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Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

Raphaël Glucksmann, sa stratégie de communication bien rodée

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Inès Charrettour

Je m'appelle Inès Charrettour et je suis étudiante en licence d'histoire parcours science-politique à l'université de Bretagne Occidentale, à Brest. Passionnée par l'histoire, la politique et l'actualité, je souhaite poursuivre mes études en master de science politique. Bonne lecture ! :)
Raphaël Glucksmann, député européen et président du mouvement Place Publique, se démarque par les combats qu'il mène sur les réseaux sociaux. Son engagement lui a valu un succès médiatique incontestable, notamment auprès des jeunes. Comment expliquer cette prospérité et quelles sont ses limites ?

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Parlement européen à Bruxelles
Parlement européen à Bruxelles

Plusieurs états membres de l’Union Européenne, dont la France, ont refusé l’inscription d’une définition communautaire du viol dans la loi le 5 février 2024. Cette décision a été dénoncée par le député européen Raphaël Glucksmann à travers un post instagram où il écrit : “Scandale Européen : Emmanuel Macron vient de réussir à exclure la définition et la criminalisation du viol de la loi européenne sur les violences contre les femmes.” Avec plus de 800 000 abonnés, la publication de Raphaël Glucksmann a été massivement relayée, ce qui a engendré une désinformation autour du sujet mais aussi un débat autour de la stratégie de communication employée par le député européen. Pour comprendre l’enjeu lié à la diffusion d’opinions politiques sur les réseaux sociaux, CSactu à interroger Alexandre Eyries, enseignant chercheur HDR en sciences de l’information de la communication à l’Université Catholique de l’Ouest à Niort. 

Une communication maîtrisée 

“Reconnaissables par sa charte graphique jaune et ses gros titres, les posts de Raphaël Glucksmann témoignent de sa parfaite maîtrise des codes de communications sur Instagram”, souligne Alexandre Eyries. En effet, le député européen se démarque sur les réseaux sociaux comme leader d’opinion et bénéficie d’une communauté conséquente. 

Ce succès médiatique s’explique en partie par sa prise de position qui est souvent contestataire et qui l’expose comme défenseur du peuple et des minorités. Il expose sur les réseaux sociaux de nombreuses causes : l’exploitation des Ouïghours, la fast fashion, le conflit israélo-palestinien, les droits des femmes… Tant de combats qui lui permettent de se mettre sur le devant de la scène médiatique, notamment auprès des jeunes qui s’identifient dans ces contestations. 

De plus, le format de ses publications attirent les lecteurs en rendant accessibles les informations. Les textes sont courts et les mots importants sont mis en gras sur un fond jaune pour retenir l’attention. 

Les réseaux sociaux, un outil politique en vogue ? 

Les réseaux sociaux sont devenus des outils d’information et de mobilisation presque nécessaires chez les personnalités politiques bien que les interactions avec les utilisateurs restent très faibles. Il y a une forme de démagogie et d’opportunisme à être présent sur les réseaux sociaux où sont les jeunes. Cela s’explique notamment par la volonté d’attirer l’attention de la jeunesse, qui selon Alexandre Eyries “ne s’engage pas pour des candidats mais des grands thèmes. C’est une jeunesse qui ne va pas jusqu’aux urnes.” Cette volonté s’illustre donc par la présence croissante des politiciens sur les réseaux sociaux : Gabriel Attal sur Bereal, Louis Boyard sur Tik Tok… 

Raphaël Glucksmann témoigne de cette volonté d’attirer les jeunes, notamment à l’approche des prochaines élections européennes en juin 2024. Actuellement à la troisième place dans les intentions de votes, le député européen enchaîne les meetings et se montre très présent sur les réseaux sociaux. 

Alexandre Eyries explique néanmoins que “l’on remarque un décalage générationnel entre l’usage des réseaux sociaux par les jeunes et les politiciens.” Il est donc difficile d’être toujours en phase avec les outils de communication actuels. 

