Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Génocide Ouïgour : La fin du déni ?

Picture of Servane Giraud

Servane Giraud

Étudiante en double cursus Chinois Commerce International à l'INALCO, je suis journaliste dans la rubrique Culture et écris au gré de mes passions !
Après le déni vient la reconnaissance : ce jeudi 20 janvier, l’Assemblée Nationale a reconnu le génocide OuÏgour perpétué par le gouvernement chinois depuis près d’une dizaine d’années. La France est désormais le huitième pays à se positionner sur une décision aussi importante.

Partagez ce post

L’appel de détresse du peuple Ouïgour

Au cours de son histoire, la souveraineté de la Chine a souvent été écornée : par les barbares dans un souhait de conquête dynastique, les puissances étrangères qui tentèrent de se tailler des territoires ou même à cause de révoltes intérieures. Pour parer à ses faiblesses, la Chine a dû se construire une identité forte, unie, pouvant être capable de résister aux invasions. L’ethnie Han, largement majoritaire en Chine (91% de la population), constitue cette identité tant voulue du gouvernement chinois. Ainsi, les ethnies minoritaires, 55 au total, sont souvent discriminées par ce dernier. 

Les Ouïgours, peuple turco-musulman de Chine, occupent la province autonome du Xinjiang située au nord-ouest du pays, à la frontière avec la Russie, la Mongolie et le Kazakhstan. Mais depuis plusieurs années sur ce territoire, c’est la destruction massive et l’annihilation de toute une culture, d’une population possédant ses propres identité, langue et religion qui se perpétuent dans l’ombre de l’Empire du Milieu.

Le Parti Communiste Chinois étend sa propagande 

Le gouvernement chinois tient pour responsables d’attentats perpétrés en Chine en 2013 et 2014 des terroristes Ouïgours. Ayant été profondément ébranlé par ces attaques, le pays argue que la présence de ce peuple sur le territoire chinois constitue une menace à sa stabilité et prétexte ainsi lutter contre le « terrorisme ». Sous motif d’être des extrémistes violents, les Ouïgours de Chine sont donc continuellement persécutés par les autorités chinoises. Depuis 2016, des centaines de milliers de personnes sont arrêtées et détenues dans des camps de rééducation où elles subissent viols, tortures physiques, stérilisation forcée, travail forcé et avortements. 

D’un point de vue politique, l’histoire du parti dirigeant de la Chine, le Parti Communiste Chinois (PCC), est particulièrement complexe. Régnant depuis plus de 70 ans, il s’emploie activement à homogénéiser le pays et à éliminer les pratiques culturelles et religieuses des peuples qu’il considère comme dissidents et ne se conformant pas à ses idéaux ; le but étant d’unifier l’entièreté du pays sous l’égide du PCC. Ainsi les populations musulmanes, incluant les Ouïgours mais aussi les Kazakhs, les Kirghizes, les Ouzbeks et les Tadjiks, sont marginalisées à cause de leur identité.

Et le reste du monde ?

C’est une répression menée dans le silence, sanglante et perpétuelle comme il y en a rarement eu depuis la Shoah qui se déroule en Chine. Ni condamnés, ni tolérés, ces crimes se situent dans un entre-deux, un espace flottant où aucune mesure radicale visant à faire cesser la situation n’a jamais été prise. Cette oppression du peuple Ouïgour a choqué l’opinion publique, qui s’est mobilisée pour faire cesser cette tuerie et condamner le gouvernement chinois qui agit en toute impunité.

En effet, de nombreuses marques très populaires (Puma, H&M, Adidas, CK..) ont accepté de cesser toute collaboration avec leurs fournisseurs chinois qui exploitent une main d’oeuvre Ouïgour ; puis vient finalement cette reconnaissance par l’Assemblée Nationale qui pourrait donner un nouveau souffle au combat. Les quelques victoires gagnées par ces mobilisations de masse ont apporté l’espoir de faire condamner un crime contre l’humanité.

Malgré ces protestations, le gouvernement chinois réfute cependant toujours une quelconque violation des droits humains. 

L’extermination systématique de ce peuple est-elle, comme le prétend le gouvernement chinois, un moyen de maintenir la paix sur le territoire, ou bien prend-elle part dans une vaste guerre de conquête d’un territoire autonome qui décrédibilise la souveraineté de la Chine ? Jusqu’où le gouvernement chinois pourra-t-il alors aller avant d’être condamné pour ses crimes ? Ce qui est certain, c’est que les dirigeants de ce monde ne semblent pas encore tout à fait prêts à révoquer sa liberté d’anéantir toute une ethnie. 

À voir aussi:

Enquête d’Amnesty International: https://www.amnesty.fr/discriminations/actualites/ouighours-kazakhs-minorites-musulmanes-victimes-crimes-humanite

Interview d’un ex-policer chinois sur les camps d’internement: https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/torture-contre-les-ouighours-on-les-battait-jusqua-ce-quils-soient-meurtris-et-gonfles-20211006_LYEBEL7QTNEARPH5QNWKAVUA4E/

Crédit de la photo: Emrah Gurel/AP/SIPA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share