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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

En attendant Bojangles : c’est l’amour fou

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Lucie Sol

Etudiante en Lettres Modernes à l'ENS de Lyon et passionnée par l'art, la culture et leur partage, je suis aussi très investie dans les problématiques féministes et LGBTQIA+ et j'aime concilier ces différents centres d'intérêts dans mes articles. J'apprécie aussi les interviews en format long. Je vous souhaite une bonne lecture ! Mon LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/lucie-sol-197922219/?originalSubdomain=fr
Sorti en janvier de l’année dernière, le film En attendant Bojangles de Regis Roinsard est actuellement accessible sur Canal+ et MyCanal, et ce pour notre plus grand bonheur. Traitant à la fois de la folie et de l’amour, cette adaptation du roman d’Olivier Bourdeaut paru en 2016 et détenteur de nombreux prix alterne avec virtuosité entre moments d’euphorie et de désespoir, nous faisant passer du rire aux larmes.

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Georges et Camille s'embrassant
Georges et Camille (source: https://www.lesoleil.com/2022/09/01/le-film-de-la-semaine-en-attendant-bojangles--1-2-video-3e02395a5e294b0f6bcd42a899b42cfe)

Synopsis

Ce sont Virginie Elfira et Romain Duris qui mettent à l’honneur cette œuvre en incarnant deux personnages passionnés et attachants ; Camille, dont le prénom change au gré de ses envies et de leurs jeux de rôles, et Georges. Formant un couple hors du commun, ils offrent à voir une comédie romantique et dramatique bouleversante qui prend au pied de la lettre l’expression d’amour « fou ».

Celui qu’ils se portent semble en effet être du côté de l’absolu, Camille allant jusqu’à réclamer à Georges qu’il cesse de travailler pour ne pas en être séparée une seule seconde, en dépit du bon sens. Quant à lui, il abandonne tout respect des règles pour embrasser pleinement ce mode de vie passionné et inconscient qu’est celui de la femme qu’il aime plus que tout, devenant pour elle le descendant de Dracula, un soldat prussien, un bel inconnu. Leur amour comme leur vie se caractérisent par l’excès – de fêtes, d’imagination, de danses, de bonheur, et de mépris des conventions.

C’est dans ce mode de vie épicurien et marginal où l’imagination et l’amour règnent en maîtres qu’ils élèvent leur fils Gary, pour qui le farfelu devient la norme, et la norme synonyme d’ennui. Son admiration pour ses parents et surtout sa mère n’a pas de limites. Cependant, cette ère bienheureuse et insouciante semble menacée au fur et à mesure que le comportement de celle-ci semble basculer davantage du côté de la folie que de la simple excentricité, assombrissant ce tableau familial…

Sur la corde raide entre extravagance… et maladie

Ce film apparaît comme un véritable exercice de funambulisme, où l’héroïne au prénom sans cesse renouvelé semble au bord du précipice de la folie, s’y approchant de plus en plus au fur et à mesure que les séquences s’enchaînent. Le film dépeint ce lent abîmement dont l’inéluctabilité est presque insupportable, mettant ainsi en exergue le sentiment d’impuissance qui domine dans de telles situations.

Il joue de la porosité de la frontière entre insanité et fantaisie à travers le personnage de Camille, vue par les yeux de son mari éperdument amoureux, qui la rejoint toujours dans ses envies farfelues. Cela permet d’adopter un regard nouveau sur la folie, qui n’est pas envisagée comme démence (du moins au début) mais bien comme qualité, raison même pour laquelle Georges tombe amoureux de Camille. Il nous permet d’abandonner nos a priori réducteurs pour adopter son propre regard. Cependant, la vision profondément négative de la folie qu’il faudrait éradiquer à tout prix persiste à travers l’aperçu donné des centres psychiatriques, dans lesquels les méthodes utilisées semblent plus proches de la torture et de l’aliénation que de la tentative raisonnée de guérison.

Une intrigue follement menée

Le spectateur oublie donc la notion du temps qui passe pour s’absorber dans une histoire aussi intense qu’émouvante, qui mobilise des ressorts aussi bien visuels et comiques que plus philosophiques. En effet, le film témoigne d’une maîtrise aigue du rythme puisque son dynamisme ne l’empêche pas d’intégrer des passages plus réflexifs, l’un des plus marquants étant sans doute celui prononcé par Virginie Elfira à la fin à son fils, qui ne peuvent que nous donner envie de lire le livre…

Ainsi, si le début du film peut étonner avec son côté décalé voire loufoque, sa suite ravira les âmes sensibles comme plus philosophes par son intensité. On ne peut que vous inviter à le visionner – et peut-être à verser une larme, qui sait ? – pour rejoindre cette famille excentrique et leur grue de compagnie Superfétatoire dans leur si bien nommé « château en Espagne », monde du rêve, des chimères et de l’irréalisable…

Pour d’autres articles sur des films sortis en 2022, voir : « Close » : le Grand Prix du Festival de Cannes.

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