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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

La question de l’hyperviolence dans la jeunesse française

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La mort de Matisse à Châteauroux, celle de Shamseddine à Viry-Châtillon, l’agression brutale de Samara devant son collège à Montpellier… Ces derniers temps, les faits de violence commis par des jeunes sur des pairs se multiplient.

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Collage en rapport avec l'affaire Shaïna vu dans les rues de Rennes (35). Shaïna avait été poignardée et brulée vive à l'âge de 15 ans, par des jeunes de son âge. Crédits: Camille Fontaine
Collage en rapport avec l'affaire Shaïna vu dans les rues de Rennes (35). Shaïna avait été poignardée et brulée vive à l'âge de 15 ans, par des jeunes de son âge. Crédits: Camille Fontaine

Lors de sa prise de parole le 18 avril dernier, le Premier ministre Gabriel Attal évoque en réaction « l’addiction d’une partie de nos adolescents à la violence ».

« Il y a deux fois plus d’adolescents impliqués pour coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue et sept fois plus que pour les vols avec arme que dans la société en général», constate-t-il.

Mais l’observation de la violence chez les jeunes ne peut se faire sans celle de la violence dans la société en général. 

« Certains évènements comme le mouvement des Gilets jaunes a joué, pour moi, un rôle de désinhibiteur du recours à la violence pour exprimer des idées, un refus, une révolte. Pour les jeunes, la défiance vis-à-vis de l’autorité, des institutions, et de la police est aujourd’hui très forte », explique Olivier Galland, Directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la jeunesse, au média l’Express. Il insiste aussi sur « le rajeunissement des auteurs de violence ».

Mais d’où vient-elle et comment l’interpréter ?

«176 000 homicides commis parmi les jeunes de 15 à 29 ans chaque année dans le monde », soulignait l’organisation mondiale de la Santé fin 2023.

Ce phénomène que les autorités peinent à contrôler peut être vu comme le symptôme d’une fracture avec le reste de la société et une forme radicale de l’expression d’un mal-être latent. « Les disparités économiques exacerbent le sentiment de frustration et de désespoir chez les jeunes défavorisés, ce qui crée un environnement où la violence devient un exutoire commun » , indique ainsi l’OMS avant d’ajouter : « la prévention de la violence chez les jeunes nécessite une approche globale qui tient compte des déterminants sociaux de la violence, tels que les inégalités de revenu, l’évolution démographique et le changement social rapide ainsi que les faibles niveaux de protection sociale ».

Quelles réponses politiques à cette “hyperviolence” chez les jeunes ? 

En réponse à cette succession de faits divers, Gabriel Attal s’est exprimé et a proposé les premières idées du gouvernement pour lutter contre la violence chez les jeunes. En plus du constat fait durant son discours du 18 avril dernier, les pistes annoncées par Gabriel Attal ont déjà fait l’effet d’un tremblement de terre pour bon nombre d’oppositions et d’associations de lutte pour les droits de l’enfant. 

Tout d’abord, le nouveau locataire de Matignon se donne huit semaines à compter du discours pour lancer une grande concertation. Il souhaite “mettre tout le monde autour de la table”. Pour l’instant, les représentants de tous les partis politiques ont reçu une invitation. Les premières mesures issues de la concertation seront annoncées mi-mai. Mais le bilan final ne se fera qu’à la fin juin. C’est à ce moment que le gouvernement compte détailler son plan de “contre-attaque”.

Quelles mesures pour endiguer la montée de la violence ?

Parmi les pistes évoquées, on retiendra par exemple la responsabilisation des parents. Gabriel Attal parlait de parents “défaillants” et continuait sur le sujet des femmes seules devant élevées leurs enfants. Plus récemment, le Président de la République a notamment proposé un devoir de visite pour les pères absents, dans une interview au journal ELLE.

Il explique que les parents pourraient être soumis à des travaux d’intérêt général et souhaite aussi que des amendes soient distribuées aux parents si leurs enfants ne se présentent pas à la convocation du juge des enfants. Gabriel Attal ajoute ensuite la possibilité pour les parents de laisser les enfants au collège de 8h à 18h, car selon lui à “12 ans, on n’a rien à faire dans la rue la journée”, “la place est à l’école, à travailler et à apprendre”. L’internat pourrait aussi être une des mesures phares de ce plan. Puisqu’il séduit de moins en moins, de nombreuses places sont disponibles. 

Une classe politique plus que dubitative face à ces annonces

Que ce soit à gauche ou à droite, les premières pistes évoquées par le Premier ministre n’ont pas vraiment plu. Le président du Parti Communiste Français, Fabien Roussel, montre sa colère sur X (anciennement Twitter).

Pour les Républicains, Guilhem Carayon, porte-parole, a fustigé des “concepts fumeux qui n’aboutissent à rien de concret pour les Français”. Marine Le Pen a quant à elle dénoncé un “théâtre de com”. 

Cependant, la réaction la plus inquiétante reste celle de l’UNICEF, agence de l’ONU pour la défense des droits de l’Enfant. L’UNICEF a “exprimé sa vive préoccupation” à l’égard de mesures qui “semblent compromettre les avancées de la justice pénale des mineurs”. Gabriel Attal souhaite aussi que la justice soit plus efficace pour les enfants de plus de 13 ans et de plus de 16 ans, avec des sanctions immédiates par exemple. Cette mesure inquiète donc tout autant que le plan dans sa globalité, alors que les faits divers continuent de s’accumuler.

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