonne chance à vous, surtout que c’est du bénévolat, que ça prend du temps. Donc bravo à vous de vous engager de cette manière là pour prôner l’émancipation intellectuelle et l’ouverture d’esprit. La presse papier est multiple dans son ensemble et ne perdez pas de vue le fait qu’il y ait une ligne éditoriale derrière chaque journal, même lorsqu’il se déclare apolitique. Il y a toujours un humain qui écrit derrière et un humain, malgré tout les efforts d’impartialité qu’il fait, ne peut pas se garantir à lui même d’être à 100 % impartial. Je rajouterais ceci, quand on lit quelque chose, le première étape avant d’accepter ce qu’on lit comme une vérité, c’est de regarder qui a émis cet article. Il faut donc toujours bien penser à vérifier la source, les multiplier et lire. Pour conclure mon propos, les journaux étudiants, faites votre “taff”, il est plus que nécessaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share