Une audience qui a ses limites

Plus l’audience est forte, plus la possibilité que des fake news se propagent est forte. De fait, les posts Instagram sont généralement des informations brèves avec des termes forts. Alexandre Eyries explique que les lecteurs sont attirés par ces “grosses titrailles” mais ne lisent les informations que de manière frivole, ce qui peut aboutir à une partielle voire mauvaise compréhension du sujet abordé. 

La société actuelle est organisée autour de la vitesse”, dit Alexandre Eyries. Les informations tombent à un rythme effréné et les réactions sont souvent faites à chaud car le système pousse à être en prise directe avec l’actualité. Cette tendance à l’immédiateté ne permet pas aux individus d’avoir un temps de recul critique ce qui pousse parfois à des déclarations mal formulées. 

La “culture du zapping” est aussi un facteur qui pousse à la désinformation, souligne Alexandre Eyries. Les utilisateurs ne prennent pas toujours le temps de compléter les informations qu’ils lisent avec d’autres sources, ce qui limite leurs compréhensions du sujet. 

Conséquence de la désinformation : l’exemple de la définition communautaire du viol en Europe 

Ces risques ont été mis en avant après un post de Raphaël Glucksmann sur la définition communautaire du viol. Le 6 février 2024, suite au refus d’Emmanuel Macron d’inscrire la définition du viol et des violences faites aux femmes dans la loi européenne, Raphaël Glucksmann a dénoncé ce choix sur Instagram comme étant “une honte pour notre pays, la France et une défaite pour les droits des femmes en Europe.” Cette publication a été massivement relayée mais surtout critiquée par de nombreux internautes qui dénoncent la désinformation que celle-ci engendre. 

Effectivement, cette information a été perçue par certains internautes comme remettant en cause de l’aspect criminel du viol par Emmanuel Macron, ce qui a indigné un grand nombre de personne. Sur Tiktok, de nombreux jeunes ont publié des vidéos en s’appuyant sur la publication du député européen pour dénoncer le fait que le viol ne serait plus considéré comme un crime selon E.Macron. 

Rétablir la vérité

Mais en réalité, le viol n’est pas décriminalisé, c’est la proposition d’une définition commune du viol à l’ensemble de l’Union européene qui a été refusée. De plus, si la France a refusé une définition communautaire, c’est parce que celle-ci mettait en avant l’absence de consentement de la victime. Or la France préconise une définition du viol comprenant l’usage de la force. En France, le viol est défini comme “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol”. 

Suite à cette vague de désinformation, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a souligné la responsabilité de Raphaël Glucksmann qui aurait dit “que le président Macron ne veut plus que le viol soit criminalisé”. L’élu européen s’est défendu sur X en dénonçant une “stratégie de com’ pathétique” de la part du ministre de la Justice. 

L’utilisation des réseaux sociaux comme un outil politique se présente donc aux premiers abords comme un moyen d’attirer les internautes, notamment les jeunes, et de transmettre des informations. Mais ce moyen de communication peut vite se retourner contre les élus, comme ce fut le cas avec Raphaël Glucksmann qui semble pourtant parfaitement maîtriser sa stratégie de communication.

1 comment
  1. Inès

    Il est vrai que les réseaux sociaux ont profondément influencé la politique en France en changeant la manière dont les politiciens communiquent, les électeurs s’engagent et les informations politiques sont diffusées. Cependant, cela soulève également des défis en termes de manipulation de l’information, de protection de la vie privée et de régulation des discours en ligne.

    Ton perspicace a mis en lumière l’impact profond que ces plateformes ont sur notre paysage politique contemporain.

    Ta capacité à démystifier les complexités de ce sujet crucial tout en offrant une perspective éclairée et nuancée est tout à fait juste. Tu as capturé avec clarté et précision les défis et les opportunités que représentent les réseaux sociaux pour la démocratie européenne, tout en soulignant l’importance de comprendre les dynamiques spécifiques à la France. Ton article constitue une contribution à notre compréhension collective des enjeux politiques de notre époque, et j’espère sincèrement qu’il suscitera des débats constructifs et des réflexions approfondies.

    Encore une fois, bravo pour cette remarquable pièce journalistique. Je suis convaincu que ton travail continuera à inspirer et à éclairer tes lecteurs.

    Denis TUDAL

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