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Exploitation minière: naviguer entre économie et biodiversité

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Maëlle Vinet

Actuellement étudiante en Master de langues, relations internationales et sciences politique en anglais, italien et russe à Angers. Ayant rejoint Cs Actu en mars, je porte un grand intérêt aux questions environnementales et géopolitiques actuelles. Linkedin: https://www.linkedin.com/in/ma%C3%ABlle-vinet-a21733228/
Alors que l’échec des pourparlers de l’ONU concernant les enjeux de l’exploitation minière suscite des interrogations quant à l’influence de l’organisation. Retour sur les enjeux économiques de cette pratique ainsi que son impact écologique majeur. Entre business et écologie, le monde peine à trouver son équilibre.

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Le 16 novembre 2022, des activistes de Greenpeace protestent contre l'entreprise canadienne minière The Metals Company. REUTERS/Gustavo Graf

Les fonds marins, un choix pour l’avenir

Les fonds marins sont considérés, aujourd’hui, comme de vrais trésors encore inexploités. En effet, les minerais enfouis dans les hautes mers représentent la nouvelle ressource de demain. Une ruée vers l’or qui se place en marge de la transition écologique. Surnommée “deep sea mining“, l’exploitation minière des fonds marin est une industrie émergente. Elle suscite un grand nombre d’interrogations et de tensions entre les différents acteurs mondiaux.  

Le mois de juillet s’annonçait décisif dans les avancées de régulation de cette pratique. Suite à l’adoption du traité international sur la haute mer, un potentiel accord entre les acteurs laissait entendre une avancée favorable. Seulement, deux positions divergentes opposent et divisent les 168 pays présents lors du rassemblement en Jamaïque ce 28 juillet. D’un côté, des pays comme le Royaume-Uni ou le Mexique, pour qui l’exploitation minière est nécessaire pour le futur notamment pour assurer une transition écologique efficace mais aussi pour des raisons économiques fortes. En effet, certains pays tel que la Norvège justifient cette volonté d’autorisation d’exploitation minière par le fait que les minéraux recueillis seraient un moyen d’accélérer la transition écologique.  

Nous avons besoin de minerais pour réussir la transition énergétique

Terje Aasland, Ministre norvégien du Pétrole et de l’Energie
Source: EURONEWS

De l’autre coté, une vingtaine de pays, dont la France, s’oppose à cette pratique pour des raisons de préservations écologiques. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs exprimé sa volonté d’interdire l’exploitation minière lors de la COP27 à Charm el-Cheikh en novembre 2022. Au côté de l’Allemagne et du Costa Rica, la France a annoncé vouloir définir un cadre légal pour limiter l’exploitation destructrice. Par conséquent, les négociations intenses n’ont pas pu aboutir à un consensus. 

Des conséquences environnementales encore inconnues

La principale préoccupation des acteurs et scientifiques souhaitant réguler voire même interdire l’exploitation minière sous-marine est le fait que l’impact que peut avoir cette pratique sur l’avenir est encore méconnu. Il est difficile d’étudier la progression d’un milieu en grande partie inexploré. Cependant, un test d’exploitation minière a été mené par le Pérou en 1989. En 2017, un rapport britannique annonçait un constat choquant : les espèces du premier échelon de la chaîne alimentaire présents en 1989 ne sont plus présents dans la zone.

Les différentes études menées montrent l’impact néfaste que peut avoir cette pratique. Les données ont tendance à montrer que même à petite échelle, l’exploitation des fonds marins détruit grandement les écosystèmes. En effet, d’après l’étude de la revue Current biology publié en mai dernier, force est de constater que cette pratique amène les différentes espèces à disparaître. Elle représente ainsi une menace grandissante d’extinctions pour la faune et la flore sous-marine.  

Suite à une extraction, des particules de métaux lourds tels que le nickel, le cobalt du lithium ou encore le cuivre se déposent dans les fonds marins. Ils se propagent dans les écosystèmes et s’intègrent dans la chaîne alimentaire. Peu à peu, ils polluent et affectent la biodiversité de manière irréversible. C’est pourquoi des recherches approfondies sont jugées nécessaires avant toute poursuite d’activité d’extraction.

Un fragile équilibre entre business et préservation de l’environnement

Depuis le 10 juillet 2023, il est possible d’accéder à une licence provisoire d’exploitation commerciale des grands fonds délivrée par l’AIFM (Autorité Internationale des Fonds Marins). Plus de 31 licences d’exploration ont été délivrées en vue de potentielles extractions minières. Durant ces pourparlers, l’AIFM au centre des débats, laissait la porte ouverte à toute possibilité d’avenir concernant l’exploitation minière.

À ce jour, les industries minières n’ont pas encore obtenu d’autorisation officielle. Ces pourparlers ont pu permettre à certaines industries de se désintéresser de cette pratique. Au fil des années, de nombreux pays se sont alliés dans un but commun d’opposition aux projets d’exploitation. Plusieurs solutions sont envisagées pour en limiter les conséquences. Les 21 États cherchent à suspendre par un moratoire ou bien interdire toute exploitation minière dans les eaux internationales. Une pause de précaution est également envisagée le temps d’acquérir plus de données concernant l’impact de ces actions sur la biodiversité marine.

À Myanmar, le prix de l’étain augmente suite à l’interdiction d’exploitation minière par l’Association internationale de l’étain. Protéger l’environnement a un coût. Cependant, cela est nécessaire pour garantir un avenir durable. C’est pourquoi une prise de décision rapide est primordiale. Les acteurs internationaux se réuniront à partir du 10 juillet 2024. Ils pourront ainsi échanger sur des solutions qui détermineront, en partie, l’avenir de la biodiversité.

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